samedi 14 septembre 2013

☺ Cœurs de rouille de Justine Niogret


Quand Le Pré aux Clercs m'a proposé de lire Cœurs de rouille de Justine Niogret, publié dans leur collection Young Adult Pandore, je n'ai pas hésité (Pourtant je ne suis pas très YA). Après Gueule de Truie, j'avais besoin d'une nouvelle rencontre avec l'auteure.

Et quelle rencontre ! 

Saxe est un jeune homme qui fabrique des agolems, automates remplaçant les golems au service des humains d'une étrange cité en déréliction. Dresde est un golem. Il est étonnant qu'elle soit encore "en vie" puisque ses semblables ont été détruits car considérés comme trop dangereux. Et en effet leur rencontre dans le quartier abandonné des artistes est plutôt musclée. Ils décident cependant de fuir ensemble cette cité qui tombe en ruine. Mais pour cela il va leur falloir traverser ses différents niveaux, avec à leur trousse un autre golem, en colère, Pue-La-Viande. 

Après Gueule de Truie, je vous présente Pue-La-Viande. Protagoniste principal du premier chapitre du roman, il marque par sa violence et sa haine. Cette première scène a été assez éprouvante à lire. C'est une agression qui m'a laissé une impression de malaise très forte. Peut-être d'autant plus que je suis une femme. (Mais j'attendrai vos avis à ce sujet) 

Le style de Justine Niogret est bien présent dans ce roman, et ce malgré l'étiquette YA. La Fantasy steampunk de l'auteure est sale et effrayante, un peu à la Noirez et sa Féérie pour les ténèbres. Ce n'est pas tendre, c'est malgré tout poétique et certainement à réserver à un public averti.

Cœurs de rouille est un voyage initiatique à travers les niveaux, les couches superposées de la cité. C'est un voyage dans la mémoire et les souvenirs, sur ce qui fait de nous ce que nous sommes, ce qui nous a construits, ce qu'on a oublié. C'est une histoire de temps qui passe, de choses qui se détraquent. C'est aussi l'histoire d'une naissance. D'ailleurs le rôle de Dresde m'a souvent paru ambigu : est-ce une amoureuse ou une mère ?

C'est intelligent : l'auteure explore diverses mythologies et les intègre à son intrigue. Ses personnages traversent un véritable purgatoire, s'enfonçant de plus en plus profondément dans les entrailles cette cité qui est elle-même un personnage à part entière, chaque niveau contenant son lot d'horreur, de mémoire, de révélations et d'épreuves. Tout cela est aussi très esthétique, dans un style steampunk et quasi apocalyptique.

"Je les entendais vaguement ; ils parlaient de possibilités et du futur, des années à venir.
Ils disaient cela sous un soleil fort, et maintenant, nous les voyons, les années présentes :
des peaux de chiens pourries et une pluie qui bave de chaque plafond."

Finalement, qu'y a-t-il de YA dans ce roman ? La typo, énorme. La jeunesse du héros. Beaucoup moins d'introspection que dans Gueule de Truie ou Mordre le bouclier. Et un truc dont je ne peux pas vous parler, mais vous vous en doutez. (si si). En fait quand Justine Niogret écrit du YA, cela donne un excellent roman accessible au commun des mortels (averti, comme je l'ai déjà dit).

Je trouve pour ma part la couverture très jolie, parfaitement représentative de ces golems en porcelaine aux yeux de bronze à travers lesquels on aperçoit leurs engrenages. (J'ai cru apercevoir sur le net la couv' à laquelle on a échappé, ouf !)

Dernier point, qui m'a convaincue de ne plus afficher les 4ème de couv' dans mes chroniques : celui de Cœurs de rouille contient un spoil qui m'a un peu défrisée je l'avoue. Parce que quand ce qu'on t'annonce, tu ne le découvres dans le roman que 10 pages avant la fin, c'est juste très désagréable. Surtout que c'est censé être une révélation. Information transmise à l'éditeur.

Pour résumer, Cœurs de rouille de Justine Niogret est un excellent roman de Fantasy steampunk, sale et effrayant. Le Pré aux Clercs a doté sa collection Pandore d'un texte intelligent et prenant. Je vous laisse le "plaisir" de découvrir Pue-La-Viande, et cette première scène, terrible, que j'ai toujours en mémoire, ainsi que les péripéties et questionnements de Saxe et Dresde dans ce décor dévasté. L'imagination de l'auteure m'a bluffée. Donc un conseil : lisez le bouquin, et pas son 4ème de couv' !

Intelligent, prenant, torturé, esthétique, lisez-le !
(j'ai failli créer le 4.5 pour celui-ci)
Même si je ne sais pas vraiment de quel genre de sentiments il s'agit dans ce roman.
Lecture n°6 dans le cadre du challenge My Summer of SFFF Love

9 commentaires:

  1. Parce que ce n'est pas un coup de cœur ! (j'ai pas trop aimé la fin mais chut)

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  2. J'avoue que tu me tentes bien pour le coup (plus que Mordred qui vient de sortir aussi.)
    J'ai beaucoup aimé :
    "Finalement, qu'y a-t-il de YA dans ce roman ? La typo, énorme."

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  3. Je suis déja plusieurs fois tombée sur ce livre, et ta chronique me donne encore plus envie de lire ce livre.
    Et je note : ne pas lire la 4e de couverture. Mais j'ai pris l'habitude de ne pas le faire, car ce serait pas le premier livre ou la 4e spoil un passage important :/

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  4. Je prends note : surtout, ne pas lire la 4e de couv xD

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  5. Oh que oui : le 4e de couverture spoile. Heureusement que je ne l'ai pas lu avant ma lecture, sinon cela m'aurait passablement agacée. La descente des niveaux est particulièrement réussie, on frissonne durant notre lecture. Une blogueuse, SandrineBM a noté la "force d'évocation" de Justine Niogret dans ce roman, et j'ai trouvé l'expression très juste.

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  6. Un excellent roman de Justine Niogret, à n'en pas douter.

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  7. je ne sais pas si tu m'as convaincue mais tu en parles bien !

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  8. Un roman qui commence bien mais qui lasse très vite...

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