jeudi 9 janvier 2020

♥ La Mort immortelle de Liu Cixin

"Tout a une fin. Seule la mort est immortelle."

La Mort immortelle est dernier tome de la vertigineuse trilogie de Liu Cixin publiée chez Actes Sud dans la collection Exofictions. Attendez-vous à ce que j'utilise les mots "vertigineux", "ambitieux"ou encore "sense of wonder" !

Pour ceux qui n'ont pas lu les tomes précédents, épargnez-vous les spoilers et dirigez-vous vers mes chroniques des tomes 1 et 2.

Un demi-siècle après l’Ultime Bataille, l’équilibre précaire dû à la dissuasion de la forêt sombre continue de maintenir les envahisseurs trisolariens à distance. La Terre jouit d’une prospérité sans précédent grâce au transfert des connaissances et des technologies trisolariennes. La science humaine connaît des progrès pour ainsi dire quotidiens, les Trisolariens découvrent avec fascination la culture humaine et l’espoir grandit que les deux civilisations puissent bientôt coexister pacifiquement sans la terrible menace d’une annihilation réciproque. Mais lorsqu’une ingénieure en aéronautique originaire du début du xxie siècle sort de son hibernation, elle réveille avec elle le souvenir d’un programme qui menace cet équilibre. Bientôt, l’humanité aura à faire un choix : partir à la conquête d’autres univers ou mourir dans son berceau.

Wahou wahou wahou !

Encore une fois, Liu Cixin m'a happée dans ce qui apparaît pour moi comme le meilleur tome de la trilogie. Après un Problème à trois corps excellent mais très très introductif, puis une Forêt sombre à la première partie un peu poussive (suivi par une seconde moitié incroyable !!), voici donc La Mort immortelle, conclusion remarquable toute en démesure à ce cycle ultra-ambitieux.

UNE ŒUVRE IMPARFAITE...

Pour commencer, je vais évacuer les défauts de ce roman, qui sont nombreux et certains. Ce n'est pas une œuvre parfaite, loin de là. 

D'abord, Liu Cixin est sexiste et sa représentation des femmes et de la féminité reste la douceur, l'amour, le partage, la beauté etc. Après la femme de Luo Ji dans La Forêt sombre (je ne sais même plus son nom, et leur fille elle n'en avait même pas !) qui n'a été qu'une muse utilisée par le colmateur, voici Cheng Xin. Vous me direz, celle-ci est le personnage principal, tout de même. Oui mais, elle représente encore une fois la délicatesse, l'affection, le pardon et est la coupable de tout (coucou Eve !) L'ouvrage est paternaliste, et il est déplaisant de lire qu'un monde "féminisé" serait incapable de se défendre.

La Mort immortelle manque aussi d'une dimension écologique, jamais abordée. Pourtant, ce roman a été écrit en 2010, ce n'est pas si lointain ! L'auteur n'a pas vraiment été clairvoyant sur ce sujet, annonçant même "que la plupart auraient répondu qu'en quatre siècles la Terre aurait eu le temps de devenir paradisiaque."

Et puis évidemment, je suppose que d'un point de vue scientifique, l'auteur se fait plaisir, mais je ne suis pas spécialiste ! 

Enfin, Liu Cixin aime expliquer : moi, ça m'a plu, mais ça peut paraître trèèèèèès lent à certains lecteurs.

... MAIS UNE ŒUVRE VERTIGINEUSE !

Pour autant, malgré tous ses défauts, La Mort immortelle est un des romans les plus enthousiasmants et démesurés que j'aie lu dernièrement. 

Dès le début du roman, on apprend qu'en parallèle du projet Colmateurs, le projet Escalier a existé. Il consistait à envoyer quelque chose ou quelqu'un à la rencontre de la première flotte Trisolarienne. Vite abandonné (ou pas), il est aussi vite oublié.

L'hibernation a été inventée et est une sorte de voyage dans le temps depuis le second tome. Elle permet à l'auteur des ellipses bienvenues qui dynamisent l'intrigue et la déroulent sur un temps bien plus long qu'on ne s'y attendait. Par bond, on découvre peu à peu le sort de l'humanité. De crise en amélioration puis en crise, de pari fou en découverte technologique, le lecteur avance accompagné de Cheng Xin dans une œuvre ambitieuse, avec pour ma part un plaisir addictif et tout en tension !

Je dois dire que les tomes 2 et 3 fonctionnent très bien ensemble. Ils se répondent et depuis la révélation de l'existence de la forêt sombre (je le rappelle : les mondes habités atteignant une technologie trop avancée sont détruits par d'autres, en prévention, voilà qui résout le Paradoxe de Fermi), l'univers n'a plus du tout le même visage. Liu Cixin est pessimiste, son livre est pessimiste, et pourtant ce fut un réel bonheur de lecture.

La nuit étoilée de Van Gogh
La Mort immortelle de Liu Cixin fait partie de ces œuvres "mindblowing" malgré ses nombreux défauts. Actes Sud a déniché une perle et ce fut pour moi une lecture épique bourrée de sense of wonder. Juste quand on croit que le livre ne peut être plus incroyable, l'auteur en rajoute une couche en terme de démesure, pour le plus grand plaisir du lecteur ébahi ! On notera l'hommage à 2001 l'odyssée de l'espace au passage. Je m'en vais maintenant lire Terre errante, la novella de jeunesse de l'auteur, qui paraitra mi-janvier.

Ils l'ont lu : Le Chien, Chut Maman lit, Anudar

La Mort immortelle
de Liu Cixin
Actes Sud - Exofictions - 2018
816 pages
Traduit du chinois par Gwennaël Gaffric
Papier GF : 26€ / Numérique : 19,99€
Titre original : Sishén yongsheng - 2010

10 commentaires:

  1. Dire que je n'ai toujours pas attaqué le tome 2...

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    1. Haaa il va falloir, c'est si bien ! Un peu lent sur le début du second tome, mais une fois lancé, wahou !

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  2. J'ai lu les trois tomes d'affilée, tout est dit.
    Et ce final...

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    1. J'ai lu le premier à sa sortie, du coup j'ai traîné quand le 2 est arrivé, ma hype était retombée. Mais après avoir enfin lu le second je ne pouvais plus m'arrêter ! C'est unbelievable !

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    2. Et à mon avis c’est mieux d’enchainer les tome 2 et 3. Un an entre mes deux lectures et j’ai eu du mal à reprendre le cours du recit...

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    3. Complètement je comprends! Au final je suis contente d'avoir eu les deux sous la main !

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  3. Je n'ai lu que la conclusion - on ne sait jamais, si un jour je suis pris d'un coup de folie et que j'attaquais la série - et je suis déçu, pas un "vertigineux", "ambitieux" ou "sense of wonder", ça ne doit pas être si fou finalement. O=)

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    1. Je me cite dans la conclusion hein : mindblowing/ épique/ incroyable/ sense of wonder/ démesure / perle / ébahi
      Bref c'est pas terrible :p

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    2. Mince, j'ai raté le "sense of wonder" - j'ai pourtant relu plusieurs fois >.< - ma remarque ne fonctionne donc qu'aux deux tiers, mais sur le principe on reste d'accord, tu n'as pas l'air emballée ou époustouflée. =P

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    3. J'avoue je suis déçue !

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