vendredi 25 mars 2016

Austerlitz 10.5 d'Anne-Laure Béatrix et François-Xavier Dillard

Austerlitz 10.5 d'Anne-Laure Béatrix et François-Xavier Dillard, publié chez Belfond, est un thriller d'anticipation (à très court terme) qui se passe juste après la fameuse crue centennale de la Seine dont on parle actuellement beaucoup. Un an après la catastrophe, les parisiens, qui ont tous perdu des proches, tentent de reprendre leur vie Mais un psychopathe se met à assassiner les quelques célébrités étrangères qui osent revenir en visite à Paris.

En 1910 la Seine avait atteint lors de la grande crue de Paris son niveau maximal : 8.62 mètres sur l'échelle hydrométrique du pont d'Austerlitz. Aujourd'hui, la pluie tombe depuis trois jours dans la capitale. La plupart des arrondissements ont connu un black-out total faisant souffler un vent de panique sans précédent dans la population. Le métro a été fermé. L'ensemble du vaste réseau sous-terrain des transports publics s'étant retrouvé noyé par des hectolitres d'eau sombre et glacée. Lorsque les premiers immeubles se sont effondrés et que la grande vague de boue a déferlé sur la ville, une véritable hystérie collective s'est emparée des parisiens et les pires exactions ont été commises. Au nom de la survie... La peur, puis la violence ont déferlé sur la ville. Paris est dévastée et la plupart des habitants, du moins ceux qui ont la chance d'avoir encore un toit, se terrent chez eux en attendant que cette pluie démentielle cesse enfin... Sous le pont d'Austerlitz l'eau a atteint son record : 10.50. Un an plus tard, on sait que Paris ne sera plus jamais la même. Pour François Mallarmé qui a tout perdu dans cette catastrophe, sa femme et son enfant, la vie n'est qu'un long cauchemar. Il continue tant bien que mal à faire son boulot de flic dans une ville où plus rien n'a de sens. Jusqu'au jour où une affaire de meurtres sordides le ramène à son cauchemar, au coeur même du Louvre, dans ce musée qui pour le monde entier était le symbole de ce qui fut la plus belle ville du monde, et où même la Joconde a disparu...

Austerlitz 10.5 est un page-turner efficace. Mi-thriller, mi-post-apo, il met clairement l'accent sur la culture, sa gestion, et la politique.

Côté contexte, Paris est détruit. La vie suit bon an mal an son cours (comme toujours), mais beaucoup de gens sont à la rue, et vivent dans des bidonvilles ou dans les couloirs du métro qui a cessé de fonctionner, noyé dès les premières heures de la crue, un an plus tôt. Les autres vivotent ou sont ultra-riches et vivent dans des tours flambant neuves et sécurisés. Tout le monde a perdu un être cher ou qu'il connaissait. Le gouvernement a été déplacé à Vincennes et les luttes intestines entre les ministres et la maire de Paris s'accentuent, notamment sur le plan de la gestion de la crise, et de la Culture.

Scène de déluge, Théodore Géricault, Louvre
On part avec des personnages assez classiques : le flic brisé qui a perdu sa famille pendant la catastrophe (les premiers chapitres sont violents, âmes sensibles...) et la jeune (et jolie évidemment) journaliste, intelligente et idéaliste, "qui n'en veut". Ajoutez à ça des politiques prêts à tout pour être au sommet, et des conservateurs de musée désespérés.

Les personnages principaux sont cependant le Louvre et la Joconde. Le musée est démoli, de nombreuses œuvres ont disparu... Et continuent à disparaître ! A côté de cela, des célébrités sont assassinées après avoir passé la soirée dans l'établissement en ruine, et l'enfant de l'une d'elle est porté disparu. Suffisamment d'éléments pour alerter le flic et la journaliste.

Le Louvre

La décadence est au centre du récit, un peu comme si les auteurs passaient un message disant que si la culture fout le camp, tout fout le camp. Que si la beauté dans ce monde est perdue, monnayée, c'est signe que tout va mal. Et qu'il y a tant à connaître et à découvrir. Et pour faire passer ce message, ils n'hésitent pas à user de violence, notamment dans une scène tout à fait digne d'Orange Mécanique dans les sous-sols de Paris.

La Joconde au Louvre
Pour résumer Austerlitz 10.5 d'Anne-Laure Béatrix et François-Xavier Dillard, publié chez Belfond, a de bons éléments SF/dystopiques, utilise une peur actuelle autour la fameuse crue centennale de la Seine, et met la culture au centre de son intrigue, ce qui est rare mais fait sens, Béatrix étant directrice des relations publiques du Louvre. Voici un roman qui fait une belle publicité au musée, car je vous assure que malgré toute cette violence, il donne envie de s'y rendre. Les personnages, bien qu'ayant l'air de prime abord assez manichéens, se révèlent au final intéressants. Après je ne suis pas sûre d'adhérer à l'histoire autour de la Joconde. Tout cela est-il vraisemblable ou suis-je trop naïve ? A vous de voir !
Lire le début



Austerlitz 10.5
d'Anne-Laure Béatrix et François-Xavier Dillard
Belfond - Mars 2016
272 pages
Papier : 19€ / Numérique : 12,99€

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