mardi 6 novembre 2018

Frankenstein 1918 de Johan Heliot

"Aucun n'était vraiment identique à l'autre, mais tous semblaient l'émanation de la même macabre fantaisie d'un chirurgien à moitié fou."

Frankenstein 1918 est la dernière uchronie en date de Johan Heliot, publiée chez L'Atalante. C'est une uchronie, ou une fantasy paranormale ai-je pu lire, mais j'aime moins et puis non je ne trouve pas ! Après tout dépend si vous classez Frankenstein de Mary Shelley en SF ou fantastique.

Grande Guerre, 1914. Après un premier engagement désastreux, les Anglais décident l’opération Frankenstein : plutôt que de construire des chars, on créera de la chair à canon.
À partir des archives du fameux docteur et grâce à la production d’électricité à présent industrialisée, des unités de soldats pouvant être sacrifiés sans remords seront fabriquées – les champs de bataille du nord de la France fourniront la « matière première ». Winston Churchill est nommé responsable de l’unité de recherche sur la régénération.

Bon j'ai enlevé la moitié de la description de l'éditeur sur son site, parce qu'autant balancer toute l'histoire directement sinon !

A l'occasion du centenaire de la fin de la Grande Guerre, Johan Heliot nous offre une uchronie reposant sur le postulat suivant : et si la Grande Guerre s'était mutée en Guerre Terminale et n'avait pris fin que dans les années 30 ? Tout en pimentant cette idée d'un élément SF (ou fantastique) : des non-nés, autrement dit des créatures de Frankenstein constituées de morceaux de cadavres puis réanimées, vont devenir l'arme du gouvernement britannique. 

J'ai beaucoup aimé la construction du roman, qui comme Victor, le personnage principal, est constitué de morceaux. Fragments des mémoires secrets de Churchill, du récit d'un historien passionné et du journal tenu par Victor lui-même, le premier des soldats non-nés. Le tout amène un dynamisme et entretient le mystère en nous fournissant au fur et à mesure des informations importantes qui prendront sens plus tard.

Frankenstein 1918 est très documenté et Johan Heliot place des clins d’œil dans son texte que le lecteur repèrera, ou pas hein, mais quand il le fera, il se sentira intelligent. Pour ça je remercie Johan Heliot puisque ça ne m'arrive pas souvent hahaha.

Quelque part les frankies d'Heliot sont des gueules cassées avant l'heure, métaphores (mortes-) vivantes des traumatismes physiques et psychologiques qui frappèrent les soldats survivants de la Première Guerre. Outre le personnage de Victor que j'ai apprécié au fil de son évolution et pour son introspection, j'ai aussi aimé son Winston Churchill aux mauvaises décisions, déchu et vaincu. Une fiction qui heureusement n'est pas arrivée !

Au final, Frankenstein 1918 fut une bonne surprise : un récit bien structuré, un contexte documenté avec des idées uchroniques solides, un hommage tant aux gueules cassées qu'à Mary Shelley et sa créature de Frankenstein, une fin fort intéressante. J'ai passé un excellent moment avec ce court roman ! Pour en savoir un peu plus, vous pouvez visionner la vidéo de la conférence Les 200 ans de Frankenstein qui a eu lieu aux Utopiales, avec pour invités Johan Heliot et Jean-Louis Trudel, modéré par Daniel Tron (pour l'instant il n'y a que 10 minutes de dispo, patience).



Frankenstein 1918
de Johan Heliot
L'Atalante - Septembre 2018
245 pages
Papier : 16,90€ / Numérique : 7,99€

16 commentaires:

  1. Merci pour ton avis ! Je l'ai vu passer aux Utopiales et ça avait l'air sympathique, mais je craignais un côté un peu trop jeunesse, alors que finalement ça a l'air de ne pas trop être le cas !

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  2. Pas du tout mon truc, je n'ai pas envie de le lire. Tu vois il n'y a pas que la Fantasy qui me rebute. lol

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    1. Non tu n'es pas difficile nooooon 😂😂😂

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    2. Et encore on n'a pas parlé des zombies, loups garous, sorciers, elfes et autres trolls !
      Liste non exhaustive... ;-)

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    3. Mdr là c'est carrément sectaire 😂 wait... T'as pas lu Harry Potter ?? 😱

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  3. C'est la première chronique que je lis sur ce livre et j'avoue que ça donne envie !
    En plus j'aime beaucoup les uchronies... faut que je vois si l'auteur sera aux rencontres de l'imaginaire à Sèvres pour le prendre ;)

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  4. Oh non, des clins d'oeil à rater. =(

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  5. Voilà un roman que je n'avais pas envie de lire... jusqu'à la lecture de ton avis. Pas sûr cependant que mon intelligence soit récompensé.

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    1. Oops I did it again comme disait une grande philosophe 😂

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  6. Merci, ta critique m'a donné envie de le lire, je vais me le procurer. Le lien entre le fond (monstre de Frankenstein) et la forme (l'écriture fragmentaire) est intéressante. Cela correspond bien à l'époque, en outre.

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    1. ah super ! N'hésite pas à revenir me dire ce que tu en as pensé !

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  7. Voilà qui à l'air sympa, et le thèmes est original je trouve.

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