samedi 3 novembre 2012

L'Après-dieux de Maëlig Duval

Le pitch :
Albert Vaclau est fonctionnaire au bureau de la Reconstruction.
Il évalue de 1 à 5 les dégâts de la guerre civile dans les villages à reconstruire.
Il classe les organisations non gouvernementales de 1 à 9, selon leur niveau de sédition.
Mais quand il rencontre Eva et son fils, il doit se rendre à l’évidence : aucune échelle de valeurs ne peut s’appliquer à eux.

Mon avis :
Sur les conseils d'un grand connaisseur de post-apo, j'ai acheté tout récemment L'Après-dieux de Maëlig Duval, paru chez les chouettes Éditions Griffe d'Encre

Il n'y a pas de hasard, déclara Georges. Il y a des signes.

Cette novella a bénéficié du "cycle pour les romans" du collectif Cocyclics. Voici 127 pages de poésie et de mythes, présentées sous une jolie couverture, certes sombre, mais parlante, d'Alexandre Dainche.

J'ai été étonnée par ce court roman, premier de l'auteure. Dans cette dystopie fantasy et post-apo, les dieux, qui venaient auparavant écouter les hommes qui souhaitaient leur parler dans des temples, ont mystérieusement disparus. S'en est suivi une guerre civile qui a tout détruit, et a entrainé énormément de morts. La procréation est devenu impossible. Bref que du bonheur. Pour parachever ce tableau idyllique, le nouveau gouvernement au pouvoir se repose sur des fonctionnaires chargés de classifier les dégâts, d'engager les travaux pour raser les villages et de dénoncer les séditieux qui parleraient encore des dieux, sujet non seulement tabou mais aussi interdit.

Albert, fonctionnaire, va à son grand étonnement rencontrer une femme et son fils dans un village en ruine. Ils changeront irrémédiablement sa vision des choses.

Ce livre nous parle des mythes d'une manière poétique. Les dieux disparus ont laissé les humains démunis, orphelins, car toute leur vie tournait autour d'eux. Ils étaient les confidents à qui ils racontaient leur sincère impression sur le monde, se rendant régulièrement dans les temples. Chaque étape de leur vie était rythmée par les dieux, qui ont bercé leur enfance. De plus, quand quelqu'un mourrait, son corps se désintégrant pour ne laisser derrière lui qu'une plume, reflet de son âme, celle-ci était confiée à un dieu en s'ajoutant à son plumage.

Tout cela m'a fait penser à la perte de l'innocence. Les gens commencent à mentir, il n'y a plus d'enfants, ou alors des "monstres" issus d'expériences ratées pour relancer la fertilité. On ne communique plus, on ne se montre plus sincère (par obligation mais aussi par choix). L'âme sous la forme de la plume, se flétrit sans attache. Les personnages, que l'ont ressent souvent comme naïfs, sont obligés de s'adapter à ce monde, mais certains refusent...

Tous les humains de ce roman sont perdus, se réfugiant qui dans l'alcool, qui dans l'illusion de l'amour, mais aussi dans le travail, ou le passé, les légendes... Finalement c'est assez indescriptible... et prenant.

La brioche, murmura-t-elle, c'est doux, c'est chaud et ça se mange. ça fond sur la langue, ça réconforte. L'odeur de la brioche, c'est tout cela avec l'espoir en plus. L'odeur de la brioche, ça te réchauffe le ventre d'avance, ça emplit ton cœur d'amour et ça t'emmitoufle dans un gigantesque coussin moelleux.
(Si c'est pas d'la poésie ça. J'adore)

Maëlig Duval nous offre une novella poétique, dystopie post-apocalyptique et mythique étonnante, empreinte de naïveté, sur la perte mais aussi la recherche de l'innocence et du bonheur. 

CITRIQ

3 commentaires:

  1. je me posais la question justement pour ce bouquin ... j'ai une réponse. ma PAL te remercie de la nourrir ;)

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  2. Ca a l'air intéressant en effet ^^

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  3. J'avais pas lu ta chronique, mais je vois qu'on a été séduite par la brioche au sucre. Je ne sais pas combien de fois j'ai lu ce paragraphe ... J'ai été émerveillé de cette description ...
    Encore une très belle Novella chez griffe d'encre ....

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