Europole : Guide de résistance dans la titanopole rétrofuturiste de Jérôme Noirez, Raphaël Bardas, Arnaud Cuidet, Damien Desnous, Raphaël Granier de Cassagnac, Vincent Kaufmann, Maël Le Mée, Jean-Baptiste Lullien, Tristan Lhomme, Willem Peerbolte et Frédéric Weil (collectif on vous dit !!), et illustré par Aurélien Police, est un beau livre publié chez Mnémos dans la superbe collection Ourobores (qui compte également Un An dans les airs), une uchronie lisible sans connaître le jeu de rôle qui l'inspire, nommé Rétrofutur (moi-même je ne joue pas et je n'y connais rien !)
La titanopole européenne : une immense ville de béton, de verre,
d’usines et de technopoles puants, d’autoroutes géantes, de voitures
métallisées volantes mais aussi de taudis, de vieilles demeures
abandonnées et hantées. Europole couvre une bonne partie du Vieux
Continent où les stations de métro sont Paris, Berlin ou Rome, où le
photofluide transmet les images des morts à leurs proches et où des
résistants, conduit par Jean Moulin, essayent de recouvrer un peu de
liberté même si cela passe par des actions terroristes.
Je dois avouer que la première fois que j'ai vu Europole, l'objet-livre, j'ai eu deux réactions : d'une part je l'ai trouvé superbe (Aurélien Police, je vous fais pas un dessin mouhahaha), d'autre part j'ai eu l'impression que c'était fouillis et surchargé au niveau de la mise en page.
J'ai quand même décidé de passer outre ma seconde première impression (si vous suivez) et de le lire. Et finalement, la mise en page se justifie complètement. C'est un guide de résistance, autrement dit, la mise en page imite un dossier constitué de plusieurs parties et par plusieurs personnages qui tentent de structurer et de donner de nouveaux moyens à la résistance (comme l'expression par l'Art, ou encore les contacts avec les Non-A aux pouvoirs paranormaux, ou les terroristes...) C'est tout à fait lisible une fois plongé dedans, mais attention, il n'y a aucun numéro de page !
Les auteurs ont fait preuve à la fois d'une grande inventivité, et d'une capacité à intégrer des références historiques, littéraires (fantastiques, SF, ou pas) à l'univers d'Europole. La plus évidente est celle à Kafka, tant cette société ultra-administrée cauchemardesque n'a aucun sens ! (Une pensée pour Les Douze travaux d'Astérix, à la recherche du laissez-passer A-38)
Cette uchronie atypique se déroule dans les "Twisted 50's" et repose sur le mythe du Contact avec les Étrangers (extraterrestres ?) qui ont apporté une technologie étonnante à la Terre et entrainé la bifurcation de l'Histoire en 1860.
On passe de l'humour (conseils de lecture par les Agences par exemple, ou encore l'affiche de l'organisation des JO inter-agences avec le relais 4 fois apposition de tampon) à l'invraisemblable, en passant par l'horreur (me reste une image d'une scène où un "artiste" tire sur des corps suspendus pour peindre sa toile posée par terre) et le parfaitement glauque (une résistante peut faire transiter des messages en les passant par une plaie béante dans son ventre), d'ailleurs la plupart des textes des derniers jours du colloque final m'a fait penser à Féerie pour les Ténèbres dans la partie qui reste ma préférée : Le Paranormal.
Dans ce livre, on trouve aussi des bombes à probabilité (qui là où elles explosent font arriver tous les accidents qui avait la probabilité de se produire), de la propagande des agences diverses comme celle de L'Hygiène mentale, de l'Attribution du Matériel Bureaucratique, de l'Exploration Spatio-Temporelle...
Côté référence, je vous parlerai de l'effet Ubik permet aux Paranormaux de projeter leurs hallucinations dans la réalité, vous aurez reconnu l’œuvre de P.K. Dick qui a mon avis est, avec Kafka, l'auteur qui colle le plus à cet univers étrange qui se délite. On pensera aussi à 1984 d'Orwell. Avec un petit côté Fringe de la bonne époque.
Je termine sur le magnifique travail d'Aurélien Police, un illustrateur dont le talent ne se dément pas. Il a su mettre en image l'univers rétrofutur, un peu steampunk, et surtout inquiétant d'Europole avec des publicités, des extraits de journaux et de magazines, des tracts, des portraits, des cartes... Il en parle mieux que moi dans cet interview sur ActuSF.
Pour résumer, Europole de Jérôme Noirez (et collectif, cf. début de la chronique) et Aurélien Police est un beau livre de la collection Ourobores de Mnémos. Plus que cela, c'est un ouvrage intelligent, qui sait faire rire mais aussi inquiéter. Des nombreuses références qu'il contient, je retiens celles à Kafka et Dick, particulièrement en phase avec ces Twisted 50's. Surtout ne vous arrêtez pas à l'impression de fouillis que l'on peut avoir en le feuilletant, ce bouquin vaut le coup d'être découvert, et je pense, mérite une ou plusieurs relectures. Je vous le conseille, même si à mon avis, il est à réserver aux lecteurs du genre qui prendront leur pied.
"Les agences se sont propagées comme un virus. Elles ont utilisé les structures politiques, industrielles, financières du vieux monde pour se reproduire. A l'abri de leurs capsides administratives, elles n'ont pas d'autre but que la duplication à l'infini...
Le monde a besoin d'un vaccin. Et ce vaccin s'appelle Résistance."
Le monde a besoin d'un vaccin. Et ce vaccin s'appelle Résistance."
Les auteurs ont fait preuve à la fois d'une grande inventivité, et d'une capacité à intégrer des références historiques, littéraires (fantastiques, SF, ou pas) à l'univers d'Europole. La plus évidente est celle à Kafka, tant cette société ultra-administrée cauchemardesque n'a aucun sens ! (Une pensée pour Les Douze travaux d'Astérix, à la recherche du laissez-passer A-38)
Cette uchronie atypique se déroule dans les "Twisted 50's" et repose sur le mythe du Contact avec les Étrangers (extraterrestres ?) qui ont apporté une technologie étonnante à la Terre et entrainé la bifurcation de l'Histoire en 1860.
On passe de l'humour (conseils de lecture par les Agences par exemple, ou encore l'affiche de l'organisation des JO inter-agences avec le relais 4 fois apposition de tampon) à l'invraisemblable, en passant par l'horreur (me reste une image d'une scène où un "artiste" tire sur des corps suspendus pour peindre sa toile posée par terre) et le parfaitement glauque (une résistante peut faire transiter des messages en les passant par une plaie béante dans son ventre), d'ailleurs la plupart des textes des derniers jours du colloque final m'a fait penser à Féerie pour les Ténèbres dans la partie qui reste ma préférée : Le Paranormal.
Dans ce livre, on trouve aussi des bombes à probabilité (qui là où elles explosent font arriver tous les accidents qui avait la probabilité de se produire), de la propagande des agences diverses comme celle de L'Hygiène mentale, de l'Attribution du Matériel Bureaucratique, de l'Exploration Spatio-Temporelle...
Côté référence, je vous parlerai de l'effet Ubik permet aux Paranormaux de projeter leurs hallucinations dans la réalité, vous aurez reconnu l’œuvre de P.K. Dick qui a mon avis est, avec Kafka, l'auteur qui colle le plus à cet univers étrange qui se délite. On pensera aussi à 1984 d'Orwell. Avec un petit côté Fringe de la bonne époque.
Je termine sur le magnifique travail d'Aurélien Police, un illustrateur dont le talent ne se dément pas. Il a su mettre en image l'univers rétrofutur, un peu steampunk, et surtout inquiétant d'Europole avec des publicités, des extraits de journaux et de magazines, des tracts, des portraits, des cartes... Il en parle mieux que moi dans cet interview sur ActuSF.
Pour résumer, Europole de Jérôme Noirez (et collectif, cf. début de la chronique) et Aurélien Police est un beau livre de la collection Ourobores de Mnémos. Plus que cela, c'est un ouvrage intelligent, qui sait faire rire mais aussi inquiéter. Des nombreuses références qu'il contient, je retiens celles à Kafka et Dick, particulièrement en phase avec ces Twisted 50's. Surtout ne vous arrêtez pas à l'impression de fouillis que l'on peut avoir en le feuilletant, ce bouquin vaut le coup d'être découvert, et je pense, mérite une ou plusieurs relectures. Je vous le conseille, même si à mon avis, il est à réserver aux lecteurs du genre qui prendront leur pied.
L'avis de Cachou
Acheté mais pas encore lu. Le côté fouillis m'a attiré justement, ça donne un côté vivant à l'univers.
RépondreSupprimerTu vois, ça me faisait peur, à tort !
RépondreSupprimerChère Lune,
RépondreSupprimerJe pense être bientôt dans l'obligation de ne plus suivre ton blog. J'ai noté que tu avais un effet dévastateur sur mon compte en banque, car à cause de tes recommandations je suis prise de fièvre acheteuse.
N'y vois là rien de personnel, j'ai juste deux enfants à charge à nourrir, même à la fin du mois !
Bien à toi,
Chani
Chère Chani,
RépondreSupprimerTu m'en vois désolée. En effet, je suis dans la même situation que toi je peux donc te comprendre.
Cependant qu'est-ce qu'une vie sans passion, sans excès, sans envie ?
Reste encore un peu,
Déconne pas,
Sincèrement,
Lune
Beaucoup aimé également. J'ai pris un peu peur au début, c'est assez dense, mais comme tu l'as dit, ça se lit assez bien ^_^.
RépondreSupprimerArgh, encore un bel article sur ce (magnifique livre), je sens que je vais craquer :D En plus, j’adore les univers fouillis...
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