♥ Lune lit des nouvelles #8 : Jérôme Noirez (Féérie pour les ténèbres)

Le pitch :

#1 - Sous le pont : Dormez tranquillement, bonnes gens d’Hastivel, car le Garde-d’ombre veille sur vos nuit. Sa massue à la main, il fait fuir voleurs et truands, monstres à l’occasion — tout ce qui hante les ténèbres. Ce qui se trame durant le jour, il ne peut le voir, depuis que quelque maladie l’a rendu inapte à percevoir la lumière du soleil.

Un soir, voilà le Garde-d’ombre du côté de l’unique pont de la ville. Ce qui se cache la nuit sous le pont, ratruandière ou gobe-muçotte, est fort affreux. Mais ce qui va de jour sur le pont peut l’être plus encore.

#2 - Pour qui grincent les gonds : On a dressé une porte au centre du village de Noirquin. Elle n’ouvre ni ne ferme rien, cette porte, mais elle grince — et mieux vaut ne pas se demander pour qui elle grince. Cette porte, c’est celle du borelier porte porte, l’exécuteur royal, venu en ce triste patelin pour procéder au châtiment par gonds et par verrou d’Escrail le Dentard, coupable d’un acte inavouable perpétré sur la petite Muçaille. Muçaille qui ne cessera de se demander pour qui grince les gonds…

Mon avis :

Lune lit des nouvelles est une rubrique qui me permettra de regrouper des nouvelles "uniques" par thème, par éditeur, par auteur, ou juste comme ça si je veux d'abord.

Alors que nous parlions de l'intégrale de Féérie pour les ténèbres de Jérôme Noirez chez Le Bélial' avec ma Choupinette, elle a décidé, encore une fois (grrr), de me faire un petit cadeau : elle m'a acheté deux nouvelles de l'auteur en numérique faisant partie de l'intégrale.

Je les ai lues... La claque !! C'est gé-nial.

Les deux textes font une vingtaine de pages et ont en commun, outre l'univers de Féérie, d'être sombres et violentes. Jérôme Noirez sait nous mettre les images en tête, j'ai été impressionnée par sa capacité de description des scènes. C'est extrêmement bien écrit. Ce monde est d'une complexité intrigante, mélange de misère moyenâgeuse, de mystère, d'angoisse...

Dans Sous le pont, l'auteur invente une maladie étrange, qui fait que la personne atteinte ne perçoit plus toute une partie de la réalité. Le narrateur ne voit plus le jour. La nuit il vit normalement, le jour il se cache en attendant le soir. Il ne voit rien, n'entend rien, le monde disparait autour de lui. "La lune est son soleil". La nouvelle permet de comprendre que l'imaginaire de Noirez est très vaste, et offre une fin effrayante.

"Des pans entiers de la réalité disparaissent pour ceux qui en sont frappés. Certains ne voient plus le ciel, d'autres n'entendent plus la voix humaine. Pour d'autres ce sont les proches, les parents, les enfants qui cessent d'exister. Pour d'autres encore, c'est l'eau qui n'existe plus et ils finissent par mourir de soif."

Pour qui grincent les gonds est volontairement calqué sur Pour qui sonne le glas, car c'est exactement ce qu'est cette porte. Une petite fille de sept ans se fait violer. L'auteur de ces actes sera puni par le borelier, qui détient la Porte. Et ça fait flipper tout le monde, avec raison !

"La bouche est également une porte qu'on ferait bien de garder close."

Voilà je termine, je ne sais que dire de plus, c'est noir, c'est prenant, j'ai envie de lire l'intégrale là tout de suite, je la récupère ce jour d'ailleurs. Vite, vite, vite !!

J'adore le style et le ton !

Lune lit des nouvelles n°8

Lecture n°22 dans le cadre
du challenge Je lis des nouvelles et des novellas