jeudi 8 août 2013

Le Voyageur solitaire de Jean-Marc Ligny


Le pitch :
Tag Fades était un homme gris, aigri, amaigri. Un homme assez désespéré pour accepter de partir seul pour un voyage de cinquante-deux ans vers la planète Canaan à la recherche des premiers colons humains portés disparus. Mais ses motivations personnelles sont toutes autres. Pourra-t-il enfin être seul et échapper à l'humanité ? Et que trouvera-t-il en lui-même dans cette fuite sans retour ?
Premier des quatre récits de ce recueil, Le Voyageur Solitaire plante le décor des Chroniques des Nouveaux Mondes, un cycle de science fiction dans lequel Jean-Marc Ligny explore le futur mais surtout l'âme humaine, des profondeurs de l'espace à celle de la Terre.

Mon avis :
J'ai acheté ce petit recueil numérique (89 pages) il y a quelques temps déjà, et ai eu envie d'enfin m'y plonger, car j'avais besoin de court ! Le Voyageur solitaire est constitué de quatre nouvelles faisant partie des Chroniques des Nouveaux Mondes de Jean-Marc Ligny et est publié chez ActuSF.

C'est dans les années 80 que l'auteur a décidé de se frotter au space-opera. Il s'est aperçu peu après que ce n'était pas sa tasse de thé, comme il le précise dans sa préface. Et je dois dire que malheureusement ça se ressent. Autant j'ai retrouvé avec plaisir le Ligny qui parle de l'humain, autant j'ai bien compris que ce n'était pas sa came de faire voler des vaisseaux spatiaux, cela n'étant vraiment pas central dans l'intrigue. C'est essentiellement le côté métaphorique du voyage, la partie "solitude" et "altérité" qui l'intéresse, la psychologie de ses personnages, leurs doutes, leurs espoirs, leurs peurs.

Parmi ces quatre nouvelles, seules deux ont, à mon avis, leur place dans ce recueil. Éventuellement une troisième, en poussant un peu. Ce qui les relie toutes, ce sont ces consortiums géants qui régissent industries, commerces, voyages spatiaux, nourriture, dans les mondes connus. Et aussi les noms ridicules des protagonistes, oui je pense à Dard de Ville, ou encore à Gantoong Mash Majathan et sa compagne Omali Xin Alia-Altia.

Le Voyageur solitaire : un misanthrope exprimant le souhait de s'exiler afin de rester totalement seul est pris au mot par la compagnie spatiale qui l'emploie et envoyé contre son gré dans l'espace pour un voyage sans retour vers une colonie qui ne donne plus de nouvelles, après évidemment être enfin tombé amoureux. Il sera également épié jour et nuit, comme dans une sorte de télé-réalité de l'espace. Le voyage sera rude psychologiquement pour notre bonhomme, et la métaphore de la mue sera clairement comprise par le lecteur.

Le Traqueur d'extrêmes : Ah Dard de Ville ! Amateur de sensations fortes et misanthrope lui aussi, il recherche depuis toujours l'endroit le plus isolé de l'univers. Ironie du sort, pour se permettre de réaliser son rêve, il est obligé d'être modifié par les grands consortiums qui l'aident dans sa tache mais le suivent également partout. Au fond de l'océan, dans le noir de l'espace, quelqu'un vous entendra toujours crier. Dommage ! Une nouvelle qui est intéressante de par la description certes rapide mais fort sympathique des divers lieux que visite le narrateur, et où l'on sent l'intérêt de Ligny pour la préservation de la nature. Le côté space-opera que j'attendais est totalement absent, mais les lieux visités sont un plaisir à découvrir.

Le Cas du chasseur : Pour moi cette nouvelle est vraiment hors sujet. Une femme-louve est poursuivie pour avoir tué un chasseur qui tentait de tuer un lapin. Dans cette société les animaux sont capables de s'exprimer et de réclamer des droits. C'est l'histoire de son procès, à travers lequel on découvre la vie sur cette planète. Seul lien avec le thème : la modification génétique de la femme-louve et une référence à un consortium. Une belle fable sur la défense des animaux, avec une chouette chute, mais qui se passe sur Terre, sans incursion aucune dans l'espace.

L'Astroport : cette nouvelle peut justifier à elle seule l'achat du recueil. Ligny y parle d'un couple naufragé de l'espace sur un étrange Astroport, depuis dix ans. Lui Terrien, elle Martienne, ils se sont mis ensemble par la force des choses. De cette union est né un enfant très particulier, en communion avec l'Astroport (à l'insu de ses parents), l'Altérité, une Anomalie plutôt inquiétante dont on peut penser qu'elle a provoqué le naufrage. J'y ai vu une réflexion sur le couple et l'arrivée de l'enfant, quand on se lance dans l'inconnu. C'est aussi une histoire stressante, pour ces gens perdus dans l'espace, subsistant avec presque rien, et bien sûr la découverte pour le lecteur d'une forme de vie très différente.

Une interview intéressante et bienvenue conclut ce recueil numérique. On y apprend par ailleurs qu'Exodes a failli s'appeler "L'Effet Vénus" !

Pour résumer, ce recueil est trop hétéroclite à mon goût, notamment à cause du Cas du chasseur, qui est comme un cheveu sur la soupe malgré sa qualité. Deux nouvelles m'ont plus particulièrement plu, à savoir Le Traqueur d'extrêmes et L'Astroport. Elles peuvent justifier l'achat de ce livre numérique somme toute pas très cher. Dommage que l'ensemble ne soit pas plus cohérent. Je préfère largement Ligny dans ses œuvres climatiques !

Les avis de Julien, Nébal, Efelle,

D'autres livres de Jean-Marc Ligny sur le blog.

Lecture n°47 dans le cadre
du challenge Je lis des nouvelles et des novellas
Lecture n°3 dans le cadre
du Summer Star Wars Episode I



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