Il faudrait pour grandir oublier la frontière est une novella de Sébastien Juillard à paraître aux futures éditions Scylla, pour lesquelles est actuellement en cours un financement participatif.
Couverture de Laurent Rivelaygue |
J'ai eu la chance et le plaisir de lire Il faudrait pour grandir oublier la frontière en "exclu". Voici mon ressenti sur cette novella qui se passe dans la Bande de Gaza, dans un avenir plus ou moins proche (Des années après 2030, seul repère chronologique explicite donné, dans la seconde moitié de siècle ?)
Cette novella fait partie de la collection 111 111, dont tous les textes contiendront exactement 111 111 signes
(environ 65 pages sur ma liseuse pour vous faire une idée). J'adore ce
concept. Je n'ai pas vérifié le nombre de signes, par contre je peux
dire que je n'ai en rien ressenti cette limite singulière dans la
fluidité de l'écriture. Un bon point !
Dans ce futur, la Bande de Gaza existe toujours. Des efforts sont faits pour la paix. La Palestine est reconnue en tant qu'état, les israéliens participent à l'éducation des femmes gazaouies pour qu'elles puissent s'émanciper. Le personnage principal est une soldate israélienne professeure dans cette école hautement symbolique. Pourtant le Moyen-Orient n'est en rien apaisé et un terroriste va remettre le feu aux poudres.
"Diviser le monde en catégories, tracer
des grilles, aimer mieux la carte que le territoire,
Jawad, voilà comment pensent les types de son espèce."
Jawad, voilà comment pensent les types de son espèce."
Il faudrait pour grandir oublier la frontière est un texte dur et pourtant tout en nuances. Chose importante, il ne prend pas parti. Chacun y est ce qu'il est, c'est-à-dire un humain avec ses forces et ses faiblesses. Aussi (et surtout) avec son passé (et celui de son peuple) d'où découlent chaque action et émotion. C'est également un texte parfois poétique, grâce aux paysages décrits par l'auteur.
"On ne fait que tracer des frontières sur ce monde et qui se prolongent jusque dans l'homme,
pour délimiter des choses qu'on ne peut délimiter."
pour délimiter des choses qu'on ne peut délimiter."
Pour le côté SF, ce sont les sciences qui ont évolué, la nanotechnologie, la robotique, et d'autres possibilités intéressantes apportées par l'informatique, qui font se poser des questions quasi-métaphysiques sur certaines applications offertes.
Pour résumer, Il faudrait pour grandir oublier la frontière est une novella de Sébastien Juillard à paraître aux futures éditions Scylla. C'est un texte dur mais tout en nuances et parfois poétique dont l'action se déroule dans la Bande de Gaza, autant dire dans un contexte géopolitique explosif malgré la paix relative instaurée en cette seconde moitié de 21ème siècle. La SF s'y invite par petites touches grâce à la technologie. Quant aux frontières, elles y sont nombreuses : physiques, psychologiques, religieuses, ou encore entre vérité et mensonge... Et c'est l'humain qui est au cœur de ce court récit qui parle aux tripes, peut-être encore plus en ce moment. A lire.
L'avis de Vert
Lisez les premières pages de la novella
Les Éditions Scylla, lancées par Xavier Vernet de la librairie Scylla sont en cours de financement participatif. Xavier est aussi éditeur chez Dystopia, ce qui laisse présager des textes de qualité et pas vraiment bisounours, qu'on retrouvera en version papier, ou en numérique sans DRM. Pour avoir plus d'infos et participer au projet, c'est par ici !
Il faudrait pour grandir oublier la frontière
de Sébastien Juillard
Éditions Scylla, collection 111 111 - Mars 2015
Papier : 5€ / Numérique : 3€
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