jeudi 16 janvier 2020

Un Océan de Rouille de C. Robert Cargill

"La liberté ou la mort."

Un Océan de Rouille est un roman post-apocalyptique de C. Robert Cargill paru chez Albin Michel Imaginaire. Un texte divertissant au goût de Terminator qui aborde aussi les notions d'autodétermination et de libre-arbitre.

Pendant des décennies ils ont effectué les tâches les plus ingrates, ont travaillé sur les chantiers les plus dangereux. Ils nous ont servi de partenaires sexuels, se sont occupés de nos malades et de nos proches en perte d’autonomie. Puis un jour, face à notre refus de les émanciper, certains d’entre eux ont commencé à nous exterminer.

Quinze ans après l’assassinat du dernier humain, les Intelligence-Mondes et leurs armées de facettes se livrent un combat sans merci pour la domination totale de la planète.

Toutefois, en marge de ce conflit, certains robots, en perpétuelle quête de pièces détachées, vivent en toute indépendance,le plus loin possible des Intelligence-mondes. Fragile est l’un d’eux. Elle écume l’océan de rouille à la recherche de composants à troquer et elle défendra sa liberté jusqu’à la dernière cartouche, si nécessaire.

Le livre commence effectivement dans un océan de rouille, un véritable cimétière des robots : Fragile, une robote "Aidante" y récupère les composants de ses congénères au bout du rouleau (leur promettant de s'occuper d'eux afin qu'ils s'éteignent d'eux-mêmes). On l'attaque sur le chemin du retour et c'est bientôt elle qui va disjoncter. 

Fragile est la narratrice du roman. Par flashbacks, elle va nous raconter la fin de l'humanité, puis la nouvelle guerre entre les puissantes IA dites Intelligences Mondes pour contrôler les robots et la Terre. En cela la promesse de l'éditeur est respectée : on baigne dans Terminator sur un air de Mad Max. Les robots libres se battent dans le désert (ce qu'est devenu la planète puisqu'après tout les robots n'avaient aucun besoin que la vie subsiste...) contre les IA qui voudraient les absorber.

J'ai super bien accroché à toute l'histoire du passé faite par Fragile, par contre j'ai beaucoup moins aimé son récit personnel. Dans l'ensemble, l'intrigue est bien ficelée, il y a pas mal d'action, des twists, ainsi que des "crache-plasma" !

Planquez vos gosses, j'ai un lance-flamme
L'écriture de Cargill est efficace. L'auteur a de bonnes punchlines, je pense à "Oui les gens adoraient croire en la magie. Mais ça, c'était avant. Au temps où il y avait des gens." mouahahaha, ça annonce tout de suite la couleur, car c'est en page une ! Il a aussi eu une excellente idée avec le numérotage de ses chapitres, qui rend sa narration plus solide en plus d'être un clin d’œil marrant. J'ai constaté qu'il aime énormément l'expression shitstorm, traduite littéralement par "tempête de merde" !

"- Tu le connaissais ?
- Évidemment ! Je n'aime pas travailler avec des robots que je n'ai pas connus.
- Tu fabriques des trucs à partir de tous ceux que tu as connus ?
- Seulement ceux qui sont morts."

Je m'interroge un peu sur l'intérêt de faire s'asseoir des robots, ou encore de leur faire penser que "l'air est irrespirable" mais là je pinaille.

Au-delà de l'action Terminatoro-Madmaxesque, Cargill aborde des notions fort intéressantes dans son roman. D'abord, la robotisation du travail, s'interrogeant sur les répercussions d'une main d'oeuvre gratuite et infatigable sur le marché du travail capitaliste. Puis l'autodétermination, en ce sens que les robots ont commencé à revendiquer des droits en tant qu'êtres pensants, à travers une véritable lutte pour leurs droits civiques. Ils ont même leur propre Martin Luther King, nommé Isaac. Enfin, le libre-arbitre : les robots, programmés pour effectuer des tâches précises, peuvent-ils se détourner de leur programmation et prendre leurs propres décisions ? Et leurs propres décisions sont-elles réellement les leurs ? Vous avez quatre heures.

Fragile a un "ami" (robot évidemment) qui a adopté un chien
après la fin du monde, coïncidence ? Je ne pense pas.

Au final, Un Océan de Rouille de C. Robert Cargill publié chez Albin Michel Imaginaire est un divertissement efficace, avec une intrigue et des twists sympathiques, un peu de réflexion, ainsi qu'une fin ouverte. Me reste à lire la nouvelle gratuite Hell Creek de l'auteur !

Lisez les avis de Célindanaé, Feydrautha, L'Ours inculte, Yogo, Xapur et bien sûr la chronique en langage binaire du Chien critique !

Un Océan de Rouille
de C. Robert Cargill
Albin Michel Imaginaire - Janvier 2020
320 pages
Traduit de l'américain par Florence Dolisi
Illustration de couverture par Aurélien Police
Papier : 21,90€ / Numérique : 10,99€
Titre original : Sea of Rust - 2017

10 commentaires:

  1. Merci pour le lien. :)
    La nouvelle est assez différente du roman mais les dinosaures devraient te plaire ;)

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  2. Est-ce vraiment du pinaillage - sur l'anthropomorphisme des robots - quand j'ai l'impression qu'à peu près tout le monde s'est fait la même remarque ? ^^

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  3. J'ai l'impression que c'était voulu, et même davantage que c'était précisément le propos de l'auteur. Dans le premier chapitre, Fragile se remémore un fait qui l'attache à la dernière personne âgée dont elle s'est occupée, elle s'approprie une attente qui ne peut être qu'humaine. Alors qu'elle n'est pas humaine. Dans ce roman ces robots qui nous ont exterminés n'ont de cesse de nous singer. Et d'ailleurs seuls les Intelligences-mondes se comportent réellement comme des êtres 100% artificiels.

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    1. Les IA sont très humaines oui, elles ont beaucoup trop trainé avec nous. Des enfants ingrats !

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  4. Faut que je lise la nouvelle aussi.

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  5. Très clairement il fait partie de ma liste de lecture dans la catégorie "divertissement sans prise de tête". Je n'en attends pas plus et il semble remplir ce contrat

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