Je l'attendais avec impatience, cette suite et fin de la trilogie uchronique Subtil Changement de Jo Walton publiée chez Denoël dans la collection Lunes d'encre. Commencée avec Le Cercle de Farthing dans les années 40, poursuivie avec Hamlet au paradis, elle se termine avec Une Demi-couronne dans les années 60. Ce fut pour moi un excellent moment de lecture.
Pour éviter tout spoiler, soyez sûrs d'avoir lu les deux premiers tomes avant de lire ma chronique.
Angleterre, 1960. Après avoir déjoué l'attentat contre Hitler, Peter Carmichael a été promu directeur du Guet, police secrète créée pour bâillonner l'opposition et traquer les Juifs. Il a adopté Elvira Royston, la fille de son ancien adjoint, qui se forge une conscience politique. Le duc de Windsor s'appuie sur des milices fascistes pour tenter de prendre le pouvoir.
C'est avec plaisir que j'ai retrouvé Carmichael pour cet ultime tome de la trilogie uchronique de Jo Walton. J'ai lu ce roman en deux jours, happée dès les premières pages par cette uchronie mondiale vécue par la petite histoire de ses personnages, un récit très anglais, humain et prenant. Avec une petite larme en prime à la fin.
Nous suivons donc Carmichael, maintenant à la tête du Guet, la police politique du Royaume-Uni, contraint par le premier ministre qui a connaissance de sa vie privée qui pourrait lui valoir de la prison ou d'être déporté. Il tente de faire le boulot et de ménager sa conscience en sauvant le plus de monde possible grâce à une organisation nommée le Guet de l'intérieur.
Le personnage féminin de cet opus est Elvira, la fille du défunt collègue de Carmichael, que celui-ci a décidé de prendre sous son aile. Et le moins qu'on puisse dire est qu'elle est exaspérante. Bien loin de la forte Lucy du Cercle de Farthing, et tout aussi éloignée de l'indépendante Viola d'Hamlet au paradis, c'est une jeune fille naïve. Elle est née dans ce monde uchronique dominé par les nazis, et a été élevée dans le fascisme. Elle n'aime pas les juifs et considère comme normales les lois, notamment sur la déportation. Autant vous dire qu'il est difficile pour le lecteur de s'identifier un tant soit peu à la demoiselle. Cependant, elle évoluera au fil de l'histoire, heureusement.
Jo Walton donne toute son importance à l'uchronie dans Une Demi-couronne. L'intérêt de ce "et si ?" atteint un point culminant quand il est décidé par le gouvernement anglais de construire un camp de concentration dans le pays. Sincèrement, ça fait un choc, car c'est amené de façon très réaliste, grâce à l'évolution des événements depuis le premier tome. L'auteure saupoudre aussi son roman de petits clins d’œil uchroniques, comme quand elle parle du fameux roman dystopique 1974, ou encore de ce jeune chanteur/guitariste fasciste de Liverpool qui rend les filles dingues. Clins d’œil qui permettent de se poser encore plus de questions sur ce qu'on serait devenu "si"...
Je regrette le traitement réservé à Jack, le compagnon de Carmichael, si important dans la vie de celui-ci, pesant si lourd sur toutes ses décisions, qui finalement reste un personnage à peine ébauché, dans l'ombre, du début à la fin. Dommage !
Et un petit coup de chapeau pour la traductrice, Florence Dolisi, qui nous offre quelques expressions bien senties, telles que "prout-prout ma chère". J'ai kiffé.
Pour résumer, Une Demi-couronne clôt la trilogie uchronique du Subtil Changement de Jo Walton, publiée chez Denoël dans la collection Lunes d'encre. Malgré un personnage féminin souvent exaspérant, l'auteure réussit à finir sa trilogie en beauté. J'ai lu ce roman en deux jours, happée dès les premières pages par cette uchronie mondiale vécue par la petite histoire de ses personnages. Un récit très anglais, humain et prenant, et une confirmation que j'adore ce qu'écrit cette dame.
L'avis de Gromovar.
Sur le blog :
- Tome 1 : Le Cercle de Farthing
- Tome 2 : Hamlet au paradis
- Autres romans de Jo Walton : Morwenna, My Real Children
Une Demi-couronne
de Jo Walton
Denoël - Lunes d'encre - Avril 2016
352 pages
Traduit de l'anglais par Florence Dolisi
Papier : 21,50€ / Numérique : 14,99€
Titre original : Half a crown - 2008
Héhé, j'ai bien aimé le prout-prout ma chère ;) Et je suis de ton avis, Jack aurait mérité une mise en lumière. Au final, j'ai trouvé Viola beaucoup plus exaspérante car si Elvira l'est aussi, c'est plus à l'éducation qu'elle a reçue (et le fait que pour être une femme bien, il ne faut pas être instruite, juste être marié à un bon mari). Une belle conclusion avec ce volume.
RépondreSupprimerOui heureusement Jo Walton le fait tout à fait passer dans son récit !
SupprimerBon du coup j'ai pas lu ton article vu que le tome 2 est encore dans ma PàL. Faut que je lui fasse un sort...
RépondreSupprimerTu fais bien ! Le tome 2 est celui que j'ai le moins aimé cela dit.
SupprimerUne excellente lecture pour ma part. Je me suis régalé.
RépondreSupprimerOn est d'accord !
SupprimerIdem, la fin de jack est expédiée. J'ai même cru que ce n'était pas vrai pour que cela soit si rapide.
RépondreSupprimerC’est vrai que les personnages secondaires de cette série, dont Jack, restent un peu trop en retrait, et c’est vraiment dommage ! en tout cas j’ai également pris grand plaisir à la lire, même si celui-ci m’a donné un peu plus de fil à retordre !
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