jeudi 2 mai 2013

♥ Comment j'ai cuisiné mon père, ma mère et retrouvé l'amour de S.G. Browne

Le pitch :
Andy vit en paria depuis sa résurrection spontanée après un accident de voiture. Ce nouveau zombie n'a pour morne horizon que le cellier familial, où il cuve les grands crus de son père, et ses réunions mensuelles aux Morts-Vivants Anonymes.
Mais lorsqu'un zombie solitaire l'initie aux bienfaits régénérateurs de la chair humaine, Andy décide de lutter pour ses droits civiques. Débute alors un voyage improbable qui le mènera de la morgue au rôle très médiatisé de porte-parole de la cause zombie, en passant par des séjours à la SPA reconvertie dans l'accueil de zombies fugueurs et aux plateaux d'Oprah Winfrey.

Mon avis :
Les jeunes Éditions Mirobole m'ont contactée pour me proposer de lire leur toute dernière publication, qui parait aujourd'hui : Comment j'ai cuisiné mon père, ma mère et retrouvé l'amour de S.G. Browne, un roman zombie qui sort de l'ordinaire.

Mais pourquoi donc sort-il de l'ordinaire me direz-vous ?

Andy est un zombie. De manière classique, il est mort dans un accident de voiture et s'est réveillé deux jours après, un peu avant son enterrement. Les zombies font partie de la société, même s'ils en sont les souffre-douleurs et à peu près une personne sur 200 revient à la "mort-vie". Ils reviennent abimés (à divers degrés, selon les circonstances de leur décès), mais en pleine possession de leurs capacités intellectuelles. Problème : ils puent, se décomposent, et tapent la honte à leurs proches. Ils doivent avoir un tuteur, et surtout n'ont plus aucun droit civique.

Andy participe à un groupe de soutien, les MVA, Morts-Vivants Anonymes, pour tenter de reprendre le dessus. Et il part de loin le pauvre !

"Si j'étais un super-héros, on m'appellerait sûrement le Boîteux mort-vivant. Ou Zombie l'Inutile."

Sous forme de comédie romantique (mais pas trop trop non plus) dramatique, ce roman est vraiment prenant. Je l'ai lu en deux jours. Le narrateur, qui parle à la 1ère personne, est à la fois drôle et attachant, avec un ton très frais même s'il est pleine décomposition. Il nous fait part de ses problèmes, graves (il ne peut plus voir sa fille) ou moins grave (il pue énormément). 

"Je veux dire, ce n'est pas comme si la mort nous avait rendus différents. Nous avons besoin de sécurité, d'affection, d'amour. Nous savons rire, ressentir du chagrin. [...] Bon, il y a le stéréotype bouffeur-de-chair-humaine, mais c'est tellement George Romero, ça. A part à Hollywood, les morts-vivants ne mangent généralement pas les humains."

Les zombies dans la société décrite par Browne sont des parias, une minorité ultra-opprimée. C'est comme si l'auteur avait pris la situation des noirs il n'y a pas si longtemps aux États-Unis, en y ajoutant les problèmes des handicapés, mixé au sort de certains animaux. Quand même. Aucun aménagement pour leurs difficultés, pas le droit de prendre le bus, d'utiliser le net (ça j'y crois moyen sur la possibilité d'interdire le net à une certaine population dans un pays où les autres peuvent l'utiliser sans problème, mais bon), on les parque dans des zoos, on les utilise pour des expériences, des émissions de télé-réalité trash, des crash-tests, et s'ils sont retrouvés à se balader dans la rue, ils finissent à la... SPA ! 

Une phrase revient comme un leitmotiv tout au long du récit : "vous ne pouvez pas comprendre". 

"Si vous n'avez jamais été abandonné à pourrir sur un flan de colline ou dans un centre de recherche sur le processus de la décomposition humaine, alors vous ne pouvez pas comprendre."

J'aime bien le côté "vous ne pouvez pas comprendre", mixé avec la narration à la 1ère personne, ce qui fait que malgré ce qu'Andy nous répète, on se met tout à fait à sa place. L'auteur en profite pour critiquer certains aspects de la société, comme le pouvoir immense des médias ou l'intolérance face à la différence. Bientôt Andy ne supportera plus cette situation d'oppression, malgré les petits plaisirs qu'il trouvera dans la "mort-vie" et la belle Rita...

"Tout le monde peut s'habituer à un certain degré de maltraitance, 
mais arrive un moment où il faut se redresser."

Pour résumer, j'ai vraiment passé un excellent moment de lecture avec ce roman à la fois drôle et cynique, qui touche du doigt certains travers de notre société, tel que le pouvoir des médias, l'intolérance et surtout quelque chose de très répandu : la connerie des gens. Et en même temps le côté zombie est bien présent, tout à fait jouissif. Je vous conseille fortement cette lecture, dont vous pouvez lire un extrait ici !
Un roman drôle et cynique à dévorer en deux jours !
La couverture américaine, tout un programme :
un bouquin pour le futur challenge de Vert !

3 commentaires:

  1. Oh, j'ai bien envie de lire ce zombie là !!!

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  2. J'allais dire, "tiens je n'en ai jamais entendu parler avant de lire ta chronique", mais c'est normal s'il est sorti le jour de la publication de ton billet :)
    Ouh, du zombie ! "Je l'ai lu en deux jours" : ah oui, quand même ! Zou, en wish list.

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