vendredi 20 novembre 2015

Zombie nostalgie d'Øystein Stene

Zombie nostalgie d'Øystein Stene est un roman dystopique, zombie et mélancolique publié chez Actes Sud dans la collection Exofictions. Encore une fois l'éditeur se démarque de la production actuelle, comme il l'avait fait avec Lune Noire de Kenneth Calhoun (pour le pire) et avec Le Monde de la fin d'Ofir Touché Gafla (pour le meilleur). Heureusement dans le cas présent, c'est effectivement pour le meilleur !

Au milieu de l’océan Atlantique se cache une petite île dont les services de renseignements américains et européens ont gardé secrète l’existence depuis la Première Guerre mondiale. Les cartes officielles ont été manipulées et le moindre esquif qui s’approche est coulé.
En janvier 1989, un homme se réveille nu dans un hangar sur l’île. Sa peau est grisâtre, son corps froid, ses membres gourds. Il ne sait ni où il est, ni comment il a atterri là. Fait encore plus troublant : il n’a aucune idée de qui il est. Pris en charge par le service d’accueil de l’île de Labofnia, il comprend que son arrivée n’a rien d’exceptionnel. Depuis toujours, les futurs Labofniens surgissent spontanément sur l’île. Ils ignorent leur identité, n’ont aucun souvenir de leur vie antérieure, n’éprouvent aucun désir, aucune émotion. Leur vie n’est pas régie par le sommeil ou la nourriture. Perdus, ils s’abandonnent à une pathétique pantomime en imitant le comportement des vivants. Mais certains refusent de renoncer au rêve de pouvoir un jour ressentir, même si le moyen d’y parvenir défie toute notion d’humanité…


Zombie nostalgie est un OLNI venu de Norvège. Ce roman est le récit d'un homme à propos d'un pays appelé Labofnia. Labofnia est une île, sur laquelle il s'est un jour réveillé, on pourrait même dire matérialisé. Ce jour là, il se rend compte qu'il n'a aucun souvenir, est froid et gris, a du mal à coordonner ses mouvements, et est incapable d'articuler correctement. Il est alors accueilli par les placides habitants et suit des cours de rééducation avant de se voir attribuer son nom, Johannes van der Linden ainsi qu'un métier, archiviste de Labofnia. Son cas est loin d'être unique. La population de l'île augmente chaque jour. Grâce à son colocataire, qui revient souvent avec des blessures, il va se rendre compte que derrière la léthargie ambiante se cachent de nombreux secrets.

Zombie nostalgie s'intitule en VO Zombie nation. Cependant ce titre est déjà pris par David Wellington, ce qui a pu amener l'éditeur à le changer, à moins que celui-ci ait simplement voulu créer une sorte d'oxymore. Cela étant dit, la nostalgie caractérise parfaitement bien l'ambiance du roman, même si le terme nation donnait de l'importance au lieu physique, à cette île, ce pays, qui tient un rôle prépondérant du début à la fin du livre. D'ailleurs un chapitre sur deux est consacré à son histoire secrète, de sa découverte par Saint Brendan (Stene réutilise un mythe connu, celui d'une île fantôme avec son aura mystérieuse), en passant par son développement comme cité secrète fortifiée surveillée et utilisée par les alliés lors des guerres mondiales.

Johannes, dans le prologue, écrit qu'il va raconter l'histoire de Labofnia, afin qu'on se souvienne, que quelqu'un sache ce qui s'y est déroulé. Les chapitres de ce qu'il a vécu à Labofnia vont donc s'intercaler avec ceux sur l'Histoire de l'île (où il expliquera notamment d'où vient ce nom un peu ridicule il faut l'avouer !) Au moment où il écrit, on sent bien que tout est déjà terminé. Plus surprenant, il nous apprend qu'il a un bras en train de repousser...

J'ai trouvé ce roman très kafkaïen, tant par l'absurdité et la complexité de l'administration labofnienne (à certains moments j'ai cru que Johannes allait remplir un formulaire A38) que par l'inéluctabilité de ce qui arrive aux labofniens. L'atmosphère, léthargique, grise, est vraiment bien retranscrite par Øystein Stene et tout à fait représentative de l'état d'esprit des labofniens qui ne ressentent aucune émotion, aucun plaisir ni douleur, et n'ont aucune mémoire de leur passé. C'est cette absence de sentiments et de souvenirs qui chagrine (si l'on peut dire du coup) certains habitants, et ils cherchent des solutions pour enfin se rappeler qui ils étaient. Comme la chose est tabou, ils s'apparentent finalement à une espèce de résistance. Pendant ce temps, à un niveau plus politique, des négociations ont lieu...

Pour résumer, Zombie nostalgie d'Øystein Stene chez Actes Sud, dans la collection Exofictions, est un roman zombie dystopique saupoudré d'histoire secrète. Pas d'action survitaminée, de poursuite par des zombies, ni de braiiiin, loin de là, mais une atmosphère travaillée et réaliste, des personnages plein de questions existentielles, une résistance quasi-passive et un récit qui traverse l'Histoire et s'avère prenant. Je pense que cet OLNI procurera du plaisir au lecteur, qui lui a la chance de pouvoir le ressentir ;-)


Lecture n°10
dans le cadre du Zombies challenge
de La Prophétie des Ânes

1ère lecture dans le cadre
du challenge Dystopie de Valunivers

Zombie nostalgie
d'Øystein Stene
Actes Sud / Exofictions - Novembre 2015
304 pages
Traduit du norvégien par Terje Sinding
Illustration de couverture de Barbar
Papier : 22€ / Numérique : 16,99€
Titre original : Zombie nation - 2014

7 commentaires:

  1. je vais essayer de me le toper.

    Merci de ta chronique qui donne bien envie.

    RépondreSupprimer
  2. Je suis pas très zombies, pourtant le livre de Fabien Clavel m'a réconcilié avec ce genre de personnages. Du coup, je ce roman me disait bien pour retenter une incursion en terres zombies. A voir. Et il est pas très gros.

    RépondreSupprimer
  3. Un livre sur les zombies ! Il va falloir que je l'ajoute à ma to read list :)
    Bonne semaine !

    RépondreSupprimer
  4. Bravo, tu m'a convaincu de lire un livre de zombies ! :D

    RépondreSupprimer
  5. Ah, tu le mets en dystopie aussi ? J'avoue que j'ai trouvé le sujet intéressant mais j'ai pas énormément accroché.

    RépondreSupprimer
  6. @Cornwall : il est sympa

    @Julien : Tout à fait lisible si on n'aime pas les zombies

    @Thibaut : Attention pas de braiiiin dedans

    @Lorhkan : j'espère que ça te plaira

    @Chani : oui v'là le gouvernement qu'ils se tapent les pauvres, sans compter les ingérences des autres.

    RépondreSupprimer
  7. Je l'ai dans ma PAL..hâte de le commencer

    RépondreSupprimer

Pages vues