mercredi 11 mars 2015

Winter people de Jennifer McMahon

Winter people est un roman fantastique de Jennifer McMahon, publié chez Robert Laffont. Il se déroule sur deux époques en alternance, et parle essentiellement du deuil.

"Nous approchons de la fin de son septième jour, mais ma petite fille reste tapie dans la pénombre. Elle est là, puis disparaît sans prévenir. J'ai pu constater qu'elle était très pâle, avec les yeux cernés et vêtue, comme ce matin ou elle est partie chercher son père, de sa robe bleue, de ses bas en laine et de son petit manteau noir. Ses cheveux sont emmêlés. Elle a les joues maculées de terre. Il émane d'elle une odeur de brûlé, celle d'une bougie qu'on vient de souffler. Elle fait peur à Shep. Il fixe parfois les ténèbres en grognant, les poils du cou hérissés. Depuis que j'ai fini d'écrire notre histoire, je lui parle, lui fredonne des chansons, je fais tout pour l'inciter à se montrer. Tu te rappelles ? lui dis-je. Tu te rappelles ?"
Et si l'amour était vraiment plus fort que la mort ? Et si vous aviez la possibilité de ramener de l'au-delà l'être que vous aimez le plus au monde ?

Winter people est un roman qui se lit en une après-midi. Pourquoi ? Parce que la police de caractères est énorme. Mais aussi parce que c'est un roman sympathique. Cependant il ne possède pas la charge émotionnelle suggérée par l'éditeur, et qu'il devrait avoir étant donné le sujet développé. Et se révèle bien trop prévisible.

Le roman traite d'un sujet grave, la perte d'un enfant. Il parle du deuil impossible. Et puis le fantastique, très (trop ?) rapidement s'invite : il existe une possibilité de faire revenir l'être aimé, pour sept jours. Et les morts se relèvent. Mais évidemment ce n'est pas sans conséquence.

Voilà en substance le propos de Winter people. Sara a perdu sa fille avec qui elle avait une relation fusionnelle, et tombe dans la dépression, avant de se rappeler que la femme qui l'a élevée lui a légué le secret pour faire se relever un mort. Mais le décès de la petite Gertie est suspect : elle est tombée dans un puits, elle qui connaissait pourtant bien la forêt. C'était en 1908. Peu de temps après, cette même année, Sara et son mari sont retrouvés morts, semblant s'être entretués. L'histoire est connue grâce au journal de Sara, publié par la suite par sa nièce. Mais les pages finales sont manquantes...

De nos jours, Ruthie, étudiante qui habite dans la ferme de Sara mais n'en connait pas l'histoire, constate la disparition inquiétante de sa mère. Elle doit alors s'occuper de sa petite sœur, et tenter de trouver des indices dans la maison pour retrouver leur mère. Elles découvrent que la vieille ferme est truffée de cachettes, créées par... Sara.

Un plus à cette lecture : l'aspect presque féministe de certains passages. En 1908, Sara, qui a perdu sa fille, fait une dépression. Cependant à l'époque, on considère que c'est quelque chose de féminin, qui serait de l'hystérie. Le remède ? L'internement pur et simple en psychiatrie, bien sûr. 

Je ne me suis pas ennuyée à cette lecture. J'ai même pensé au sympathique Ceux de l'autre rive de Buehlman, pour son côté fantastique classique, et la peur millénaire de la forêt et des créatures qui la peuplent. Mais ce roman est beaucoup moins horrifique, totalement prévisible, et n'apporte rien de nouveau, d'étonnant, de choquant, etc... Et même au niveau des émotions, l'auteure n'arrive pas à la cheville du Dieu dans l'ombre de Robin Hobb, qui m'avait pourtant déplu. La promesse n'est pas tenue.

Pour résumer, Winter people de Jennifer McMahon aux Editions Robert Laffont est un roman fantastique particulièrement classique et prévisible. On ne s'ennuie pas, mais la promesse d'émotion et de frisson est loin d'être tenue. Lisible, mais dispensable.
Participation n°6
dans le cadre du Zombies challenge
de La Prophétie des Ânes

Winter people
de Jennifer McMahon
Editions Robert Laffont - Février 2015
432 pages
Traduit de l'anglais par Jean-Baptiste Bernet
Papier : 21€ / Numérique : 14,99€
Titre original : Winter people - 2014

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