vendredi 20 juillet 2012

↓ Gaïa de Yannick Monget

Le pitch :
Au siège des Nations unies, l'inquiétude est palpable. Tout contact a été rompu avec certaines régions reculées du globe. Les médecins de l'OMS s'inquiètent: l'apparition d'une étrange épidémie au mode de propagation encore inconnu pourrait-elle en être la cause? Alexandre Grant, pdg de la compagnie d'exploitation forestière Amazonian Wood, n'a pas d'autre choix que de se rendre d'urgence en Amazonie pour rassurer ses ouvriers. Quelque chose, dans l'immense forêt tropicale, a indéniablement changé... De son côté, Anne Cendras, célèbre biologiste française, en est de plus en plus convaincue: la nature est affectée par un phénomène anormal, sans aucun rapport avec le réchauffement climatique en cours. Une brusque évolution des comportements atteint la totalité du monde animal. Plus inquiétantes sont les observations menées sur différentes espèces végétales de la planète: mutations impossibles, développements aberrants, les biologistes se posent de plus en plus de questions... sans toutefois trouver l'ombre d'une réponse. Une chose est sûre: un phénomène totalement nouveau et inconnu est en marche... et les écosystèmes du monde entier sont affectés.

Mon avis :
- Il arrive à la nature de faire des erreurs vous savez.
- Vraiment, sous-entendriez-vous que l'espèce humaine en est une ?

Gaïa est un roman auto-publié par Yannick Monget en 2006, gros succès en librairie, ce qui a certainement amené Bragelonne, qui le réédite cette année, à s'y intéresser.

Pour ma part, je viens de lire la première version, celle de 2006. Et on ne peut pas dire que j'ai été convaincue...

Évacuons les évidences tout de suite : ça manque du retravail d'un éditeur, problème qu'on imagine corrigé dans la nouvelle version, mais j'attendrais les chroniques de blogueurs à ce sujet.

Grant, PDG d'une entreprise de biotechnologie, qui manipule donc des OGM, doit faire face à des problèmes dans son village ouvrier de déforestation en Amazonie, et est obligé de s'y rendre personnellement. En effet, des coupures de courant intempestives empêchent la bonne marche des travaux. Sur place il rencontre Anne Cendras, biologiste écolo, très remontée contre lui. Pendant ce temps, des éruptions solaires violentes interrompent les communications et des satellites tombent du ciel. Dans un vol pour Paris, Grant apprend qu'une étrange maladie décime aussi la population de divers pays, notamment de ce coin de l'Amazonie dont il revient. A son arrivée, il est donc confiné dans un bunker militaire pour tenter de découvrir s'il est contaminé...

Franchement, l'histoire est sympa, bien que classique, mais plutôt digne d'un scénario de film catastrophe à la Emmerich (réalisateur du superbe 2012, je le rappelle...). L'auteur n'a pas vraiment de style, c'est assez plat. C'est un peu comme si Marc Lévy avait écrit un post-apo... Ce qui fait qu'il est tout à fait normal (enfin... Disons, pas inattendu) que le grand public ait aimé ce roman. Le côté "scénario" est aussi accentué par le découpage, non pas des chapitres, mais en paragraphes qui parfois ne font que 5/6 lignes, entre lesquels on saute une ligne. J'ai eu l'impression de changement de point de vue un peu bizarre.

Le prologue, lui, est assez bon, on se croit en pleine jungle, et on hallucine un peu sur ce que voient et vivent les personnages.  

J'ai trouvé des incohérences dans les dialogues. J'ai dû en relire certains plusieurs fois pour réussir à comprendre ce que l'auteur voulait maladroitement dire.

- J'espère que les ascenseurs fonctionnent toujours, murmura-t-il. Je vous l'ai dit, mourir enterré est l'un de mes pires cauchemars.
- Vous devriez vous y habituer, conseilla Anne qui, bien qu'allongée, avait déjà repris connaissance depuis quelques instants. Faites-vous à l'idée que vous y serez forcément amené un jour ou l'autre, que cela vous plaise ou non.
(Ah bon, il va forcément mourir enterré ? Etre enterré oui, mourir oui, mais l'un résultant de l'autre, euh non y a pas d'obligation madame)

Les personnages sont souvent caricaturaux. Nous avons l'homme d'affaire égoïste, la femme écolo et maternelle... Les militaires échappent à cet écueil, très certainement parce que c'est toujours sur eux qu'on tape d'habitude, et ça, ça fait assez plaisir. C'est là que l'on ressent bien que Yannick Monget a écrit ce roman dans un but précis : donner son avis sur ce que fait l'homme à la nature. Le combat est revendiqué, et pas très subtil. En effet, le pauvre Grant s'en prend plein la tronche, et ce régulièrement, par les scientifiques, comme s'il avait détruit toute la planète à lui tout seul. 

Dans une vidéo, l'auteur se défend d'avoir voulu être moralisateur, mais je dois dire que même s'il ne l'a pas voulu, c'est leçon sur leçon que se prend le lecteur. Cela nous permet tout de même d'apprécier les connaissances scientifiques de Monget.

Vanne pourrie n°39 de Stivo !
J'ai cependant persévéré dans ma lecture, et à partir de la seconde moitié du livre, enfin, j'ai été prise dans l'histoire. Les personnages commencent à y échafauder des théories plus ou moins fumeuses, assez intéressantes, et un affrontement félins/humains m'a particulièrement plu.

La fin, comme je m'y attendais, est une belle pirouette. Après y avoir réfléchi, je n'ai pas encore saisi sa cohérence, mais bon. Est-ce la même fin dans la version Bragelonne ?

Quoiqu'il en soit, l'éditeur et l'auteur assurent qu'il y a eu un énorme retravail de l’œuvre pour cette nouvelle publication, et j'ai tendance à les croire, parce qu'il y en avait besoin. Voici d'ailleurs une photo du boulot qui a été fait sur le manuscrit original par Yannick Monget.


En bref, voici un roman catastrophe décevant, malgré quelques bonnes idées. Il ne me laissera pas de souvenir indélébile, et si vous avez vraiment envie de le découvrir, préférez la version Bragelonne, retravaillée et peut-être meilleure.

(Si vous ne voulez pas l'acheter, il y a un concours ici et)



CITRIQ

15 commentaires:

  1. Je me souviens bien de la polémique de sa parution à l'époque, son côté deep ecology, tout ça, et bon je pense que je vais zapper sa réédition ^_^

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  2. Ah, je me demandais justement si ce bouquin pouvait valoir la dépense...

    Verdict : je tente les concours (merci pour les liens au passage) !^^

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  3. "C'est un peu comme si Marc Lévy avait écrit un post-apo..."

    :-D

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  4. @Lorhkan : de rien, c'est gratuit :p

    @Pop Moses : je sais je suis méchante

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  5. Et j'espère qu'ils l'ont publié en papier recyclé hein !

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  6. P'tit rajout d'une illustration de Stivo !

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  7. Ce livre me tentait un minimum mais après ton avis je pense que je vais attendre les retour sur la réédition Bragelonne avant de me repencher dessus. Il y a d'autres livres à lire.

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  8. Je suis comme toi ça m'intéresse de lire ce que les gens en pensent !

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  9. Et bien j'ai fini la version 2012. Le terme speakerine n’apparaît plus en tout cas il ne m'a pas marqué.
    Par contre je sais plus combien de fois j'ai lu le terme "bonté divine" au point de me demander si se n'était pas un roman mal traduit de l'américain ...

    Je sais pas ce que la version enrichi de bragelonne a de plus que la version originale de 2006 et franchement je m'imagine même l'effort que tu as dû fournir pour finir ce livre "non corrigé". Tu l'auras compris même avec cette énorme travail éditoriale s'était assez laborieux pour moi.

    Ce n'est clairement pas destiné a des fans de post apo. Mais bien a du grand public, j'ai vraiment l'impression que la finalité de ce roman s'est de se faire adapté au cinéma. Je vois bien J-lo pour faire la biologiste et Matthew McConaughey pour Alexandre Grant et Stephen Lang pour le colonel Miller ( le colonel dans Avatar ^^)

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  10. Trop moralisateur ? Lune, tu peux m'aider, là...

    Je suis moi-même en train d'écrire un roman engagé, et j'aimerais savoir dans quelles limites il faut rester pour produire quelque chose d'éducatif sans que cela soit ressenti comme une contrainte.

    Je t'en prie, j'ai vraiment besoin de conseils sur ce point, une réponse est plus que bienvenue :-) .

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  11. @Cornwall : tu confirmes donc mon impression ! Il dit juste une fois speakerine et ça m'a fait sourire car c'est très anachronique comme mot. C'est anecdotique ;-) (j'aime bien Matthew McConaughey :D )
    Et tu as trouvé le mot : Laborieux !!

    @Eboueur : Je donne ici mon ressenti de lecture sur Gaïa, quel a été le tien ?
    A chaque chapitre nous avons droit à une leçon peu subtile. Il y a clairement le sale homme d'affaire et les écolos engagés. C'est trop noir et blanc.
    Je n'ai aucun conseil à donner, juste mon avis sur cette lecture particulière.
    Il existe des romans engagés sans que cela pèse pour autant au lecteur et l'empêche d'entrer dans le récit (je pense par exemple au Monde enfin de JP Andrevon, que je conseille à tous si vous ne l'avez pas lu, et tout dernièrement Exodes de JM Ligny)
    Je te souhaite bon courage pour ton écriture ;-)

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  12. J'ai lu ce livre à sa sortie et je ne partage pas du tout votre point de vue j'ai adoré. Je l'ai fait lire à 3 autres personnes qui ont aussi adorées. Et pourtant nous ne lisons pas de Marc Levy ou autres. Nous lisons un peu de tout du S. King en passant par du Robin Cook, ou encore du Dan Brown, Marion Zimmer Bradley, Robin Hoob etc... la liste est très longue.
    J'attendais la parution d'un nouveau roman de cet auteur et c'est enfin chose faite avec Résilience que j'ai commencé, je ne suis qu'à 20% du roman mais j'adore.
    Ce qui n'ont pas lu Gaïa je n'est qu'un conseil à vous dire lisez le.
    Seul bémol effectivement la pirouette à la fin j'avais espéré mieux mais hormis çà c'est un chef d'oeuvre

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  13. Je parle du point de vue de mon expérience de lecture, bien sûr. La vôtre, différente, fait que vous aimez Gaïa et j'en suis ravie pour vous ! Tout ce que je peux dire c'est que certains lecteurs de SF ne l'apprécieront certainement pas.

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