Drift de Thierry Di Rollo est un space-opera publié chez Le Bélial'. Je l'ai lu en lecture commune avec Cornwall, Julien et Lhisbei sur le Cercle d'Atuan. Il complète ma série space-opera de l'été !
Le Drift est un titan. Un monument sans pareil, le condensé
d’un million de volontés tendues vers un but non négociable : quitter
une Terre à bout de souffle. Le Drift est une cathédrale, le temple des vanités humaines, l’iniquité usinée en matériaux composites. Le Drift est la porte ouverte aux étoiles, mais une porte que bien peu prendront. Car pour gigantesque que soit le Drift, les places à son bord sont limitées. Aux seuls Justes, aux puissants, aux privilégiés des cités-dômes. Le Drift
est le dernier espoir pour l’humanité. Mais une humanité qui n’est plus
celle de tout le monde, une humanité aux franges de l’immortalité,
orientée, assistée, nano-contrôlée, au-delà de sa propre condition,
résolue à abandonner son berceau sans retour possible, déterminée à
embrasser l’espace…
La Terre est arrivée au bout de ses ressources. Les riches, appelés Justes, vivent dans des cités dômes et bénéficient d'une technologie qui rallonge leur vie de quelques siècles. Les pauvres sont parqués dans des cités poubelles jonchées de cadavres, tenus par une drogue (la K. Beckin - bouahaha), reclus le jour et libres de sortir à leurs risques et périls la nuit. Darker est un habitant des cités-poubelles et est amoureux de Kenny. Ils survivent tous les deux avec l'ambiote de Darker (une mante GM géante qui lui sert de monture). De leur côté, les Justes construisent le Drift pour fuir cette planète moribonde.
Drift est composé de genres différents : le premier tiers du roman est du pur post-apo, on découvre les cités poubelles et la survie. La seconde partie est un space-opera.
La partie post-apo est excellente, très sombre, Di Rollesque avec ses cadavres en putréfaction jonchant les rues, l'obligation de vivre dans des caves et de bouffer du rat, et ses hommes sans pitié. Darker est tout à fait adapté à cet environnement, tireur plus qu'excellent et n'ayant pas de scrupule à tuer. Il est parfait en cowboy des temps modernes sur sa monture génétiquement modifiée.
La partie space-op' est plus classique. J'ai eu parfois envie de secouer les personnages, mais ils ne sont pas dans leur état normal, des nano-robots contrôlent leur humeur. Arrivé à ce stade, le roman est beaucoup plus dans la réflexion autour de la vie et de son respect que dans l'action. On est presque dans 1984 avec le contrôle de chaque instant de la vie des passagers. Big brother is watching you ! J'y pense encore, c'est donc que le pari de Di Rollo est réussi.
Tout au long du roman, l'auteur fustige les élites qui maintiennent sciemment ceux qu'ils considèrent inférieurs dans la merde, avec un contrôle des masses par la drogue, par la peur et par la force. (Et parfois par la récompense).
Certaines choses continuent de m'intriguer, tel l'individu qui a volé l'ADN de Darker : quel est son rôle dans l'histoire ? Est-il l'image de ce que Darker aurait pu être ? Est-ce pour souligner que tout ne peut être sous contrôle ? Il ne faut pas chercher à avoir toutes les clés de ce roman, mais se laisser porter par les réflexions déclenchées par sa lecture. (Thierry Di Rollo explique ce point sur le forum du Bélial').
Ce texte est vraiment bon, j'ai apprécié ma lecture. Mon bémol, l'histoire d'amour est courte. Elle amène cependant une note sensible sur toute la longueur du roman.
Je termine en mettant l'accent sur la superbe couverture de Manchu qui nous offre une vision grandiose du Drift.
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Pour résumer, Drift de Thierry Di Rollo chez Le Bélial' est un excellent post-apo et un space-opera au goût dystopique, avec quelques baisses de régime voulues par l'auteur. Il est sensible, soulève nombre de questions éthiques et vous fera réfléchir bien après sa lecture. Une belle réussite !
Drift
de Thierry Di Rollo
Éditions du Bélial' - 2014
346 pages
Disponible uniquement en papier
20€
Disponible uniquement en papier
20€
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