mardi 24 septembre 2019

Le Temps de la haine de Rosa Montero

"Sans amour, la vie ne vaut pas la peine d'être vécue."

Le Temps de la haine de Rosa Montero est le troisième opus des aventures de Bruna Husky, la réplicante. Toujours publié chez Métailié, ce roman est encore une fois une réussite, même meilleur que le second tome à mon avis ! L'autrice emprunte de nouveau à l'univers de Philip K. Dick, pour le meilleur.

Attention, chronique possiblement spoilante, retrouvez mon avis sur le tome 1 : Des Larmes sous la pluie, et le tome 2 : Le Poids du cœur.

À Madrid, en 2110, dans un contexte social tendu, la réplicante Bruna Husky enquête sur la disparition du commissaire Lizard qui a été enlevé par un groupe de jeunes terroristes écologistes qui menacent d'exécuter leurs otages. Elle est aidée dans ses recherches par ses amis Yannis et Gaby, ainsi que par des extraterrestres et le boubi Bartolo.

Bruna Husky, réplicante, est détective, et continue de vivre son amour (compliqué évidemment, les deux ayant leur bon gros caractère et leur passé bien lourd) avec l'inspecteur Lizard. Dès le début du roman, il est enlevé alors qu'il enquête sur des attentats perpétrés par des terroristes anti-système et défenseurs du climat. Le compte à rebours est lancé pour le retrouver, qui vient s'ajouter à celui de Bruna (Rappelez-vous, les réplicants ne vivent que 10 ans).

Le premier chapitre est étonnant : Rosa Montero y met en scène Angela, une femme inquiétante qui  commence par se découper un tatouage (et donc un bon morceau de peau) par amour déçu... ça percute dès le départ !

Au milieu du chaos, Bruna a pour seul but de retrouver son amour, Lizard. Elle pourra compter sur des invitées surprises, ainsi que sur son ami Yannis et sa protégée Gaby (qu'elle a ramenée d'une Zone Zéro).

Encore une fois, je trouve que l'autrice a un discours très juste sur des thématiques différentes :
  • L'amour est central, essentiel pour donner du sens à cette vie dans un futur pour le moins merdique, et Rosa Montero le martèle pendant tout son roman. Le personnage d'Angela est emblématique de ce sujet. Le titre, Le Temps de la haine, est à la fois confirmé puis pris à contrepied par le roman, et c'est passionnant de lire tous ces sentiments humains, qui survivent au pire.
  • Comme à son habitude, Rosa Montero nous parle de la différence sans en avoir l'air. C'est fluide et naturel. Chaque personnage fait partie du roman à part entière.
  • Grosse critique des lobbies et des industriels, à l'instar de Bonheur TM de Jean Baret.
  • Le monde dans lequel vivent les personnages est insupportable : l'air est payant, la pollution est irréversible, il y a des guerres en tous genres, les politiques n'en ont rien à carrer et c'est dans ce contexte que se développe un mouvement "terroriste" sanguinaire (âmes sensibles s'abstenir) mais aux revendications justifiées. Leurs actes sont inacceptables, contrairement à leurs exigences frappées au coin du bon sens. L'ambivalence est assez perturbante pour le lecteur !

Selon moi, l'autrice s'est appuyée sur l'actualité mais aussi sur une nouvelle pathologie, qu'on appelle l'éco-anxiété ou anxiété climatique, pour créer son mouvement terroriste, qui concerne essentiellement des enfants, ados et jeunes adultes. Preuve malheureuse de son ancrage dans le réel, Le jour de la rédaction de cette chronique, M. Blanquer a reproché à Greta Thunberg de créer une génération de déprimés... La poutre, la paille, tout ça...

"Comment est-il possible que l'air et l'eau soient exploités par des entreprises privées ?
Comment en est-on arrivé à une telle barbarie ?"


J'ai passé un super moment à la lecture du Temps de la haine. Rosa Montero démontre une nouvelle fois son talent et continue de faire évoluer son monde cauchemardesque et pourtant si réaliste, et son personnage de réplicante, arrivant même à lui donner un nouveau souffle. Bravo, et encore !

Le Temps de la haine
de Rosa Montero
Métailié - Septembre 2019
368 pages
Traduit de l'espagnol par Myriam Chirousse 
Papier : 22€ / Numérique : 15,99€
Titre original : Los Tiempos del odio - 2018

11 commentaires:

  1. Lecture de la première citation "Sans amour, la vie ne vaut pas la peine d'être vécue."
    Merci pour le dé-conseil de lecture.

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    1. C'est bien mal connaître Rosa Montero mon toutou !

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  2. J'en ai lu les trente premières pages, ça ne m'a pas donné envie d'aller au-delà. Je passe.

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    1. Dommage ! En ayant lu les précédents ?

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    2. Justement non. C'est peut-être ça le problème.

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    3. Ah oui voilà. Si jamais tu as envie de retenter, commence par Des larmes sous la pluie !

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  3. Il faut vraiment que j'avance dans cette série ! Pourquoi le temps ne s'arrête pas pour que je puisse rattraper toutes mes lectures en retard ??!!!!!

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  4. Je suis passé complètement à côté !

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  5. Montero fait le boulot – et Husky aussi. Les indices arrivent, l'enquête progresse.

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