"Il était clair qu'on voulait qu'elle soit un pion dans cette partie. Mais je suis une reine, se dit-elle. Je peux me déplacer dans toutes les directions."
Transcription est le dernier roman en date de Kate Atkinson. Publié chez Lattès, c'est un récit historique et d'espionnage (et pas du tout de la SF, pour info, mais c'est bien quand même !) qui se déroule pendant et après la Seconde Guerre Mondiale, à Londres.
1940. Juliette Armstrong, une très jeune femme est recrutée par un
obscur département des services secrets anglais. Son rôle consiste à
transcrire les conversations de drôles de sympathisants anglais au
nazisme. Une tâche bien monotone mais qui deviendra terrifiante.
À la fin de la guerre, devenue productrice à la BBC, la voilà étrangement confrontée aux fantômes de son passé. Une autre guerre se joue là sur un terrain diffèrent et Juliette est à nouveau exposée. Tout se paie, Juliette commence à se rendre compte que tout acte a ses conséquences.
Un roman addictif alors même qu'il n'y pas tant d'action que ça. Étonnant mais réussi !
Premier chapitre, 1981 : la narratrice se fait renverser et est sur le point de mourir.
Second chapitre, 1940 : Juliette, la narratrice du roman donc, est recrutée par le MI5 en tant que dactylo (et pas espionne à son grand désespoir). Sa mission est de transcrire les enregistrements de conversations entre un agent britannique et des citoyens anglais fascistes pensant collaborer avec la Gestapo. L'action se passe en 1940, avant que le Blitz ne fonde sur Londres. Puis les choses prennent une tournure plus complexe.
Les personnages sont savoureux, très anglais (comme les dialogues !) La narratrice est à la fois agaçante de naïveté et pleine de ressource. Le récit est féministe, Juliette combat les préjugés à sa façon. Les personnages secondaires sont fouillés et permettent de parler de sujets sensibles (homosexualité, deuil, exil, communisme, fascisme...)
Ce roman est plein de faux semblants, tant pour les personnages que pour le lecteur. Kate Atkinson l'a construit intelligemment, à partir d'une histoire vraie qu'elle a connue via des documents déclassifiés par le MI5 ! J'ai apprécié cette lecture rafraîchissante et surprenante.
"Le monde est une comédie pour ceux qui pensent, une tragédie pour ceux qui ressentent." Walpole, cité par un des personnages.
Si vous souhaitez découvrir Kate Atkinson en débutant par un livre un peu SF, lisez l'excellent Une vie après l'autre, une uchronie personnelle (enfin des uchronies personnelles !) Je ne l'ai jamais chroniqué mais Lhisbei l'a parfaitement fait ici. Il est sorti en poche chez Le Livre de poche.
Transcription
de Kate Atkinson
JC Lattès - Janvier 2019
400 pages
Traduit de l'anglais par Sophie Aslanides
Papier : 22,50€ / Numérique :
Titre original : Transcription - 2018
Je lirais Une vie après l'autre parce que le thème (éculé) de la seconde guerre mondiale, je n'en peux plus !
RépondreSupprimerJ'aimerais savoir le nombre de roman qui sort chaque année avec en toile de fond cette foutue guerre.
Un commentaire un peu hors sujet mais bon... je retourne sur Qaanaaq !
Pour ma part cette période, vue de Londres, me fascine. Je préfère te prévenir, il y en a un peu dans Une vie après l'autre ! Je pense qu'un événement aussi traumatique a forcément sa place dans de nombreux romans. Mais je comprends que ça rebute pour plein de raisons !
SupprimerAh ! On verra alors...
SupprimerTiens je pensais avoir mis Une vie après l'autre dans ma wishlist mais en fait non. Rectification faite ^^.
RépondreSupprimerBien !!
SupprimerCa ne me dit trop rien. En revanche, "Une vie après l'autre" est plutôt tentant.
RépondreSupprimeril est chouette !!
SupprimerIntéressant ^^
RépondreSupprimerN'est-ce pas !!
SupprimerJe suis tellement, tellement intriguée par ce roman, c'est fou.
RépondreSupprimerFonce !
SupprimerAïe, parmi tous les Kate Atkinson que j'ai lu, celui-là serait presque une déception. Il est bourré de qualités - puis son style est comme toujours super épatant - mais je n'ai pas vraiment compris où elle voulait en venir.
RépondreSupprimerJe pense, mais ça me vient maintenant, qu'il y a un parallèle entre la transcription et la façon dont on l'interprète alors qu'il y a finalement plein de choses derriere, et le roman (ce qu'on dit explicitement au lecteur ou pas en fait)
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