La Guerre après la dernière guerre de Benedek Totth

"C'est ce qui n'a jamais existé qui nous manque le plus."

La Guerre après la dernière guerre de Benedek Totth est un roman publié chez Actes Sud dans la collection Exofictions. Je vous le dis tout de suite, c'est déprimant mais assez prenant.

Un adolescent erre à la recherche de son petit frère dans une ville ravagée par la guerre nucléaire qui oppose les Russes et les Américains, dans le huis clos infernal d’une ville dévastée (qui pourrait être Budapest). 

La Guerre après la dernière guerre est le monologue d'un adolescent, jamais nommé, orphelin à cause d'une guerre nucléaire entre les États-Unis et la Russie. Son petit frère Théo a disparu lors d'un bombardement, alors qu'il était sous sa surveillance. De lui, ne lui reste qu'un soldat de plomb avec une jambe en moins. Pourtant il reste persuadé que Théo est vivant. Un jour, il fait la rencontre d'un soldat afro-américain grièvement blessé à la cuisse, qu'il va tenter de sauver.

L'auteur nous met la dureté de la guerre en pleine face, avec des images percutantes et violentes. Désolation et souffrance sont les maîtres mots. L'adolescent nous confie aussi ses souvenirs d'enfance, de famille. Et puis il y a ces visions quasi-oniriques à l'instar des cendres qui tombent et recouvrent le sol comme des flocons...

J'ai été frappée par cette citation "C'est ce qui n'a jamais existé qui nous manque le plus." qui pour moi est un condensé du roman. Celui-ci est tellement onirique, qu'on ne sait plus la part de réalité et celle de fantasme dans l'histoire du garçon. Les coïncidences sont trop nombreuses. Les morts sont morts, puis vivants, puis morts... On reste incrédule devant ce jeu de l'auteur.

[SPOILER] Au final, je pense que le gamin est en train de crever depuis le début quelque part dans un trou, avec son soldat de plomb (afro-américain) dans la main et ses souvenirs dans la tête. [FIN DU SPOILER]

"Même les nuages en forme de champignon sont fascinants, et les trajectoires lumineuses des missiles qui balafrent le ciel offrent un spectacle fantastique. Toutefois il est difficile de faire abstraction des faits quand une bombe explose juste à l'endroit qu'on regarde."

Au final, avec le recul, je trouve que ce court roman est frappant, et pas mauvais du tout. C'est juste que La Guerre après la dernière guerre de Benedek Totth est autant de la SF que Les Aigles puent de Lutz Bassman (alias Antoine Volodine) et c'est toujours mieux de le savoir avant. Il sort demain.

Lisez le début du roman.

La couverture originale

La Guerre après la dernière guerre 

de Benedek Totth

Actes Sud - Exofictions - Octobre 2019

208 pages

Traduit du Hongrois par Natalia ZAREMBA-HUZSVAI et Charles ZAREMBA 

Papier : 21,50€ / Numérique : 15,99€

Titre original : Az utolsó utáni háború - 2017