22/11/63 est un roman de Stephen King sur le voyage dans le temps, paru en 2013 chez Albin Michel et en 2014 au Livre de Poche. Je l'ai d'abord un peu boudé, après un Dôme passable. Mais finalement, l'appel du King a été trop fort, car il reste un de mes auteurs doudous, auprès desquels je me sens dans un confort certain. Et puis ce roman entre parfaitement dans le challenge RVLF (Retour vers le Futur) ! Il semblerait qu'il soit bientôt adapté en série, avec James Franco.
2011.
Al, propriétaire d'un restaurant au fond duquel se trouve une fissure
temporelle permettant de se transporter en 1958, cherche à trouver un
moyen d'empêcher l'assassinat du président Kennedy. Sur le point de
mourir, il décide de passer le flambeau à son ami Jake. Ce dernier va
alors se retrouver dans les années 1960 et découvrir qu'altérer
l'histoire peut avoir de graves conséquences.
Le 22 novembre 1963, c'est la date de l'assassinat de John Fitzgerald Kennedy par Lee Harvey Oswald, un événément qui a marqué l'Amérique et qui donne encore lieu à de nombreuses théories du complot, Oswald ayant lui-même été tué deux jours plus tard dans des circonstances étonnantes.
Clairement, j'ai adoré ma lecture. Peut-être parce que je n'en attendais rien de précis, car je sais que ceux qui voulaient voir le personnage principal, George (ou Jake de son vrai nom) en découdre avec Oswald ont été un peu déçus du temps que cela met à arriver. Mais comme souvent, ce qui compte aussi avec Stephen King, c'est le voyage, avant la destination.
Clairement, j'ai adoré ma lecture. Peut-être parce que je n'en attendais rien de précis, car je sais que ceux qui voulaient voir le personnage principal, George (ou Jake de son vrai nom) en découdre avec Oswald ont été un peu déçus du temps que cela met à arriver. Mais comme souvent, ce qui compte aussi avec Stephen King, c'est le voyage, avant la destination.
En effet, 22/11/63 comptabilise un peu plus d'un millier de pages en poche, et il existe en livre audio chez Audiolib pour un total de... 36h d'écoute ! Et pourtant, pas un moment je ne me suis ennuyée pendant cette lecture. Parce que j'adore les voyages, d'une part, et d'autre part parce que le King ne laisse rien au hasard. Chaque détail a son importance, et pourra vous sauter dessus 200 ou 500 pages plus loin, grâce à ce que l'auteur appelle "l'harmonisation du passé". Car autant vous dire que changer le passé ne va pas être de tout repos pour George/Jake... Il fera d'abord un crochet par Derry, la ville inventée par l'esprit machiavélique de Stephen King, qui regroupe tout ce qui peut se passer de plus horrible au monde, et pour cause puisque le Mal en personne y réside. Juste après les tueries d'enfants, ce qui nous donne un petit crossover sympathique avec Ça.
L'autre raison de cette relative lenteur, c'est aussi que George/Jake arrive en 1958, et doit donc attendre 5 ans avant de pouvoir agir. Il ne contrôle pas son voyage. Il passe par un endroit qui amène invariablement celui qui traverse en septembre 1958. Et pendant 5 ans, on n'attend pas, on vit, on rencontre des gens, on noue des relations... C'est une histoire complète que nous conte King, avec son talent habituel.
Il nous plonge dans des États-Unis dont il est nostalgique, mais avec un esprit critique indispensable. C'était à la fois une époque de respect, mais aussi une période de troubles, où la ségrégation existait encore, où le racisme était monnaie courante, où les femmes étaient soumises à leur mari quoiqu'il en coûte, et où la menace de la Guerre Froide était bien réelle. King n'oublie pas de préciser qu'aucune époque n'est parfaite, loin de là...
Côté voyage dans le temps, il choisit un mode de voyage sur lequel son personnage n'a aucune prise, comme un trou de ver (il le compare au terrier du lapin blanc d'Alice) qui donnerait sur un moment précis de l'espace-temps. Il invente également une contrainte supplémentaire : chaque fois que George/Jake retourne dans le futur, puis décide de repartir dans le passé, il y a une remise à zéro : tout ce qu'il a pu changer la fois précédente est effacé.
Les interrogations sont des classiques sur le thème : peut-on changer le passé et si on le peut, le doit-on, quels sont les risques ? On est même précisément sur la question "et si vous rencontriez Hitler enfant, le tueriez-vous ?" Je crois que chacun a une réponse à cette question, et qu'elle n'est pour personne la même.
"Si vous voyiez une araignée cavaler sur le plancher en direction du berceau de votre bébé,
vous pourriez hésiter. Vous pourriez même envisager de la piéger dans une bouteille et la jeter dans le jardin pour qu'elle puisse continuer à vivre sa petite vie. Mais si vous étiez sûr que cette araignée est venimeuse. Une veuve noire ? Dans ce cas vous n'hésiteriez pas. Non. Pas si vous êtes sain d'esprit. Vous poseriez le pied dessus, et vous l'écraseriez."
Gros reproche pour cette version française de 22/11/63 : la traduction. Mais quelle horreur à certains moments ! Ponctuellement, on a droit à des aberrations. La première est l'utilisation du mot "copain" pour traduire "buddy". Mais WTF ? Il faut savoir que ce "buddy" est dans la bouche d'un homme d'une soixantaine d'années. Il parle à George en lui donnant du "buddy" à toutes les sauces. Imaginez le truc : "Tu connais l'expression ligne de partage des eaux, copain ?" ou comment gâcher plusieurs conversations en un mot mal traduit. "mon ami" ou "mon pote" ça passait, mais "copain" ? On n'est pas en primaire ! Le roman en est parsemé. "Hon'" diminutif de "Honey" a été traduit... "Ma pépette". On a aussi droit, comme magasins, à "Uniprix et Mammouth". Je ne savais pas qu'il y en avait aux États-Unis, ah bah non, il n'y en a jamais eu d'ailleurs. Franciser les noms propres, je trouve que c'est une erreur de traduction. Heureusement, cela ne m'a pas gâché la lecture parce que King est grand, mais sincèrement c'est
incroyable que cela ait pu passer en relecture chez l'éditeur, qui plus est Albin Michel qui n'est pas une petite maison... Leurs yeux auraient pourtant dû saigner quelques fois.
Pour résumer, 22/11/63 de Stephen King est un roman sur le voyage dans le temps que j'ai adoré. Un vrai coup de cœur, grâce à une histoire maîtrisée dans les détails, empreinte de la nostalgie de l'âge d'or américain, mais avec un regard critique tout à fait actuel. King, dans sa postface, précise que s'il n'était pas devenu grand-père au moment de la parution, il avait prévu de dédicacer son livre à Jack Finney, l'auteur, pour lui, de THE roman de voyage dans le temps, Le Voyage de Simon Morley. Pour ma part, malgré l'énorme bémol de la traduction française, j'ai passé un pur moment de plaisir avec ce titre qui prend son temps. King reste toujours un grand conteur. A lire !
Lecture n°8 dans le cadre du challenge Retour vers le Futur |
L'avis de Julien, BiblioMan(u), Blackwolf, Tigger Lilly, Lhisbei, Anudar, Baroona, A.C de Haenne
22/11/63
de Stephen King
Albin Michel - 2013
Livre de Poche - 2014
1056 pages
Traduit laborieusement de l'américain par Nadine Gassié
Papier GF : 25,90€ / Papier Poche : 9,90€
Numérique : 11,99€ (oui...)
Titre original : 11/22/63 - 2011
Bonjour
RépondreSupprimerMerci beaucoup pour ton avis.
Ton avis sur la qualité de la traduction est très intéressant.
Lisant en eBook, si en plus du prix prohibitif c'est mal traduit je vais m'orienter vers la version anglaise
En fait, le vrai problème de ce livre, c'est sa couverture.
RépondreSupprimer@Chti_Lecteur : autant le lire en VO oui
RépondreSupprimer@Baroona : oui elle met énormément en avant Kennedy, c'est sûr. A mon avis elle est surtout faite pour vendre aux States. (perso je l'aime beaucoup cette couv' :p )
Comme toi, je ne me suis ennuyée à aucun moment dans cette histoire qui pourtant prend son temps !
RépondreSupprimerBeaucoup aimé le livre aussi ! Et ravi de constater qu'il n'y a pas qu'à moi que le "ma pépette" arrachait les oreilles ... ( effectivement, comment cela a pu passer en relecture ?!!)
RépondreSupprimerPersonnellement, je n'ai pas du tout aimé ce livre - et je me suis ennuyée. Mis à part les passages sur les problèmes liés à un changement dans le passé et le thème de ce retour en arrière possible, je n'ai pas accroché... Alors que j'aime bien Stephen King d'habitude !
RépondreSupprimerCa fait un peu peur tes perles de traduction mais je compte bien le lire un jour quand même... (et t'as vu je t'ai même pas troller sur la Tour Sombre... en fait si je viens de le faire xD)
RépondreSupprimer@Brize : souvent c'est sympa de prendre son temps !!
RépondreSupprimer@Anonyme : oui ça fait saigner des yeux grave !
@Mellyflue : dommage ! Les romans fleuves ne conviennent pas toujours au moment, à la personne, etc...
@Vert : Gnaaaaaaaaaaa j'y pense toujours mais je sais ça fait 3 ans :p
Personnellement, je n'ai pas trouvé la traduction mauvaise du tout! N'oublions pas que le personnage Al est plus âgé que Jake, alors je n'ai pas trouvé choquant qu'il emploie "copain" au lieu de, par exemple, "mon pote" :) Effectivement, le prix de l'Ebook reste élevé mais, compte tenu du nombre de pages, j'ai trouvé la lecture sur l'Ebook beaucoup plus confortable que sur un livre de poche. Après, bien évidemment, rien ne vaut la VO pour ceux qui sont bilingues mais uniquement pour eux, sinon le plaisir ne sera pas le même (ceci n'est que mon avis, bien évidemment).
RépondreSupprimerPour moi un buddy est un pote, ou comme je l'ai proposé également, un ami, tout simplement. Soyons sincère, personne ne dit "copain" sauf pour faire une blague ou avoir l'air neuneu. Par rapport à l'âge et au mot traduit, l'idéal aurait été mon ami.
RépondreSupprimerTout à fait d'accord sur le confort de lecture en ebook, mais quand on sort un poche, psychologiquement je pense qu'il est important de passer le prix du numérique sous le prix du poche, ou au moins à égalité.
Noté et commandé aujourd'hui même chez ma libraire. Plus de 1000 pages, c'est parfait pour les vacances. J'espère seulement qu'il ne faut pas de loupe pour pouvoir lire le livre.
RépondreSupprimerPs : le coup de cœur c'est fourni avec la mention satisfait ou remboursé par Lune !??? :p
Mouaha oui satisfait ou remboursé si tu es mon clone ! Sinon chacun ses goûts :p
RépondreSupprimer