Revival est le dernier roman en date de Stephen King, publié chez Albin Michel. Après mon coup de cœur pour 22/11/63 (et ce malgré une traduction désastreuse), j'ai décidé de lire ce nouveau texte qui se veut un retour aux sources de King autant qu'un hommage aux auteurs classiques de fantastique/horreur, tels que Lovecraft, Poe ou Shelley pour ne citer qu'eux.
La foudre est-elle plus puissante que Dieu ? Il a suffi de quelques jours au charismatique Révérend Charles Jacobs pour ensorceler les habitants de Harlow dans le Maine. Et plus que tout autre, le petit Jamie. Car l’homme et l’enfant ont une passion commune : l’électricité. Trente ans plus tard, Jamie, guitariste de rock rongé par l’alcool et la drogue, est devenu une épave. Jusqu’à ce qu’il croise à nouveau le chemin de Jacobs et découvre que le mot « Revival » a plus d’un sens... Et qu’il y a bien des façons de renaitre ! Addiction, fanatisme, religion, expérimentations scientifiques… un roman électrique sur ce qui se cache de l’autre côté du miroir.
Revival est un roman fantastico-horrifique assez représentatif de ce que peut produire Stephen King : un texte nostalgique, angoissant, plein de références aux maîtres du genre, voire même à sa propre œuvre, dans sa volonté de longue date de lier ses livres entre eux. Je pense au Fléau traversé dans Terres perdues, à Ça dans divers ouvrages, dont 22/11/63 - où l'on rencontre aussi Christine - ou Nuit noire, étoiles mortes, etc. Ce qui justifie ce lien, c'est que finalement la nature du Mal est toujours la même pour King, une espèce de truc monstrueux qui se cache dans les replis de la réalité aussi bien qu'en chacun de nous. Revival ne fait pas exception.
Le récit prend la forme d'un témoignage à la première personne du narrateur, Jamie Morton. Il a rencontré le pasteur Charlie Jacobs alors qu'il n'avait que 6 ans. A partir de là, et à cause de divers événements plus ou moins tragiques ou miraculeux, leurs vies seront liées à jamais. Les expériences électriques du pasteur (l'électricité "secrète", sa passion), qui a fini par perdre la foi (Événement tragique en approche !), prennent de l'ampleur au fil de récit. Le lecteur se demande alors comme Jamie ce qu'est et d'où vient cette mystérieuse "électricité", et ce que le King a pu inventer comme prix à payer...
Encore une fois, l'auteur brosse une Amérique des années 60 à rendre le lecteur nostalgique d'un lieu et d'un temps qu'il n'a même jamais connu (il est trop fort), en y ajoutant un soupçon de rock'n roll et ses habituels histoires et drames familiaux qu'il maîtrise si bien. Les aspects essentiels du roman sont la religion, les forces occultes et la folie, ainsi que l'addiction, des thèmes bien connus du King.
J'ai apprécié son traitement de la religion, la présentant sous son bon mais surtout sous son mauvais jour. Il expose les interrogations autour de la foi, ce qui peut amener à la perdre, les profiteurs de la crédulité (les évangélistes et autres charlatans par exemple), les fanatiques, mais aussi l'absurdité de certaines croyances par le point de vue de ses personnages. Son avis sur la question étant que la religion est "a very dangerous tool that’s been misused by a lot of people" mais cela dit "I choose to believe that God exists". Moi je pense pareil, et je choisis de croire le contraire.
Niveau forces occultes et folie, le lecteur est servi. Cependant, j'ai trouvé les hommages aux auteurs classiques du genre un peu trop appuyés. Certes pour rendre hommage à Lovecraft, il faut évoquer quelques trucs indicibles, et ce fut convaincant, et effrayant, mais pas hyper original. Évidemment, King n'est pas le premier à le faire (dans mes lectures récentes, il y a un certain nombre d'hommages à Lovecraft, là, là, ici ou là) et en plus il l'a déjà fait dans sa propre œuvre (Je pense notamment au Talisman écrit avec Straub, à Ça et peut-être même à Brume, ainsi qu'à d'autres nouvelles). Enfin, lecteur, tu vas quand même flipper, fais confiance à Stephen.
Revival est aussi un hommage à Shelley, là aussi bien appuyé si t'as pas compris quand on parle d'électricité, tu peux saisir grâce à un personnage secondaire qui s'appelle Mary (nom de jeune fille de la mère : Shelley) et son fils... Victor.
Les addictions des personnages sont nombreuses, obsession de la mort/vie, du pouvoir, et l'alcool et les drogues évidemment.
Les addictions des personnages sont nombreuses, obsession de la mort/vie, du pouvoir, et l'alcool et les drogues évidemment.
Petit point sur la trad', c'est moins pire que pour 22/11/63, on s'en sort bien.
Pour résumer, Revival de Stephen King, publié chez Albin Michel, est un roman fantastico-horrifique qui fonctionne. Représentatif de la production habituelle de King (milieu de panier), avec ses drames familiaux, sa nostalgie d'une Amérique des années 60 et son questionnement de la religion, il renoue aussi avec ses premières amours : le roman d'angoisse et d'horreur. Rendant hommage aux maîtres du genre, King appuie un peu trop le trait selon moi, mais cela n'empêche pas le lecteur de dévorer, et la fin de le laisser complètement flippé.
Revival
de Stephen King
Albin Michel - octobre 2015
448 pages
Traduit de l'américain par Nadine Gassie et Océane Bies
Papier : 23,50€ / Numérique : 15,99€
Titre original : Revival - 2014
Je suis intrigué. Et en plus, pour une fois, King n'a pas pondu un trop gros pavé...
RépondreSupprimerIl est vraiment sympa.
RépondreSupprimerJ'ai lâcher SK il y a plusieurs années. Je l'ai retrouvé avec "Joyland" que j'ai adoré !
RépondreSupprimerJe n'ai pas souhaité découvrir ce roman ci après un avis de libraire assez négative déplorant un début très long où il ne se passe rien... Je passe mon tour.
"lâché" et non "lâcher"
RépondreSupprimerRolala faut que je me relise avant d'envoyer...
J'avais un peu lâché aussi j'avoue, mais récemment j'ai lu 22/11/63 que j'ai aimé (et qui lui pour le coup va doucement, mais quel plaisir)
RépondreSupprimerJe n'ai pas lu Joyland, mais King en parle dans celui-ci (un personnage doit apparaître dans les deux romans, un gars qui joue avec l'électricité ?)
Bonjour Nelfe, un conseil : n'écoutes pas l'avis de ton libraire 😉 ce roman est fabuleux, pour l'instant en tous cas. Comme to, j'avais arrêté de lire le King mais je suis revenue à mes premières amours, avec Joyland.
RépondreSupprimerBelle critique et en effet un beau retour aux sources. À ceci près que Revival me semble être le plus sombre de ses romans. Jamie Morton est un vrai héros Kingien, dans la lignée de Jake Epping ou Danny Torrance.
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