mercredi 26 novembre 2014

↓ La Légende des Niveaux Fermés de Gilles Thomas

La Légende des niveaux fermés est un court roman de SF de Gilles Thomas, pseudonyme de Julia Verlanger. D'abord publié chez le Fleuve Noir en 1978, il a été repris dans la belle collection des Trésors de la SF de Bragelonne en 2010, dans le recueil Les Parias de l'impossible (le cinquième volume de l'intégrale de l'auteure).

L'homme qui se trouvait devant moi avait commis une faute grave, il avait été jugé et condamné au Rejet. À présent, la Matriarchie le recrachait comme un corps étranger. Il n'avait plus sa place nulle part. Ni droit à la moindre parcelle de nourriture. La fente buccale de son masque existait pour lui permettre de boire, afin qu'il ne meure pas trop vite. Le masque soudé à sa tête le désignait à tous comme un coupable. Quiconque le découvrait devait frapper la tête en hurlant : ``Rejeté ! Rejeté !'' pour que d'autres prennent part à la curée. Le condamné vivrait ses derniers jours dans une fuite perpétuelle, refusé partout, ne pouvant espérer nul repos, jusqu'à ce que l'épuisement l’empêche de courir une fois encore...

Dès le début de ma lecture, je me suis trouvée face à un récit interpelant. En effet, dans ce roman, Julia Verlanger imagine un monde clos dans lequel une société matriarcale s'est installée. Les femmes sont toutes puissantes et les hommes réduits en esclavage, notamment sexuel. Certains qui leur déplaisent sont bannis, totalement nus, et portent un masque qu'ils ne peuvent retirer, même pour essayer de se nourrir. Puis un jour les graines de la révolte vont germer dans l'esprit d'un jeune jardinier indigné par le sort d'un Rejeté. Il va vouloir s'enfuir avec lui et remonter le monde pour atteindre les Niveaux Fermés, où selon la légende, les hommes vivraient libres.

L'intrigue est classique. La Légende des Niveaux Fermés est un post-apo d'enfermement, dont la conclusion se devine assez facilement. C'est court, moins de 200 pages.

L'intérêt (ou l'inintérêt) de ce roman réside dans l'échange extrême des rôles hommes-femmes. Les femmes sont les oppresseurs, tandis que les hommes réduits en esclavage, ne peuvent que se soumettre. Bon. On peut éventuellement bien le prendre. C'est écrit par une femme, qui donc ne cherche pas à prouver que les hommes sont opprimés dans notre monde, ce n'est pas du premier degré. C'est un échange des rôles, mode "mets toi à ma place" (extrême de mon point de vue, même si dans certains pays de nos jours, c'est tout à fait ça, mais à l'inverse. Enfin vous avez compris).

Ce qui n'empêche pas tout cela d'être très gênant. Mon féminisme à moi, c'est l'anti-sexisme, c'est l'égalité. C'était peut-être aussi celui de Julia Verlanger, car elle fait un peu passer ce message à travers un personnage (malheureusement très secondaire) prônant l'équilibre : Josep l'artiste musicien. Seulement, le narrateur, Gerd, est lui un révolté. Pris de force par des femmes dans son ancienne vie, il n'hésite pas à faire de même avec une femme faite prisonnière sur la route. Julia Verlanger voulait-elle exprimer par là que finalement les hommes et les femmes sont aussi cons les uns que les autres ? Franchement j'aurais tendance à le penser vu la suite de la relation entre les deux personnages. SPOILER. Incroyablement, elle finit par se réconcilier avec lui, le pardonner et coucher avec. Allez hop, tu m'as enlevée, tabassée, violée, mais youpi c'est parti vivons le grand amour ! NON MAIS WTF !!!! Alors là désolée mais je ne cautionne pas, et j'ai vomi.

Pour résumer, La Légende des Niveaux Fermés de Gilles Thomas, alias Julia Verlanger est un post-apo classique dans sa construction. Une poignée d'hommes et de femmes remontent au péril de leur vie les niveaux d'un bâtiment à la recherche de Niveaux Fermés légendaires où ils vivraient libres. Cependant, ce roman est à prendre avec des pincettes et m'a réellement dérangée dans son traitement des relations entre hommes et femmes. S'il y avait un message, il passe très mal. 

Ce livre n'a pas de note.

http://unpapillondanslalune.blogspot.fr/2014/03/challenge-sfff-au-feminin-comment-y.html
Lecture n°18 dans le cadre
du challenge SFFF au féminin
Elle me fait mal au cul celle-là !

La Légende des Niveaux Fermés
de Gilles Thomas / Julia Verlanger
Fleuve Noir / Bragelonne - 1978 / 2010
192 pages
Trouvable en occasion, toutes versions épuisées
(mais ne vous donnez pas ce mal)

2 commentaires:

  1. à l’occasion, c'est une lecture qui m’intéresserait. Je comprends tout à fait ton WTF.

    Non vraiment, il y a des féminismes qui pensent que la femme est supérieur à l'homme ?
    Non la-dessus, je suis bien d'accord avec toi, égalité. Et qu'on vienne surtout pas me baratiner avec l’instinct nourricier et l'instinct protecteur, fuck !

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    1. C'est pas tant que certaines pensent être supérieures à l'homme, mais qu'elles pensent que les hommes ont déjà des droits, dont certains abusent, et que contrairement aux femmes ils n'ont pas besoin qu'on les défende.
      Moi je suis pour défendre les droits de tous les êtres humains sans distinction de sexe.

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