Bird box est un roman post-apocalyptique de Josh Malerman, publié chez Orbit. C'est l'idée de départ qui a éveillé ma curiosité : les gens deviennent ultra-violents puis suicidaires suite à la vision de quelque chose, mais quoi ? Ceux qui l'ont vu ne peuvent plus en parler. Les survivants se voient obligés de vivre enfermés dans leur maison, et de sortir les yeux bandés, la peur au ventre.
Malorie élève ses enfants de la seule façon possible : barricadés chez
eux. Dehors, il y a un danger terrible, sans nom. S’ils s’aventurent à
l’extérieur, ce sera les yeux bandés pour rester en vie. S’ils ôtent
leurs bandeaux, ils se donneront la mort avec une violence inouïe.
Malorie a deux solutions : rester cachée avec ses enfants, isolée, ou
bien entamer un terrifiant périple jusqu’au fleuve dans une tentative
désespérée, presque vaine, pour rejoindre une hypothétique colonie de
survivants.
Je n'étais pas convaincue au début de ma lecture : avec son idée, l'auteur pouvait soit produire un excellent post-apo ou alors se planter royalement par manque de crédibilité. Je dois dire qu'il a réussi son pari.
Bird box est un roman qui se lit d'une traite, un page-turner angoissant, bien porté par son personnage principal, Malorie. L'histoire se constitue pour partie du présent, dans lequel elle emmène ses deux enfants, yeux bandés, vers la rivière, afin de prendre le bateau pour une mystérieuse destination, voyage qui est prétexte à des flashbacks éclairant peu à peu le lecteur sur les événements ayant entrainé cette situation. Ce qui fait qu'après s'être assez peu préoccupé du sort des trois voyageurs en début de lecture, on comprend ce qu'ils ont traversé, et on s'attache réellement.
Ce texte a la qualité de faire
s'interroger le lecteur : sérieusement, si ça arrivait, j'ouvrirais les
yeux ou pas ? Serais-je capable de ne plus regarder le ciel, le paysage ? Serais-je capable de sortir les yeux bandés dans un monde peuplé (ou pas) de créatures qui rendent fous ?
C'est aussi un hommage à la Mère.
Malorie, qui découvre qu'elle est accidentellement tombée enceinte au
début du livre, dans un contexte plus qu'effrayant, va se transformer en
mère qui fera tout pour ses enfants. Mais une mère dans un monde apocalyptique ne peut élever sa progéniture comme tout le monde. La
chose qui m'a le plus choquée, c'est le fait qu'ils n'aient pas de
prénoms : elle les appelle Garçon, et Fille. Et ça, on ne dirait pas,
mais c'est dur à lire.
J'ai pensé au Jour des Triffides de Wyndham (apocalypse + aveugle = Triffides, forcément), mais aussi au Jour des fous de Cooper, et au film Phénomènes de Shyamalan (on en pense ce qu'on veut, mais on retrouve la même folie : les gens deviennent ultra-violents et finissent par se suicider, tout cela provenant d'on ne sait où).
Et non, je n'ai pas pensé à La Route, parce qu'à un moment, La Route comme caution littéraire pour que les lecteurs de blanche puisse lire du post-apo, bref de la SF, stop quoi. Oui c'est un post-apo, comme La Route. Oui il y a une quête, et un malheur inconnu, comme dans de nombreux post-apo. Non, elle ne nomme pas ses enfants, de peur de les voir mourir, ce qui n'est à mon avis pas une idée originale de Cormac McCarthy. J'ai aimé La Route, mais on se tape la comparaison pour TOUS les post-apo maintenant. Alors stop, chut, psschhhht.
Pour résumer, Bird box de Josh Malerman chez Calmann Lévy / Orbit est un roman post-apocalyptique angoissant et convainquant, malgré une idée de départ périlleuse. C'est un page-turner efficace, avec des personnages attachants et qui vous donnera quelques sueurs froides. L'auteur y rend hommage à la Mère et parie sur l'adaptation de l'Homme face à un danger inconnu. Allez-y les yeux fermés !
L'avis de Degemermat, Cornwall, Acr0, Dup', Lelf, CajouChallenge Halloween de Lullaby |
Bird Box
de Josh Malerman
Calmann-Lévy Orbit - septembre 2014
372 pages
Traduit de l'américain par Sébastien Guillot
Disponible en papier et numérique
20,90€ / 14,99€
Titre original : Bird box - 2014
Je n'ai pas spécialement adhéré aux personnages (bien campés mais rien de plus) et je ne me suis pas posée de questions, parce qu'en fait j'étais avec eux, les persos me servaient d'ancre et me retenaient près d'eux. Et j'ai flippé total, je n'osais plus regarder derrière la vitre du salon le soir. Presque trop flippant pour moi vu les cauchemars qui m'ont accompagnée ^^'
RépondreSupprimerEt je suis d'accord, le fait de ne pas nommer les enfants c'est assez violent en soi, ça montre la folie, le désespoir, la peur avec presque rien.
Je suis d'accord avec toi pour le coté rengaine de croire que Post-Apo c'est comme la Route.
RépondreSupprimerJe l'ai pris pour exemple pour le coté non nommé des enfants, le traitement froid et distant, et comme j'ai pas de culture je n'avais que ça comme comparaison. Alors oui ce n'est peut être pas une idée originale de MacCarthy, mais on moins le futur lecteur est prévenu, faute d'avoir d'autre source de référence à lui apporter.
Page turner efficace, oui. L'attachement aux personnages est propre à chacun. Le fait que Malorie m'ait insupporté ne vient pas du fait qu'elle ne nomme pas ses enfants. Elle m'a juste laissé indifférente.
Le prend pas pour toi, j'ai écrit ma chronique avant même que tu lises le roman ;-) je m'adresse plutôt aux éditeurs.
SupprimerJe crois que les éditeurs raisonne comme moi en fait, il s'adresse au lecteur lambda plus susceptible de connaitre la route qu'un Exodes de Ligny par exemple. Alors pour le tout venant c'est vendeur, il sait quel type d'univers il va trouver. Pour le féru de post Apo la comparaison de vient lourde et agaçante je suis bien d'accord ;)
SupprimerD'ou ce qui me dérange. Trop de route tue la route. Et là en plus sérieux ça n'a rien à voir quasiment, sachant que seul un quart du récit (et encore) se passe dehors pour cette quête.
SupprimerDisons que c'est l'argument marketing relou.
Très chouette chronique qui rend bien compte de l'univers propre à ce roman ! Je n'ai pas encore lu "La route" mais l'idée même d'amalgamer tous les romans post-apo me dérange un peu ^^ Merci de m'avoir replongé dans ce bon souvenir de lecture ;)
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