Angemort de Sire Cédric

Le pitch :

Un collectionneur aux goûts morbides fait l’acquisition d’une peau humaine installée sur un mannequin d’osier.

Ce qu’il ignore, c’est qu’il s’agit en réalité de la dépouille d’un ange.

Non seulement son pouvoir est loin d’être éteint, mais les individus à qui ce bien a été dérobé, de terribles magiciens pour qui verser le sang est un art de vivre, sont bien déterminés à récupérer leur possession...

Mon avis :

Quand Le Pré aux Clercs m'a proposé de lire la réédition du tout premier roman de Sire Cédric, je me suis dit pourquoi pas, étant donné que c'est un auteur que je voulais découvrir depuis longtemps.

Cela me permet aussi de découvrir Angemort sans aucun a priori, car il est apparemment différent des œuvres suivantes de l'auteur. Il est plus trash et plus sexe. Ouf parce que sinon, je ne sais pas comment il aurait fait pour augmenter encore ces ingrédients déjà ultra présents dans le récit. Au-dessus on arrive à Sade à mon avis.

Quoiqu'il en soit, Angemort, c'est l'histoire d'un ange qui se fait kidnapper et dépecer par une nécromancienne. L'âme de l'ange, cependant, arrive à se glisser dans la peau qui lui est arrachée tout entière. Le jardinier de la nécromancienne, amoureux de l'ange, la vole alors. Mais elle lui est à son tour volée (alors qu'il se fait dévorer vivant par les ombres de la nécromancienne qui recherche son bien) par un revendeur d'objets bizarres, pour un acheteur nécrophile (oui oui) nommé Cheverny.

Et donc tout au long de l'histoire la nécromancienne recherche l'âme de l'ange, qui se trouve chez Cheverny, avec sa jeune servante Jad, qui elle aussi a des pouvoirs spéciaux. C'est presque comique.

On entre tout de suite dans l'histoire, le décor et l'atmosphère sont plantés en 6 pages. L'intrigue est sympa, les chapitres sont courts et s'enchaînent bien, on s'ennuie peu, il y a de bonnes idées, mais aussi quelques lourdeurs. Le livre est assez court, ce qui m'a convenu.

Une partie du roman se déroule dans une librairie vendant des ouvrages anciens, tenue par Jad. J'avoue que l'image du livre est géniale dans ce bouquin : Jad, grâce à son pouvoir, peut voir la vie qu'a eu le livre avant d'arriver entre ses mains. Elle a une relation particulière avec l'objet que les lecteurs voudraient tous avoir !

C'est une histoire sur l'obsession : du sexe, du pouvoir, de la mort... Tous les personnages sont obnubilés par quelque chose, c'est ce qui les motive, les entraîne, les rend fous. 

Le côté trash est chouette. Attention ce roman n'est effectivement pas pour tout le monde, et Sire Cédric demande au lecteur de le prendre au 36ème degré. Certes. Il vaut mieux, sinon ça le fait pas trop ! Personnellement, je n'ai rien contre le porno, et on sent que l'auteur a peut-être regardé plus que sa part de films du genre. Donc beaucoup de sexe dans cette histoire, et essentiellement déviant (mis à part les masturbations).

J'ai bien aimé la scène de cul entre le démon et l'ange, qui m'a fait penser à la première séquence du film Haute Tension, assez marquante dans son genre. Après on a de la nécrophilie, de l'inceste, du hentaï, sado-maso... Un petit florilège charmant, somme toute ! Alors effectivement, âme sensible, s'abstenir.  

Mais même moi, au bout d'un moment, j'en ai eu marre. Le cul c'est bien, mais il faut que l'histoire avance. C'est bien tombé, à l'instant où je me suis fait cette réflexion, ça a arrêté de forniquer et enfin les gens se sont poursuivis et battus pour ce fichu ange ! Ouf !

Petit mot sur la couv', intrigante et dérangeante, j'aime bien.

Pour résumer, Angemort est un récit trash, plein de sexe et de violence, SM quoi, très osé pour un premier roman. L'intrigue est intéressante, mais pas aussi captivante que je l'aurais voulu. Le sexe prend à un moment le dessus sur l'histoire et c'est dommage. Le sexe, oui, mais pour servir l'histoire uniquement. Autrement dit, la masturbation dans la douche, on s'en passe sans souci ! Enfin, cette lecture m'a permis de découvrir Sire Cédric, et a piqué ma curiosité : oui je relirai un de ses romans, juste pour voir où tout ça a bien pu le mener !

Et puisqu'on parle de sexe trash, petit aparté, Nébal a écrit une nouvelle parodiant/imitant (?) Sade qui se déroule dans l'espace. Étonnant. Et ça lui fera plaisir d'être cité dans un billet sur Sire Cédric.