mercredi 17 octobre 2012

Les Peaux-Epaisses de Laurent Genefort

Le pitch :
Lark et Roko : deux mercenaires parmi les plus doués et les plus chers. Le premier est un ancien peau-épaisse, un humain modifié pour résister aux conditions de travail dans l'espace. Après trente ans de métier, il décide de raccrocher et de rejoindre les siens. Le second, formé par Lark, déteste les Peaux-Épaisses. Depuis une affaire qui a mal tourné, il les chasse pour revendre leurs peaux, véritables combinaisons spatiales vivantes. Quand on l'engage pour éliminer le clan de Lark, son chemin va à nouveau croiser celui de son ancien mentor. Lark parviendra-t-il à retrouver et sauver son clan ? Et Roko assouvira-t-il enfin sa vengeance ? Une seule certitude : il y a des comptes à solder... d'un côté comme de l'autre.

Mon avis :

Si tu veux mon avis, les hommes déploient le plus d'imagination dans deux domaines :
les moyens de se saouler, et la panoplie la plus adéquate pour foutre en l'air son semblable.

Paru en 1992 au FNA, puis en 1998 chez Mnémos, Les Peaux-Epaisses de Laurent Genefort est réédité en cette rentrée chez les Éditions Critic, dans une version revue et corrigée.

Roko est un mercenaire très méchant, et en colère. A cause des Peaux-Epaisses, ces post-humains génétiquement modifiés pour évoluer dans le vide, il a perdu deux ans de sa vie. Alors quand une multimondiale lui demande d'éliminer tout un clan et de ramener leurs peaux d'une grande valeur monétaire, il est ravi. Sauf que le clan en question est celui de son ancien maître Lark, récemment retraité et rappelé par son clan pour les protéger, et que donc ça ne va pas se passer comme ça mon p'tit gars.

Techniquement, l'intrigue de base de ce roman est classique. En gros, la question est : qui de l'élève ou du maître en sortira vainqueur ? On a affaire à un space-opera testostéroné dans lequel les armes en tout genre, les poursuites et les coups-bas se succèdent pour notre plus grand plaisir.

Cependant, j'ai trouvé que l'intérêt de ce récit se situait au-delà de l'intrigue, déjà sympathique en elle-même.

D'abord, les mondes visités : pfiouuuuu ! Laurent Genefort se révèle, comme souvent, un "imagineur" de mondes hors-pair. L'aventure commence sur Hyllos, une planète où planent des aérozoaires, êtres vivants de 5 km de diamètre dans lesquels vivent des humains. Roko y cache même des corps dans les murs de chair. On continue sur Tycho Deux, structure spatiale en forme de pneu de tracteur, par une belle balade en aérotrain. D'autres endroits encore nous sont formidablement décrits par l'auteur. Et l'endroit où se passe la fin est glauque comme il faut !

Ensuite les personnages : fouillés, profonds, torturés par un passé difficile, ils ont une épaisseur (ha ha !) indéniable. On y croit, on est dedans, même avec les personnages secondaires. Je vous ai dit qu'on était dans un roman musclé, mais pas que. Il y a de la sensibilité à l'intérieur de cette histoire, incarnée d'un part par Lark, qui à l'aube de sa retraite entreprend un retour à ses racines, et de l'autre Anson, un jeune universitaire bègue qui étudie les peuples post-humains et notamment les Peaux-Epaisses. Ceux-ci ne sont pas considérés comme de vrais êtres humains, mais plutôt comme des bêtes de somme. Pourtant Anson va découvrir en les côtoyant des choses étonnantes.

Finalement ce space-opéra est une réflexion sur le droit à la différence : les post-humains devraient avoir leur place dans l'humanité qui les a créés pour son profit puis remplacés par des drones, mais ils sont rejetés et haïs. Peu de gens tentent de les connaître et de les comprendre. Par les yeux de l'universitaire, le lecteur expérimente la découverte d'un peuple en souffrance...

J'ai appris que l'univers nous prend beaucoup et nous offre peu.
Chaque parcelle de joie, il faut la saisir pendant qu'elle est à portée.

Petite parenthèse sur la couverture de Ronan Toulhoat : je la trouvais sympa déjà au départ, mais quand j'ai lu le passage auquel elle se rapporte, surtout le lieu et ce qu'il représente, je l'ai trouvé encore plus belle. Voilà, pour comprendre, il faudra lire !

Pour résumer, Les Peaux-Epaisses est un space-opéra musclé avec de la sensibilité et de la réflexion dans le dedans, assez noir, avec une intrigue classique mais qui permettra à tous de passer un bon moment de lecture en compagnie de Laurent Genefort (J'ai envie de dire : comme d'hab !)


Si cette chronique vous met en appétit, je vous réserve une petite surprise pour samedi ;-)

Vous pouvez aussi lire celle de Guillaume.

De Laurent Genefort sur le blog :


6 commentaires:

  1. Si vous vous y mettez à deux pour vanter les mérites de ce bouquin... Je m'incline et irai me le chercher demain.

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  2. Je crois que je vais le noter dans ma liste celui là !

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  3. Han, un peu que j'ai faim du coup !
    Je guette samedi alors...

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  4. Bon encore un sur ma wish-list... Elle devient carrément gigantesque, là... ^^

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  5. Genefort devrait faire plus de personnages comme ça, des humains très différends, comme le fait souvent un Neal Asher, par exemple.Parce qu'en général, ses personnages n'ont rien de bien spécial.

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