jeudi 8 juillet 2021

Dans les profondeurs du temps d'Adrian Tchaikovsky

Dans les profondeurs du temps est la suite de Dans la toile du temps d'Adrian Tchaikovsky. Ce space-opera est paru chez Denoël dans la collection Lunes d'encre.

Il y a plusieurs milliers d’années, la Terre a envoyé de nombreuses équipes dans l’espace en vue de terraformer de nouveaux mondes et de donner un futur à l’humanité.
Arrivés à proximité d’une de ces planètes, les scientifiques à bord du vaisseau de terraformation baptisé l’Égéen découvrent, contre toute attente, qu’elle abrite déjà une forme de vie. Vont-ils surseoir à l’exécution de leur mission ou, envers et contre tout, rendre la planète habitable pour l’homme alors que la Terre n’a plus donné signe de vie depuis bien longtemps ?
L’un d’entre eux, Disra Senkovi, est convaincu que des poulpes qu’il a élevés à la conscience pourront les aider à accomplir leur tâche au mieux. Et peu importent les conséquences.

Un mot sur la  couverture d'Alain Brion, qui illustre un moment (ou un lieu) du roman et que l'on ne comprend qu'une fois qu'on a lu le passage.Très réussi.

👉 J'avais adoré Dans la toile du temps, un superbe roman sur l'évolution et la communication inter et intra-espèces. Il se suffisait à lui-même, mais je dois avouer que Dans les profondeurs du temps amène une nouvelle dimension à l'histoire, même si je l'ai trouvé un poil trop long (d'un tiers je dirais).

Deux intrigues se relaient dans ce space-opera intelligent. Au passé et au présent, nous suivons des personnages bien différents.

Attention au spoil, si vous n'avez pas lu le tome 1, arrêtez-vous maintenant, car Dans les profondeurs du temps prend la suite de Dans la toile du temps. Cependant je pense qu'il est possible de le lire indépendamment (mais ce serait dommage).

Nous retrouvons donc avec plaisir les portidés et les humains. Ils ont appris à communiquer, imparfaitement. Deux scientifiques humains, Héléna et Meshner, travaillent chacun avec un portidé, Portia pour la première et Fabian pour le second. Ils sont embarqués à bord du Pied léger, un vaisseau commandé par une IA issue d'Avrana Kern, une humaine qui a inventé et rendu possible la terraformation grâce à un virus qui permet de faire évoluer les espèces à vitesse grand V. Les binômes travaillent chacun sur un moyen de communication humain/portidé différent : Héléna sur un gant intelligent, Meshner sur un implant.

De l'autre côté de l'intrigue, on rencontre l'équipage du vaisseau L’Égéen. Des humains, dont Senkovi, un passionné du monde marin, et notamment de poulpes, dont il s'occupe à la fois avec passion et un certain virus qu'il dose soigneusement pour essayer de les élever à la conscience. Baltiel, son capitaine, ainsi que ses collègues, le prennent pour un gars perché (ce qu'il est sûrement) quand il décide d'essayer de rendre habitable une planète entièrement recouverte d'eau,  avec l'aide de ses poulpes. Baltiel et les autres, eux, après une nouvelle catastrophique, vont prendre la décision de terraformer une autre planète, en apparence peuplée d'êtres pacifiques et peu évolués comme des tortues par exemple. Évidemment, ça va se compliquer !

Que dire ? J'ai trouvé ce roman à la fois fascinant et longuet.

Fascinant :

L'intrigue est solide. Les bases scientifiques le sont également, pour autant que puisse en juger une non-scientifique fan de SF.

On trouve dans ce bouquin un morceau d'horreur d'anthologie, une possession parasitaire (Ceux-ci-de-Nous haaaaaaa !) une bonne flippe, extrêmement bien menée.


L'auteur nous reparle de la relation aux autres espèces, de la tentative de compréhension de l'altérité et de l'incommunication ou des difficultés, mais aussi parfois de la satisfaction qui en découlent.

La place des femmes en sciences est traitée au travers de Fabian, le mâle portidé. Dans la société portidée, les mâles sont une métaphore de la façon dont sont traitées les femmes dans la nôtre.

Les poulpes sont un peuple fascinant, dans leur mode de fonctionnement, de réflexion, de communication et d'action. Et aussi leur histoire, avec un grand H. Super réussi !

Je cite Gromovar qui a adoré "Que fait Kern si ce n'est agir en parasite comme le croquemitaine lui-même ? Que fait Fabian si ce n'est reproduire envers son acolyte Humain l'attitude de supériorité dont font montre les femelles à son endroit ? Que font les poulpes si ce n'est vérifier l'hypothèse malthusienne comme les humains le firent sur leur monde d'origine ? Que veut le croquemitaine si ce n'est explorer, comme Humains et Araignées, et transformer pour rendre semblable, comme voulurent le faire Avrana et sa faction ? On pourrait continuer, c'est là aussi très bien fait et décrit. Finalement, c'est la vie qui veut et fait, quelque forme qu'elle prenne."

Longuet :

Le roman est un peu long au démarrage. Je n'ai perçu un réel enjeu qu'à partir du début du second tiers. Puis je l'ai reperdu un moment, et il est revenu. Un peu genre "ah ça y est c'est là.. Ah non. Ah c'est parti. Ah pas sûr..."

Le ton est souvent très froid, clinique, l'auteur utilise des phrases au présent, très courtes. Pas fan fan. Je ne me rappelle pas si ce ton était déjà employé dans le tome 1.

Pour moi, ce livre a bien 150 pages de trop au compteur, mais Tchaikovsky aime expliquer, décortiquer les actions de ses personnages et leurs motivations. Et comme on a ici de nombreuses espèces différentes, pour autant de façons de communiquer, ça prend du temps ! Et donc ça peut vous plaire, je crois que pour moi, ce n'était tout simplement pas le moment.

👉 Je le redis donc, j'avais adoré Dans la toile du temps, un superbe roman sur l'évolution et la communication inter et intra-espèces. Il se suffisait à lui-même, mais je dois avouer que Dans les profondeurs du temps amène une nouvelle dimension à l'histoire. C'est un récit très riche (trop ?) et je l'ai trouvé un poil trop long (d'un tiers je dirais) et légèrement clinique. Mais c'est bien quand même, parce que c'est très intelligent. C'est ce qu'on appelle une chronique de normande je crois.

D'autres avis : Gromovar, Xapur, Feydrautha



Dans les profondeurs du temps
d'Adrian Tchaikovsky
Denoël - Lunes d'encre - Juin 2021
576 pages
Traduit par Henry-Luc Planchat
Illustration de couverture d'Alain Brion
Papier : 24€ / Numérique : 16,99€
Titre original : Children of ruin - 2019

8 commentaires:

  1. Réponses
    1. Je t'ai clairement cannibalisé :') mais tu écris tellement bien

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  2. Une bretonne qui fait une chronique de normande, où va le monde, ma bonne dame ?

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  3. Le premeir tome contenait aussi quelques longueurs, ce qui ne l'empêchait pas d'être une révélation. Je prends le 2° tome avec ces longueurs vu ce que tu en dis, et l'aspect toujours aussi fascinant que tu décris.

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  4. Ca ne m'encourage pas trop... j'aime pas les longueurs trop longues!

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