jeudi 30 avril 2020

L'Invasion des profanateurs de Jack Finney

"J'ai l'impression que mon père n'est plus mon père !"

L'Invasion des profanateurs est un roman de SF de Jack Finney. Paru en français d'abord chez Clancier Guénaud dans les années 70, puis chez Denoël en collection Présence du futur dans les années 90, il a été réédité chez Folio SF. Il est malheureusement épuisé chez l'éditeur, donc trouvable en occasion uniquement. Il a été écrit en 1955.

L'Invasion des profanateurs a été adapté plusieurs fois au cinéma, je n'ai vu aucun des films, c'est donc tout à fait vierge d'a priori que j'ai entamé cette lecture !

La traduction du titre n'est pas folichonne, littéralement Body Snatchers donnerait plutôt les voleurs de corps. La pire étant celle du film de Don Siegel, qui parle de profanateurs de sépultures, personne ne fait ça, ni dans le roman, ni me semble-t-il dans le film !

Ces cosses venaient d'ailleurs. Elles voulaient des corps humains. Et un jour, elles se mirent à les prendre... Un classique de la science-fiction qui met en scène une lutte haletant d'un homme contre des visiteurs pour le moins inattendus : ses voisins, ses amis, ses parents. 

Voici un classique de la SF sur le thème de l'invasion extraterrestre, mais silencieuse.

Tout d'abord l'intrigue : Finney mène bien sa barque. Un jeune médecin dans une petite ville des Etats-Unis commence à voir arriver à son cabinet des gens qui consultent pour une raison étrange. Ils sont persuadés que leurs proches ne sont plus leurs proches, ils y ressemblent, ont leurs souvenirs, mais certains détails clochent, comme un manque d'émotions. 

Ce que j'aime chez cet auteur, dont j'ai également lu Le Voyage de Simon Morley, c'est l'aspect psychologique du problème : les personnages se demandent s'ils deviennent fous, discutent beaucoup. Ils ont beau être sûrs d'eux à un instant T, juste après ils doutent. D'ailleurs, le médecin commence évidemment par chercher des explications rationnelles, et envoie ses patients chez le psychiatre, parce qu'il les pense complètement paranos. Leurs symptômes collent d'ailleurs très bien à ce qu'on nomme le syndrome de Capgras, un délire d'illusion de sosies !

Donc les changements se situent dans les détails. J'ai trouvé intéressant que le narrateur décèle des différences dans sa ville par exemple. Il ne reconnaît pas le lieu de son enfance, qui décrépit. Et cependant, cela n'est toujours pas une preuve factuelle d'un remplacement... Mais c'en est une du talent de l'auteur à décrire une certaine Amérique.

On peut interpréter ce bouquin de plein de façons : l'auteur parle-t-il du temps qui passe, des gens qui changent sans que l'on s'en rende vraiment compte, ou du grand remplacement par des soviétiques (1955 pour la date, je le rappelle !), de la vie qui trouve toujours un chemin ?

"La vie adopte toujours les formes les plus appropriées."

En tous les cas, Finney sait instiller une certaine tension, une paranoïa, qui ne nous lâche pas de tout le roman. L'autre force de cette histoire, c'est qu'il y a au final très peu de violence. C'est étonnant et agréable.

Du côté des reproches, et bien qui dit 1955 dit sexisme et là c'est pfiouuu pas facile à lire. Je me disais non mais c'est pas possible, puis immédiatement 1955, 1955, respire haha ! On est au gros level de paternalisme : les femmes sont infantilisées, à manipuler avec précaution à cause de leurs petits nerfs fragiles. Mais elles sont aussi des bonnes à tout faire bien sûr. Cependant, pour le volet sociétal, on notera que les deux personnages principaux, le docteur, ainsi que son amie Becky, sont divorcés ! Un aspect positif, et plutôt progressiste. D'ailleurs, pour avoir aussi lu Le Voyage de Simon Morley, écrit en 1970, je peux dire que l'auteur a évolué dans le bon sens ! Un point pour lui !

Pour résumer, j'ai plutôt apprécié la lecture de L'Invasion des profanateurs de Jack Finney. Un roman d'invasion extraterrestre silencieuse, plutôt axé sur le côté psychologique. On passera sur le sexisme d'époque (1955) pour ne retenir que le progressisme qu'on ressent, et la tension qu'a su instiller l'auteur dans son intrigue. J'ai pensé à Marionnettes humaines d'Heinlein sur le même thème, mais pas le même ton !

Lecture n°6/17 pour le #DéfiCortex
Lieu Terre à Terre : Amérique du Nord

L'Invasion des profanateurs 
de Jack Finney
Denoël - 1994
Folio SF - 2000
256 pages
Traduit de l'américain par Michel Lebrun
Epuisé chez les éditeurs
Trouvable d'occasion 
Titre original : Body snatchers - 1955

8 commentaires:

  1. Je n'ai pas compris : il date de quand ce livre ? =P
    Merci d'avoir cité "Marionnettes humaines", je ne trouvais pas à quoi ça me faisait penser. J'espère que, malgré de mêmes défauts, il est meilleur que ce dernier qui n'est quand même guère brillant...

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    1. T'as raison beaucoup trop de dates 🤣
      Le ton comme je le disais est différent, c'est moins aventure et moins les méchants communistes, c'est mieux oui

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  2. Le thème me plaît, mais est-ce que j'arriverais à passer au-dessus du sexisme.... Peut-être que Le voyage de Simon Morley serait plus pour moi. A voir.

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    1. Après en remettant en contexte, c'est faisable... mais c'est énervant

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  3. J'ai aimé "Le voyage de Simon Morley" et les films tirés de celui-ci mais, bizarrement, je crois que je vais faire l'impasse…

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  4. Tu vas pouvoir regarder The Faculty maintenant pour comparer :P

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    1. Attends je crois que je l'ai vu il y a hum... je sais plus !!

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