Colonies de Laurent Genefort

"Les légendes sont ce qui pousse le mieux au pied des astroports."

Colonies est un recueil de nouvelles de Laurent Genefort paru chez Le Bélial. Il est composé de nouvelles inédites, et de textes déjà parus dans diverses revues ou anthologies, environ 50/50. 

Look at that couverture de Manchu !!! Elle est magnifique, je l'adore, j'aurais presque pu acheter le livre juste pour ça, si je n’avais pas aussi beaucoup aimé les nouvelles de Genefort. Combo parfait !

Dix récits. Dix histoires de colonies futures, planétaires ou spatiales. Et huit lettres pour un mot qui porte en lui l'essence du space opera. Que Laurent Genefort revisite en maître via la multipolarité de son sujet : l'imaginaire colonial, l'idéologie coloniale, l'aventure coloniale, les horreurs coloniales…

La nature humaine sous l'éclairage de soleils exotiques et lointains, en somme. Le cœur battant de la science-fiction.

Colonies est divisé en deux parties :

• Colonies planétaires, où l'on retrouve des nouvelles de Planet-Opera, où l'action prend place sur des planètes colonisées.
• Colonies spatiales, où l'on retrouve des nouvelles de Space-Opera qui vont plutôt se dérouler sur des astéroïdes, des stations spatiales, ou des mondes artificiels.

Je vais vous parler de mes textes préférés pour commencer !

Dans la partie Colonies planétaires :

• Dans Le Bris, nous nous retrouvons sur une planète hostile. Les Portes de Vangk, portails de trous de vers qui permettent aux humains de voyager dans l'espace, construits par une espèce inconnue et qui apparaissent tout au long de l’œuvre de Laurent Genefort, donc les Portes de Vangk se sont fermées pour une raison inconnue. Fin du ravitaillement, et sur une planète si hostile, recouverte d'un océan vivant qui digère tout ce qu'il touche, c'est un peu la fin des haricots. Voici l'histoire des quelques survivants, et surtout de Nataniel, natif de Summa, qui se sent une étrange connexion avec sa planète. Il prend souvent le temps de discuter avec le doyen Jof, dernier vivant des premiers colons, dont la science commence déjà à ressembler à de la magie aux yeux des habitants. Très beau, poétique !

• Je me souviens d'Opulence, ce sont 75 souvenirs d'une planète qui finissent par former l'histoire de toute une vie. Court, efficace, superbe, dans l'esprit Oulipien dixit Laurent Genefort !

Dans la partie Colonies spatiales :

• La fin de l'hiver se passe sur un monde qu'on devine vite artificiel, un tube tombé dans une ère glaciaire, où les humains survivent difficilement. Pourtant en son centre dans le ciel, un lieu attire l'attention d'un pirate, d'un explorateur et d'un savant. Ils vont tout faire pour s'y rendre, quitte à sacrifier des vies en route... 
• Proche-Horizon est une nouvelle dans laquelle des symbiotes (des blattes géantes, OMG) sont au centre d'ambitions commerciales complètement contraire aux principes des humains avec qui ils vivent... Ouuuh berk berk et top à la fois !

D'autres nouvelles sont aussi de petites friandises de poésie et de psychologie, comme Le Jardin aux mélodies ou Le Dernier salinkar (qui je trouve fait écho au texte Le Bris et qui a un goût de nature-writing de l'espace !) et Le Lot n°97 qui fait dans l'art transhumaniste.

Le recueil se termine par un huis-clos dans l'espace intitulé L'Homme qui n'existait plus, plutôt bien construit, assez stressant. Il est tiré d'un roman de l'auteur paru chez Fleuve Noir Anticipation sous le titre L'Orbite piégée, dans les années 90. Le cadre dirigeant d'une station orbitale en cours de fermeture est retenu de force dans la station vide par un de ses collaborateurs, qui le fait passer pour mort.

Par contre je suis passée à côté de Longue vie et T'ien Keou (malgré une super chute pour les deux).

Ce qui est fascinant dans les textes de Laurent Genefort, c'est sa façon de parler de la mémoire et de comment une civilisation se construit, s'adapte ou meurt, et de poser un cadre en si peu de pages. Il le fait avec poésie, psychologie et réflexion, et c'est toujours un plaisir de lire ses nouvelles.

Colonies se termine par une postface de l'auteur qui remet les nouvelles en contexte, et dont j'ai bien apprécié la lecture. Il y revient sur l'univers dans lequel il place la plupart de (ou tous ?) ses textes, celui des Portes de Vangk. Cette postface clôt parfaitement le recueil ! (avec la bibliographie d'Alain Sprauel, évidemment).

Petit message perso : ceux qui pensent que le Space-Opera est ringard n'ont aucune foutue idée de tout ce qui peut se cacher derrière ce genre en terme d'analyse sociétale, quoiqu'ils en disent... Car surprise, le space-op ne parle pas que de l'espace. A bon entendeur. LISEZ DU SPACE-OPERA ! 

Lecture n°2 dans le cadre du challenge
Summer Star Wars

  Colonies

de Laurent Genefort

Le Bélial - Mars 2019

352 pages

Illustration de couverture de Manchu

Papier : 20€ / Numérique : 9,99€