vendredi 23 avril 2021

Dévolution de Max Brooks

"Rien ne peut avoir un si grand pied."

Dévolution est un thriller psychologique doublé d'un survival de Max Brooks, publié chez Calmann-Lévy Noir. Difficile de passer à côté du dernier roman de l'auteur de l'immense World War Z !

Près de Seattle, Greenloop est une communauté écologique et new age permettant à ses membres riches et idéalistes de mener une vie proche de la nature. L'éruption du mont Rainier, le volcan le plus violent du pays, les coupe du reste du monde. Kate Holland, dernière membre de la communauté, tient son journal pendant cette apocalypse. Le narrateur mène l'enquête à partir de ce document.

Autant le dire tout de suite, Dévolution n'est pas un livre de la trempe de World War Z. Cependant, il n'est pas dénué de qualités, qui apparaissent au fur et à mesure de la lecture.

Dévolution se présente comme l'enquête du narrateur sur Kate Holland, jeune femme qui a mystérieusement disparu de sa communauté en campagne aux Etats-Unis, suite à l'éruption d'un volcan et à des circonstances violentes qui restent encore à éclaircir.

Greenloop
START-UP VILLAGE
 
Kate a déménagé avec son mari dans une petite communauté d'une douzaine de personnes. Greenloop se veut un village éco-responsable, mais c'est surtout une start-up hightech reposant sur le greenwashing qui va vite se révéler un piège pour ses habitants. Car malheureusement, en cas de catastrophe majeure dans la région, il n'est plus possible de se faire livrer les courses par drone... Max Brooks se moque joyeusement de cette communauté dirigée par un PDG-gourou et sa femme. J'ai bien ri quand j'ai découvert l'histoire de la livraison des courses avec zéro potager à côté !

"Ils menaient une existence urbaine dans un milieu rural."

Kate tient un journal, elle et son mari ont des soucis et sont venus vivre à la campagne pour tenter de se retrouver. Elle y décrit tous ses voisins, de Mostar, la vieille artiste revêche au passé trouble (probablement le personnage le plus intéressant) à ses voisines venant d'adopter une petite fille mutique, en passant par le couple charismatique à l'origine du projet. Puis arrive l'impensable : le Mont Rainier entre en éruption et coupe la région du reste du monde. C'est d’abord l'espoir d'être secouru, puis le déni et enfin l'acceptation : il va falloir passer une partie de l'hiver dans la forêt, sans beaucoup de ressources pour se nourrir et des bâtiments peu autonomes.

"Le pays tout entier repose sur un système qui préfère le confort à la résilience."

LA MÉTAPHORE DE BIGFOOT

Arrivé à ce moment de la lecture, je trouvais le bouquin sympa sans plus. Max Brooks y égratignait généreusement le greenwashing, les hipsters découvrant la cambrousse, mais surtout la privatisation et l'administration Trump et sa gestion désastreuse de crise. Mais il ne s'est pas arrêté là. Parce que ce bouquin a un sujet précis, qui en France nous parle assez peu en réalité. C'est le Bigfoot. Je ne savais pas que Roosevelt raconte une anecdote sur un "homme-singe" dans The Wilderness Hunter, d'ailleurs la littérature sur Bigfoot est très fournie aux USA.

"Rien ne peut avoir un aussi grand pied."
(citation qui doit vachement mieux marcher en VO)

Et c'est donc là que ça devient un survival des plus divertissants. Parce que si les humains ont faim, et bien Bigfoot tout pareil. A partir de là ça va carrément déménager. Violemment ! La dernière scène est épique et c'est comme si on y était !! Mais surtout on comprend le fond du propos...

Encore une fois après World War Z, Brooks utilise un monstre pour personnifier une catastrophe. Car Bigfoot est ici une métaphore de la crise sanitaire traversée par le monde, et notamment les Etats-Unis, sous une gouvernance Trump incompétente et inconsciente dans un monde où le capital est plus important que la vie des populations. 

Il y analyse aussi les rapports humains, notamment la pression du groupe et les comportements qui se révèlent lors de situations inhabituelles voire apocalyptiques. 

L'auteur évoque également un retour à la nature de l'être humain. Il cite pas mal Rousseau, notamment son idée que s'éloigner de la nature modifie notre rapport à elle, et qu'y revenir pourrait équivaloir à redevenir sauvage... D'ailleurs Kate peut être très très énervante mais son (sa) (d)évolution est fulgurante.

Au final, Dévolution de Max Brooks est un divertissement tout en tension, un survival presque en forme de Guide de survie au Bigfoot, mais aussi un pamphlet contre la gestion catastrophique de la crise sanitaire par Trump. A lire chez Calmann-Lévy !

Max Brooks

Lire un extrait

Dévolution
de Max Brooks
Calmann-Lévy - Mars 2021
270 pages
Traduit de l'américain par Patrick Imbert
Papier : 19,90€ / Numérique : 14,99€
Titre original : Devolution - 2020

2 commentaires:

  1. Je suis moyennement tentée honnêtement, peut-être parce que Big Foot ça me passionne pas des masses même si ça illustre la crise sanitaire (qui ne me passionne pas non plus)

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    1. C'est valable pour les dernières scènes mais pas indispensable

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