jeudi 14 avril 2016

Je suis le sang de Ludovic Lamarque et Pierre Portrait

Je suis le sang de Ludovic Lamarque et Pierre Portrait - auteurs précédemment d'AD Noctum chez Denoël Lunes d'encre - est un thriller victorien publié chez Les Moutons Électriques. Je vous laisse admirer la couverture évocatrice, réalisée par Thomas Agnellet pour ce roman à la fois glauque et fascinant, tournant autour du mystère Jack l’Éventreur et de la création de Dracula par Bram Stoker. Une très agréable surprise !

Londres, 1888.

Au théâtre du Lyceum, la pièce Jekyll & Hyde fascine la bonne société victorienne tandis qu’une série de meurtres est commis dans l’East End. Des prostituées sont sauvagement assassinées.

Bram Stoker, écrivain et régisseur du Lyceum, voit dans ces meurtres atroces la matière pour écrire le grand roman qui lui vaudra la postérité. En visitant les lieux du crime, il rencontre Mary Kelly, une prostituée irlandaise, et l’assassin que la presse surnomme bientôt : Jack l’Éventreur.

Deux romanciers, le Bordelais Ludovic Lamarque et le Parisien Pierre Portrait, nous projettent en plein dans les sanglantes années 1880, lorsque l’affaire Jack l’Éventreur terrorisait la capitale britannique et tandis que le mythe de Dracula trouvait sa naissance… (Petit mot à la personne qui a décidé de réutiliser en quatrième de couv' la citation de Dumas sur le viol de l'Histoire à condition de lui faire de beaux enfants : c'est franchement archaïque, totalement sexiste et dispensable. 2016 people.)
 
1888. Bram Stoker est régisseur au prestigieux théâtre du Lyceum, où l'on joue la pièce tirée de la nouvelle de Stevenson, Jekyll & Hyde. C'est un triomphe et la pièce fascine. Peu de temps après, Jack l’Éventreur se met à sévir dans l'East End, le quartier pauvre de Londres. Bram Stoker va découvrir par hasard qui est Jack, et réagir de façon ambivalente : il veut le dénoncer et arrêter ces meurtres horribles (le Yard piétine honteusement), mais aussi l'utiliser pour écrire son roman majeur, qui aura pour personnage principal un monstre sanguinaire inspiré de l’Éventreur...

"N'avez-vous jamais rêvé d'enfoncer trois pouces d'acier dans le ventre d'une femme pour savoir l'effet que ça fait?"

Dans ce récit, les auteurs réécrivent la création de Dracula, imaginant que celui-ci serait en fait inspiré de la rencontre de Bram Stoker avec un monstre bien réel, à savoir Jack l’Éventreur. Et ça fonctionne ! On voit petit à petit évoluer l'idée de Stoker, se modeler au gré des événements et horreurs qui surviennent, et des personnes rencontrées dans l'East End, alors qu'il se déguise en marin (comme Jack London a réellement parcouru le quartier grimé en clochard au début du XXè siècle). 

Ce quartier est un personnage à part entière de l'histoire, on a du mal à croire qu'un lieu aussi glauque ait pu exister, je repense encore aux personnes "portant la bannière" la nuit, obligées de rester éveillées et de marcher car il était interdit de dormir sur la voie publique, et à la grande indifférence des personnes aisées vivant dans le West End, qui suivent presque les crimes de l’Éventreur comme un feuilleton.

Ce roman tourne aussi autour de l'obsession de l'artiste. Jack se rêve acteur de théâtre "Londres est ma scène !" (en charcutant des femmes, il est complètement fou évidemment) tandis que Bram vampirise sans se l'avouer les gens qu'il rencontre pour inventer sa créature, pour écrire l'œuvre qui le rendra inoubliable. En perfectionniste, il fait une véritable obsession de l'écriture de ce roman, compulsant nombre d'ouvrages et rédigeant fiévreusement des notes. On croisera également Oscar Wilde et Hall Caine, et on entendra beaucoup parler de Carmilla de Le Fanu et bien sûr de Jekyll et Hyde de Stevenson. Inévitablement, tout cela a attisé ma curiosité, me menant en pleine nuit sur le wikipédia de Bram Stoker et celui de Jack l’Éventreur.

"C'est la pire et la meilleure chose qui puisse arriver à un auteur, engendrer un personnage si puissant qu'il fasse oublier son créateur."

Dacre Stoker, son (arrière ?) petit-neveu a récemment révélé que Bram Stoker s'était effectivement inspiré des faits de l'époque, en remplaçant la police, qui l'avait déçu en se montrant incapable de stopper l’Éventreur, par des amateurs formant une milice pour arrêter le monstre des Carpathes.

Pour résumer, Je suis le sang de Ludovic Lamarque et Pierre Portrait est un thriller victorien publié chez Les Moutons Électriques. Les auteurs y réécrivent l'histoire, imaginant que Bram Stoker aurait rencontré et se serait inspiré de Jack l’Éventreur pour faire naître son personnage mythique, Dracula. Leur idée fonctionne et le récit, ultra-documenté, se révèle fascinant. Il éveillera votre curiosité sur cette période historique et sa production littéraire, et vous interrogera sur le processus de création de l'écrivain. Je vous le conseille !


L'avis de Boudicca

Je suis le sang 
de Ludovic Lamarque et Pierre Portrait
Les Moutons Électriques - Avril 2016
256 pages (et pas tant que ça de coquilles)
Couverture illustrée par Thomas Agnellet
Papier : 19,90€ / Numérique : 7,99€

6 commentaires:

  1. Ravie de l'avoir dans ma PAL alors !!!

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  2. Merci pour cette critique, ce livre me donnait envie et maintenant je suis convaincue qu'il pourrait me plaire :)

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    1. je suis contente, j'ai hâte de connaître ton avis ;-)

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  3. J'étais dubitatif vu le nombre de références trop élevées, mais là tu m'en donnes plutôt envie. Si je trouve le temps plus tard, un jour, je m'y pencherai.

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