samedi 19 février 2022

Afterland de Lauren Beukes

"Elle n'est aucunement préparée à tout ça. Ce qu'il faudrait à Miles, c'est une Ripley, une Furiosa, Linda Hamilton dans Terminator 2 ; au lieu de ça, il n'a qu'elle, artiste commerciale spécialiste du papier."

Afterland est un thriller post-apocalyptique de Lauren Beukes, l'autrice notamment des Lumineuses

Albin Michel Imaginaire publie ce road trip tendu, dans un monde où 99% des hommes ont disparu, éliminés par un virus. Oui c'est une histoire de pandémie mondiale, effectivement.

Plus de 99,9% des hommes sont morts.

Trois ans après la pandémie qui les a balayés, les gouvernements tiennent bon et la vie continue. Mais le monde d'après, dirigé par des femmes, exsangue d’un point de vue économique, n'est pas forcément meilleur que celui d'avant.

Miles, 12 ans, est un des rares garçons à avoir survécu. Sa mère, Cole, ne veut qu'une chose : élever son enfant en Afrique du Sud, chez elle, loin des États-Unis, dans un sanctuaire où il ne sera pas une source de sperme, un esclave sexuel ou un fils de substitution.

Traquée par Billie, son implacable sœur, Cole n’a d’autre choix pour protéger son fils que de le travestir.

À l’autre bout des États-Unis un bateau pour Le Cap les attend.

Le temps est compté.

👉 Un roman à la fois palpitant et émouvant par la relation mère-fils qu'il met en scène, et malheureusement décevant dans sa seconde moitié...

Le thème n'est pas neuf. L'extinction d'une partie de l'humanité, homme, femme ou enfant, existe depuis longtemps dans la SF. Pour les mâles, on pense à Y le dernier homme de Vaughan, Chroniques du pays des mères de Vonarburg... Mais à vrai dire, ma référence rla plus pertinente à comparer à Afterland est un épisode de Sliders ! Oui oui, Un Monde sans homme il s'appelle. Dans lequel on parque les hommes dans des prisons de luxe et l'on s'en sert comme reproducteurs pour repeupler la planète.

Mettant brillamment en scène l'après-pandémie, Lauren Beukes nous raconte l'histoire de Miles et sa mère Cole. 

Cole, au début du roman, est en fuite d'un complexe où son fils était retenu prisonnier (pour analyses et survie !) et elle a tué sa sœur Billie qui voulait enlever Miles (c'est que ça peut rapporter gros, un mâle par les temps qui courent, neveu ou pas). Enfin elle croit l'avoir tuée du moins ! L'on suit donc leur road-trip à travers les États-Unis, leur but étant de réussir à repartir en Afrique du Sud d'où ils sont originaires. En parallèle, l'autrice utilise des flashbacks pour nous raconter la pandémie, exactement ce que j'adore dans ce genre de roman. Parfait. On a du contexte, de la famille, des malades et des morts, de l'émotion.

"Qu'est-ce qui est encore plus précieux qu'un ado jeune, con et plein de foutre ? Un fils."

Puis vient la seconde partie du roman et là, bien que certaines thématiques intéressantes soient abordées (telle la transidentité par exemple) et bien ça traine, c'est longuet, et un peu bateau cette histoire de religion patriarcale post-apo. Déjà vu, dommage. 

J'ai très peu goûté au personnage caricatural de Billie, la vengeance, l'avidité, la lâcheté, qui sert à montrer la rivalité idiote entre sœurs (et entre femmes du coup ?) ce qui en soit était bien vu, mais les passages avec elle m'ont ennuyée.

Quoiqu'il en soit, ce livre est surtout un prétexte à parler de plusieurs sujets qui m'intéressent beaucoup :

  • La relation mère-fils
  • L'entrée dans l'adolescence et la construction de l'identité
  • Le féminisme et surtout le patriarcat (Beukes montre aussi que de toute façon, tant qu'il y a des humains, il y a des dominants et des dominés, et que les femmes bien qu'ayant éliminés certains aspects du patriarcat de leurs vies, en ont perpétué d'autres, prenant ainsi pour certaines la place de dominante. Bon on ne se sort pas comme ça de millénaires de conditionnement social.)
  • Le racisme aux États-Unis que l'autrice dénonce archi-clairement : Cole, blanche, refuse d'élever son fils, métisse, dans ce pays qu'elle considère raciste et où être noir est déjà suspect en soi.

C'est aussi un roman aux nombreuses références pop, très ancré dans notre époque. Peut-être trop ? Je suis partagée sur ce sujet. C'est très accrocheur pour le lecteur contemporain mais cela risque de mal vieillir. Enfin vous me direz, la SF aux détails technologiques délicieusement surannés j'adore aussi. C'est plutôt un point positif au final.

"Cela dit, ils n'ont pas rencontré non plus de zombies titubants, de petites villes utopiques cachant de sombres secrets, de brigandes de grand chemin ni de miliciennes timbrées."

👉 Afterland est finalement une bien agréable lecture, un peu plombée par une seconde moitié trop facile. Lauren Beukes y aborde des thématiques contemporaines, y raconte une apocalypse pandémique de façon brillante, mais se perd en cours de route.

Afterland
de Lauren Beukes
Albin Michel Imaginaire - Janvier 2022
512 pages
Traduit par Laurent Philibert-Caillat
Illustration de couverture d'Aurélien Police
Papier : 23,90€ / Numérique : 11,99€
Titre original : Afterland - 2020

3 commentaires:

  1. Les avis de la sphère imaginaire se rejoignent : une seconde partie qui loupe le coche. Dommage en effet !

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  2. Je semble seule sur ce coup-là mais là deuxième partie m'a plu de manière égale à la première :) On s'y intéresse plus à Miles, et on voit bien les dégâts sur sa psyché, c'est intéressant.

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  3. Pas sûre de me jeter dessus mais la couverture est superbe par contre !

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