Une Porte sur l'été est un roman de Robert Heinlein qui a d'abord été publié en trois parties dans Fiction (entre 1958 et 1959). Il est ensuite paru chez J'ai Lu, et sa toute dernière édition date de 2010 au Livre de Poche. Il est considéré comme un classique de la SF d'anticipation et de voyage dans le temps.
Il est le meilleur ingénieur de son temps. Il a inventé le robot à tout faire et créé l'usine qui le construit. Mais le voilà dépossédé de tout par la trahison de son meilleur ami et de la femme qu'il aimait. Il s'enfuit dans l'avenir au moyen du long sommeil. Avec
pour seul compagnon Petronius le Sage, le chat qui sait qu'en faisant
le tour de la maison, il trouvera, en plein hiver, une Porte qui ouvre
sur l'été.
Une Porte sur l'été est un roman court, facile à lire, et qui accroche dès le début de la lecture. J'ai toutefois un sentiment mitigé sur ce livre.
Points positifs :
- Écrit de façon prenante dès le départ
- Intrigue "policière" assez sympathique
- Bonnes idées sur le voyage dans le temps
- Le chat évidemment ! (trop peu présent à mon goût)
- La cryogénie comme moyen détourné de voyager dans le temps
- Le principe de la "Porte sur l'été" est vraiment une notion d'espoir très poétique
- L'auteur cite plusieurs fois Charles Fort, écrivain américain ayant également influencé Lovecraft
Points négatifs :
- Ce qui m'a le plus embêtée (je suis polie) : la vision des femmes. Je sais, le contexte est important, c'est un roman écrit dans les années 50. Mais. Quand même ça me chiffonne de réduire la femme systématiquement à : une bobonne/secrétaire/épouse modèle ou une harpie. Un homme ne semble pas capable de taper un document tandis qu'une femme a du mal à comprendre les principes de l'ingénierie (quand elle n'y est pas complètement hermétique, car ce ne sont pas des "trucs féminins") et se préoccupe quasi-uniquement de son foyer, c'est donc seulement la technologie domestique qui peut la faire vibrer. Zéro vision pour ce point. Pourtant, dans Marionnettes humaines, l'image de la femme était légèrement différente.
- Être "amoureux" d'une gamine de 11 ans (enfin, penser l'épouser quand elle sera grande, alors qu'on la connait depuis ses 6 ans), plutôt subversif
- Vivant dans un avenir où les SDF se font jeter en prison, le personnage dit tout de même préférer 2000 à 1970 car c'est un super endroit, ce Grand Los Angeles surpeuplé... (étant obnubilé par le côté technologique, on peut le comprendre, mais bon) Cela ne m'a pas vraiment satisfaite, j'avais l'impression d'assister à un contresens.
Pour les points plutôt inclassables mais intéressants, je retiens les idées technologiques de l'époque : imaginer par exemple la radioactivité dans la vie de tous les jours en l'an 2000, et le fait que les robots seraient la réponse aux problèmes au travail, ce qui était le rêve de l'époque finalement. Seule une personne émet une objection sur l'automatisation du travail qui créerait du chômage, mais le personnage principal élude rapidement la question. Foisonnante (et parfois drôle, vu de nos jours), l'imagination de l'auteur sur la technologie future de 1970 ET de l'an 2000, donne quelques idées visionnaires, dont
notamment la table à dessin (autrement dit une ébauche d'ordinateur
personnel). On continue d'attendre l'éradication du rhume et du cancer (mais quand on voit le résultat dans Feed :p )
J'aime beaucoup lire ces vieux romans et comparer avec la réalité, les auteurs de SF étant souvent visionnaires, au moins sur quelques points.
On embrasse Jackie Paternoster, évidemment.
On embrasse Jackie Paternoster, évidemment.
Pour résumer, Une Porte sur l'été de Robert Heinlein au Livre de Poche est un roman classique de la SF qui a vieilli, plus ou moins bien selon la manière dont on l'aborde. Fluide, il se lit facilement, à l'instar des autres œuvres de l'auteur. Son imagination est belle et parfois visionnaire, les idées sur le voyage dans le temps intéressantes. Le titre et l'idée qu'il représente sont très poétiques. Le grand écueil reste la misogynie du texte, malgré ma prise en compte de l'époque. Je n'y peux rien, ça me chiffonne, car je pense que les auteurs de SF devraient toujours être des "progressistes", et ce, dans tous les domaines. Cela mis à part, c'est un bon roman sur le voyage dans le temps, très orienté technologie, que nous offre Heinlein.
Une Porte sur l'été
de Robert Heinlein
Le Livre de poche - 2010
Première édition dans Fiction (1958 - 1959)
Traduit de l'américain par Régine Vivier
256 pages
Papier : 6,95€
Titre original : The Door into summer - 1956
Intriguant ! C'est toujours marrant de lire des vieux romans de SF et de voir où ils ont vu juste et ils sont tombés à côté de la plaque. Je me rappelle encore d'un Poul Anderson qui avait très bien vu venir la cybersurveillance et cie... mais sur des fiches à trous !
RépondreSupprimerJ'ai arrêté de lire Heinlein à cause de sa vision des femmes (et quand je dis arrêté, c'est vraiment arrêté. En cours de roman. Y a eu un trop plein). Du coup quand j'ai commencé à lire ton article et que j'ai vu "J'ai toutefois un sentiment mitigé sur ce livre." j'ai cliqué sur "Lire la suite" parce que je voulais voir si toi aussi tu avais remarqué les personnages féminins clichés ou juste personnages-féminins-étalages-des-fantasmes-personnels-de-l'auteur. Et bim. "Ce qui m'a le plus embêtée (je suis polie) : la vision des femmes." J'ai éclaté de rire. Merci. C'est pas moi qui suis une féministe réactionnaire qui voit le mal partout.
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