Lune noire de Kenneth Calhoun est un roman apocalyptique publié par Actes Sud dans la collection Exofictions.
Voilà que les hommes, pour des raisons inexpliquées, se mettent à perdre
le sommeil. Rapidement, les rues se remplissent d’êtres aux yeux
hagards, ivres d’épuisement et au bord de l’inconscience. Seuls
quelques-uns échappent au fléau et doivent se cacher pour survivre,
tandis que l’humanité sombre et que l’ancien monde s’effondre comme un
château de cartes.
Le genre post-apo est un grand classique en SF. Dans les années 50, les extra-terrestres et le nucléaire provoquaient le plus souvent la fin de notre civilisation. Normal, entre la peur de l'autre, cet étranger, et les armes de destruction massive suite à la Seconde Guerre Mondiale, et plus largement la technologie.
Ces deux thèmes font encore les beaux jours du post-apo (en y adjoignant maintenant les catastrophes écologiques), de façon plus ou moins classique (maladies causées par la technologie, zombies, diverses armes de guerre, révolte des machines...). Et puis parfois certains auteurs essaient de trouver une idée différente, originale. Cela peut marcher, comme dans Bird box de Josh Malerman (sur le thème de l'autre et de la peur de l'inconnu, avec une humanité aveugle par nécessité, la bonne flippe !!), et d'autres se plantent, comme Kenneth Calhoun dans Lune noire.
Ces deux thèmes font encore les beaux jours du post-apo (en y adjoignant maintenant les catastrophes écologiques), de façon plus ou moins classique (maladies causées par la technologie, zombies, diverses armes de guerre, révolte des machines...). Et puis parfois certains auteurs essaient de trouver une idée différente, originale. Cela peut marcher, comme dans Bird box de Josh Malerman (sur le thème de l'autre et de la peur de l'inconnu, avec une humanité aveugle par nécessité, la bonne flippe !!), et d'autres se plantent, comme Kenneth Calhoun dans Lune noire.
On suit principalement trois personnages. Un homme immunisé, Biggs, qui tente de protéger sa femme insomniaque (et de se protéger d'elle aussi...), un jeune adulte, Chase, avec des soucis d'impuissance, ce qui semble être la caractéristique essentielle de son personnage, et une jeune ado, Lila, forcée de quitter ses parents insomniaques qui veulent la tuer car elle continue de pouvoir dormir. Autant j'ai ressenti de l'empathie au départ pour le premier et la dernière, autant le second m'a paru sans intérêt, à part pour nous présenter son ex-copine, Félicia, qui aura un petit rôle là-dedans. (L'histoire de Chase et Félicia aura tout de même une conclusion non-dite satisfaisante.)
Le problème de ce roman, c'est qu'il est décousu. Alors on devine évidemment que c'est une volonté de l'auteur, car après tout il ne fait que parler de personnes en manque de sommeil (les insomniaques pour la raison qu'on connait, et les autres parce qu'ils ont peur de se faire massacrer). Calhoun veut faire ressentir cela au lecteur. Mais franchement c'est pénible à suivre. Il n'y a aucun repère chronologique dans les trois récits. On ne fait aucune différence entre rêve et réalité. Le récit du mari est prétexte à se pencher sur sa vie avec sa femme dépressive car ils ne peuvent concevoir un enfant. Le récit du jeune adulte est prétexte à se pencher sur son impuissance. Seul le récit de l'adolescente m'a à peu près touchée.
Certains passages (deux / trois) sont excellents, malheureusement ce sont ceux qui ne concernent pas nos personnages habituels. On a l'histoire d'un couple insomniaque et leur bébé, et celle de Félicia, l'ex-copine de Chase.
Finalement j'ai l'impression d'avoir perdu mon temps sur un roman qui aurait pu être excellent si mieux maîtrisé, ou mené différemment. Parce que l'idée de départ était chouette : priver quelqu'un de sommeil, c'est le mener inexorablement à la folie puis à la mort. Parce que certaines réflexions, sur l'importance du rêve, sa signification, et ce qui nous sépare de la bête, sont vraiment intéressantes. Parce que toute la question est le contrôle impossible de notre corps : ne pas pouvoir dormir, ne pas pouvoir s'empêcher de dormir, ne pas pouvoir bander, ne pas pouvoir débander, ne pas pouvoir rêver, ne pas pouvoir contrôler ses rêves... Mais malgré ces pistes enthousiasmantes, c'est décousu, sans rythme...
On n'est pas loin de la littérature générale, avec une apocalypse prétexte. Et moi, je voulais lire un post-apo !
On n'est pas loin de la littérature générale, avec une apocalypse prétexte. Et moi, je voulais lire un post-apo !
Pour résumer, Lune noire de Kenneth Calhoun, un roman apocalyptique publié chez Actes Sud, dans la collection Exofictions, est une déception. Décousu, n'offrant pas de repères, il n'a pas réussi à m'accrocher. Je me doute que ces effets sont voulus, en rapport avec les conséquences du manque de sommeil. Mais les personnages ne donnent pas envie de s'intéresser à eux, ni même d'être sauvés. Mis à part certains passages vraiment bons, quasiment hors de l'intrigue, et les pistes de réflexion qu'elle ouvre, je n'ai pas apprécié ma lecture. Pour un vrai post-apo, atypique et réussi (mais moins "profond"), préférez-lui Bird box de Josh Malerman.
L'avis de Gromovar
Lune noire
de Kenneth Calhoun
Actes Sud / Exofictions - Mars 2015
320 pages
Traduit de l'américain par Alain Defossé
Papier : 22€ / Numérique : 14,99€
Titre original : Black moon - 2014
Moi j'ai bien envie de lire de l'imaginaire proche de la litté générale, je le recherche même, mais j'ai lu les premières pages et j'ai pas trouvé ça emballant. Tu crois que ça suffirait pour accrocher si on veut du contemporain ? Ou bien ça ne changerait rien au final ? Je ne sais pas trop sur quel pied danser avec ce truc et j'ai pas envie de me lancer dans une lecture chiante. En général le contemporain je sens dès les premières pages si ça va être bon ou pas et là je le sens pas trop :/
RépondreSupprimerSincèrement, c'est décousu, litt gen ou pas. Dernièrement j'ai lu Corps variables, entre blanche et sf, et c'était vraiment bon. Là quelle que soit l'étiquette qu'on lui colle, c'est pas folichon.
SupprimerJe rêve où les bouquins de la collec exofictions ne sont pas fabuleux (à part Silo sans doute) ?
RépondreSupprimerDans les bons bouquins de la collection : Silo (post apo très grand public), The Expanse (space-op grand public), Le Monde de la fin (assez confidentiel, mais pour moi littérairement le meilleur)
SupprimerJe n'ai lu que le premier chapitre avant de le mettre de côté. Je vais y revenir, mais le début ne m'avait pas vraiment enthousiasmé...
RépondreSupprimerJe serai curieuse de ton avis !
SupprimerJe vais lire ce livre
RépondreSupprimerok !
SupprimerJe me suis tellement ennuyée pendant 200 pages que je ne suis pas allée plus loin...
RépondreSupprimerJ'ai bien failli...
SupprimerVous êtes un peu sévère mais j'ai moi même pas vraiment accroché.
RépondreSupprimerCela m'a rappelé "The Leftovers". On s'est rien de ce qui se passe mais l'auteur nous présente la vie de quelques personnages. Leur présent, leur passé et leur avenir.
C'est plus une chronique humaine qu'un roman de post-appo. Le Post appo n'est de mon point de vue que "l'excuse" à la narration de la vie sordide des personnages.
J'ai lu le roman Les disparus de Mapleton (base de la série Leftovers) et j'ai plutôt aimé.
SupprimerLe post apo étant effectivement un gros prétexte je crois qu'Actes Sud s'est trompé de cible en le publiant en Exofictions.