jeudi 3 avril 2014

♥♥ World War Z dans l'Intégrale Z de Max Brooks

L'intégrale Z de Max Brooks, publiée chez Orbit, contient l'excellent World War Z, ainsi que le Guide de survie en territoire zombie et quatre nouvelles inédites dans l'univers de WWZ. 800 pages de bonheur.

Vous l'aurez compris, j'ai déjà lu WWZ, je me fais donc une relecture de cet indispensable, avant d'enchainer sur les textes inédits qui me font de l’œil depuis quelque temps !

La guerre des zombies a eu lieu, manquant d’éradiquer l’humanité. Le narrateur, en mission pour l’ONU, a parcouru le monde pour rencontrer, dans des cités en ruine et dans les territoires les plus inhospitaliers de la planète, les survivants de ces années apocalyptiques.

Pour moi Brooks a relancé la mode zombie, tout simplement. Et oui, avant de le lire, je ne pouvais pas me les voir en peinture !

Le récit se compose de plusieurs textes, réunis par le narrateur, un observateur de l'ONU, dix ans après la fin de la guerre. Ils sont en lien les uns avec les autres, la construction est remarquable.

Vous constaterez à la lecture qu'on est bien au-delà du roman de zombie classique. Nous allons découvrir une à une les petites histoires de la guerre zombie, véritables pièces de puzzle, qui finiront par se mettre en place et faire sens. Le zombie est un prétexte de l'auteur pour parler de notre monde actuel. Il aborde dans le désordre : le conflit israélo-palestinien, le trafic d'organes, la société de consommation, le régime en Russie, l'embargo à Cuba, la télé réalité (depuis le concept a été repris par la série anglaise Dead Set), l'apartheid... Certains textes vous retourneront le cerveau !

Pour ceux qui ont vu le film, cela n'a pas grand chose à voir. J'ai eu la chance d'assister à une rencontre avec Max Brooks aux Utopiales 2013. Répondant à une question du public, il disait avec humour que la seule chose géniale qu'avait le film de Brad Pitt, c'était son titre. Apparemment il n'a même pas été contacté pour travailler dessus. 

C'est là tout le problème d'Hollywood : Brooks imagine ses zombies lents, idiots, faibles, là où le cinéma en a fait des infectés rapides, avec quasiment une conscience de meute... Triste spectacle, bien que divertissant, mais complètement à l'opposé de la démarche initiale.

Pour aller plus loin, Max Brooks compare ses zombies au virus du SIDA. Pour lui c'est la métaphore de ce virus que l'on aurait pu arrêter avec un peu de jugeote, en écoutant les scientifiques et en évitant les préjugés. A la lumière de cette explication, j'ai relu WWZ d'un autre œil, notamment un texte dans lequel un analyste raconte avoir rédigé un rapport dans lequel les problèmes étaient étudiés et des solutions simples proposées pour éviter l'épidémie zombie, mais que ce dossier n'a jamais été lu par personne, oublié dans un coin, rangé dans un tiroir, ou tout simplement jamais pris au sérieux...

Alors j'ai lu, de ci, de là, que certains y trouvaient des longueurs. Il prend son temps, c'est clair. Tout est lié, et pour mettre en place toutes ses idées, Brooks avait besoin de place, de construire des événements cohérents, de faire le tour du monde pour faire le tour de toutes les facettes de cette "putain de guerre". Pour moi, ce fut une claque, tout bonnement. 

Un reproche tout de même : certains clichés, tant sur les américains, que sur les... français par exemple, ces poules mouillées qui ont apparemment un besoin viscéral de gagner une guerre puisqu'ils ont perdu toutes les précédentes. Heureusement le personnage français souligne que oui il y a eu une résistance pendant la Seconde Guerre Mondiale. Du coup, les clichés, sont inconscients ou alors soulignent-ils la fragilité et l'humanité des personnes interrogées ?

Je laisse le mot de la fin à l'auteur, dans sa postface :

"Je me souviens d'eux.
Décérébrés, lents, totalement inhumains.
Ils me rappelaient un film que j'avais vu récemment avec un requin géant qualifié par l'un des personnages de "machine à dévorer". Ils me rappelaient un autre film, avec un cyborg tueur "insensible à la douleur et à la pitié, impossible à arrêter" ! Ils me rappelaient un authentique fléau qui frappait le milieu socioprofessionnel de mes parents et tuait leurs amis par dizaines.
Ils incarnaient la pire épouvante qu'on puisse imaginer.
Eux, les zombies."

Pour résumer, World War Z de Max Brooks est un récit intelligent qui a relancé la mode zombie. Il est composé de fragments de la guerre racontés par des survivants, qui nous présentent l'Histoire par le petit bout de la lorgnette. On y découvre toutes les connaissances historiques et géopolitiques de l'auteur qui réussit également à connecter entre elles ses différentes œuvres dans l'univers de WWZ (Attaques répertoriées, le Guide de survie). Un incontournable.
 



10 commentaires:

  1. J'ai lu WWZ qui est un excellent roman et j'ai l'édition classique dans ma bibliothèque ainsi que le guide en version poche. J'avoue ne pas avoir eu envie de me prendre cette version pour seulement 4 nouvelles. D'ailleurs elle sont intéressantes ces nouvelles?

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    1. Réponse dimanche :p (oui elles le sont, mais de là à acheter uniquement pour ça, peut être pas. Moi je l'avais lu pour la première fois à la bib, donc je ne l'avais pas)

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  2. Faut que je le lise, ça va peut être me réconcilier avec les zombis !

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  3. Waouh, d'habitude il n'y a qu'un coeur dans le titre... je me suis dit, celui-là a mérité ta notation "42", ce que je découvre à l'instant ;) J'avais bien aimé ma lecture de WWZ, et si les grandes lignes me restent, beaucoup de détails sont passés à la trappe. Même si Brooks n'a pas été consulté pour le film, cela reste pour moi un film agréable avec quelques réussites (notamment les hordes). Je pense relire Guide de survie en territoire zombie :)

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    1. Divertissant, mais à l'opposé de la démarche initiale, donc autant faire UN film de zombie, mais qui n'a aucun besoin de s'appeler WWZ.

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  4. J’avais adoré le guide de survie, drôle au possible ! Il faut que je lise un jour World War Z.

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  5. Pour moi aussi WWZ a été une vraie claque. Je ne suis pas trop zombie mais là on sent vite que ce ne sont pas de vrais personnages, c'est plutôt un vecteur de virus, une source de crainte, une façon de mettre l'humanité face à une menace inédite à tous points de vues. Et oui, le film n'a rien à voir, d'ailleurs il ne tient pas debout d'un point de vue scénaristique à cause justement des différences avec le livre : si les hommes se transforment en zombies en quelques secondes, l'épidémie n'aurait pas pu se propager aussi rapidement dans le monde entier, vu qu'on aurait repéré les zombies avant qu'ils puissent aller bien loin !

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  6. C'est vrai que c'est un livre que j'ai adoré et en voyant ta chronique je me dis qu'il faut que je le relise... surtout si je peux trouver une version intégrale avec les nouvelles ;) Perso je n'ai trouvé aucune longueur dans le livre il faut juste suivre le rythme que l'auteur donne à ses récits et s'adapter au fait que les témoignages sont vraiment très différents aussi bien en longueur qu'en contenu... J'avais effectivement bien aimé le film et je trouve les deux assez complémentaires même si clairement, Hollywood aime prendre des libertés avec le livre. Disons que j'ai passé un bon moment avec le film et un excellent avec le livre ;)

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    1. ça vient peut-être aussi du fait que tu as lu le livre ensuite ! Souvent à l'inverse on est déçu car on a de grandes attentes envers l'adaptation :p

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    2. Oui je pense que c'est tout à fait ça !

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