Je chante le corps électrique est un recueil de Ray Bradbury publié en Présence du futur chez Denoël (plusieurs publications entre 1970 et 1986), que j'ai chroniqué pour le n°72 de Bifrost consacré à l'auteur. Un an après, je peux rapatrier cette chronique sur le blog !
Titre tiré d’un vers de
Walt Whitman, Je chante le corps électrique est un recueil hétéroclite, tant au niveau des genres
qu’il propose que dans ses thèmes. Et pour cause, puisqu’il est
constitué de nouvelles écrites entre 1948 et 1969, pour certaines
inédites, ou publiées dans des revues aussi diverses que Playboy, Famous Fantastic Mysteries, Super Science Stories ou encore Life.
L’auteur a affirmé qu’il n’écrivait pas de science-fiction (à part son roman dystopique Fahrenheit 451). Ce recueil est pourtant la preuve qu’il a consacré un bon nombre de textes courts au genre. Les deux exemples les plus flagrants sont les nouvelles « Je chante le corps électrique » et « L’Enfant de demain ». Dans cette dernière, il imagine qu’un bébé est né dans une autre dimension à cause d’une machine à accoucher défectueuse (méfiance récurrente dans ses écrits à propos de la technologie) et est perceptible dans la nôtre uniquement sous la forme d’une pyramide bleue. A travers la nouvelle « Je chante le corps électrique », Bradbury délivre d’ailleurs un message central dans son œuvre, et pour une fois d’une manière presque positive : le progrès technologique ne peut être bénéfique à l’humanité que s’il est bien employé. C’est le cas dans cette histoire de perte irréparable : une mère décède, laissant derrière elle son mari et ses trois enfants. Ils décident d’acquérir une grand-mère électronique qui adoucira leur vie. Ce texte a fait l’objet d’une adaptation dans la série La Quatrième Dimension.
L’auteur a affirmé qu’il n’écrivait pas de science-fiction (à part son roman dystopique Fahrenheit 451). Ce recueil est pourtant la preuve qu’il a consacré un bon nombre de textes courts au genre. Les deux exemples les plus flagrants sont les nouvelles « Je chante le corps électrique » et « L’Enfant de demain ». Dans cette dernière, il imagine qu’un bébé est né dans une autre dimension à cause d’une machine à accoucher défectueuse (méfiance récurrente dans ses écrits à propos de la technologie) et est perceptible dans la nôtre uniquement sous la forme d’une pyramide bleue. A travers la nouvelle « Je chante le corps électrique », Bradbury délivre d’ailleurs un message central dans son œuvre, et pour une fois d’une manière presque positive : le progrès technologique ne peut être bénéfique à l’humanité que s’il est bien employé. C’est le cas dans cette histoire de perte irréparable : une mère décède, laissant derrière elle son mari et ses trois enfants. Ils décident d’acquérir une grand-mère électronique qui adoucira leur vie. Ce texte a fait l’objet d’une adaptation dans la série La Quatrième Dimension.
Généralement, quand l’auteur écrit sur la technologie, ses récits se révèlent très pessimistes. Dans « A la recherche de la cité perdue », des hommes se retrouvent à la merci d’une ville martienne ultratechnologique abandonnée. Ses concepteurs ont été trop loin et semblent avoir été dépassés par leur création.
A côté de ces mauvais choix technologiques, le quotidien et l’humain
restent deux des sources d’inspiration les plus fortes chez Bradbury :
il conte la fin d’une petite ville, privée de ses commerces à cause de
la construction d’une autoroute quelques centaines de mètres plus loin
dans « Oui, nous nous rassemblerons au bord du fleuve », le road-trip
d’une famille dans l’Amérique en récession de 1932 dans « La Prophétesse
de basse-cour ». C’est un recueil un peu fourre-tout dans lequel
l’auteur nous parle aussi du rapport de l’écrivain à ses lecteurs grâce à
sa nouvelle « Retour au Kilimandjaro » sur Hemingway, d’une Angleterre
désertée par ses habitants à cause d’un climat trop dur dans l’absurde «
Henri IX », d’un automate plus vrai (et surtout plus mort) que nature
dans « La Seconde mort d’Abraham Lincoln », du mythe de la sirène dans «
Femmes », de son attachement à Mars dans deux textes. Il aborde aussi
un sujet rare dans ses récits : l’homosexualité, dans la nouvelle « Du
Printemps dans l’air », et ce d’une manière très tolérante… Bradbury
passe d’un thème à l’autre, comme d’un genre à l’autre, avec une
facilité déconcertante.
Pour résumer, Je chante le corps électrique de Ray Bradbury s’avère un
recueil foisonnant. Il contient à la fois des textes incontournables,
essentiellement dans le registre de la SF, et d’autres moins marquants,
mais la qualité d’écriture, l’imagination et la poésie sont toujours au
rendez-vous.
Je chante le corps électrique
de Ray Bradbury
Denoël Présence du futur - 1970 / 1986
356 pages
Traduit de l'américain par Jane Fillion
Indisponible (sauf en occasion !)
Titre original : I sing the body electric ! - 1969
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