mardi 18 février 2020

La Servante écarlate de Margaret Atwood

J'ai récemment audiolu La Servante écarlate de Margaret Atwood. Un classique de la dystopie écrit en 1985, que je voulais lire depuis longtemps, envie boostée par la série (dont je n'ai supporté que la saison 1, ce qui est très bien étant donnée qu'elle correspond au roman.)

La Servante écarlate a reçu le Prix Arthur C. Clarke en 1987. Il est publié chez Pavillons poche en papier (version de luxe, avec une couverture cartonnée) et en numérique, et disponible en audio en exclusivité chez Audible.

A peu près tout doit avoir été dit sur ce livre, et pour le coup je ne prétends pas en faire une chronique approfondie, juste vous exprimer mon ressenti de lecture.

Devant la chute drastique de la fécondité, la république de Gilead, récemment fondée par des fanatiques religieux, a réduit au rang d'esclaves sexuelles les quelques femmes encore fertiles. Vêtue de rouge, Defred, « servante écarlate » parmi d'autres, à qui l'on a ôté jusqu'à son nom, met donc son corps au service de son Commandant et de son épouse. Le soir, en regagnant sa chambre à l'austérité monacale, elle songe au temps où les femmes avaient le droit de lire, de travailler… En rejoignant un réseau secret, elle va tout tenter pour recouvrer sa liberté.

Ce qui m'a frappée, c'est l'écriture clinique même si très littéraire de Margaret Atwood. On suit le point de vue subjectif d'Offred (ou Defred), qui raconte son histoire (comment elle est passée du statut de femme libre à celui de servante, autrement dit reproductrice, dans la république de Gilead) avec beaucoup de froideur. On suppose que c'est parce qu'elle ne peut se laisser aller à des émotions, cela la mettrait en danger, vis à vis des autres qui trouveraient ça étrange ou déviant, mais aussi vis à vis d'elle-même pour ne pas devenir folle. Nous voici aussi enfermés qu'elle. On ne voit et ne sait que ce qu'elle voit et sait. La version audio est lue par Louise Bourgouin, impressionnante de maîtrise.

Mais comme je le disais, c'est aussi une magnifique écriture que nous donne à lire l'autrice. J'ai été très émue par les passages où elle évoque sa fille, jamais nommée. En tant que mère, ça fait forcément quelque chose.

La privation des droits des femmes (et des hommes, mais autrement) est affolante. Accablante. Et pourtant... Dans une postface écrite 30 ans après la première sortie du livre, devenu culte entre temps, Margaret Atwood le dit clairement : elle n'a rien inventé, toutes les privations de liberté et les sévices exercés par la république de Gilead sur ses citoyens ont existé dans l'Histoire humaine. C'est peut-être la chose la plus glaçante à savoir. Au final, Gilead est un condensé des régimes les plus totalitaires et fanatiques.

La fin du roman est abrupte, mais très réussie. Je m'en vais maintenant écouter Les Testaments, la suite que l'autrice a publié l'année dernière. Apparemment moins dur, le texte est raconté à trois voix. Margaret Atwood s'est nourrie des réflexions et questions des lecteurices de son roman pour construire ce nouveau récit. Je ne m'attends pas à quelque chose d'aussi fort que La Servante écarlate, mais peut-être à des réponses à quelques interrogations !

La Servante écarlate
de Margaret Atwood
Pavillons poche
Traduit de l'anglais par Sylviane Rué
560 pages / 12h56
Poche : 11,50€ / Numérique : 10,99/ Audio : 19,95€ 
Titre original : The handmaid's tale - 1985

9 commentaires:

  1. Du coup, c'est plus frappant/marquant en livre ou en série ?

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    1. Alors c'est différent...
      Dans le livre, on ne dit que la Servante de son point de vue subjectif. C'est assez fort car on est prisonnier avec elle et donc en tension, en émotion etc.
      Dans la série ils ont développé différents arcs narratifs, ça permet plus d'espoir d'une certaine façon, c'est moins désespéré. Je parle pour la saison 1, j'ai pas vu les autres.

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    2. Je plussoie, je trouve que les supports ont des approches différentes mais aussi marquantes.
      Pour moi la force du livre c'est dans la sensation d'enfermement qu'il créé. On fait vraiment corps avec l'héroïne.
      La série fait moins ressentir cela, mais elle donne beaucoup plus à voir, du coup l'horreur est plus visuelle.
      Quel bouquin en tout cas ! Moi aussi il faut que je lise Les testaments mais je ne me presse pas. Et j'ai encore la saison 3 à voir mais je ne me presse pas non plus xD

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  2. je le lirai plus tard, bien plus tard quand la hype sera retombée autour de ce récit si salué.

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  3. Oké. Ce n'est qu'un objet, mais je me suis offert la version de luxe et j'avoue que je la trouve toujours aussi magnifique. Le fait qu'elle livre de façon clinique ce qu'elle vit a totalement joué sur mon ressenti. C'était tellement percutant pour moi ! (un uppercut direct) ; j'espère découvrir la suite bientôt. Ah, Louise Bourgoin comme narratrice, intéressant !

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    1. Ah mais pour tout t'avouer, j'ai viré le vieux poche de la médiathèque pour le remplacer par cette fameuse version de luxe. A ce jour le livre est emprunté en permanence, je le vois jamais 😱
      Je suis en train de lire Les Testaments, c'est différent mais très addictif.

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  4. J'adore ce roman. C'est très différent de la série mais c'est très intéressant également de la voir avec tant de froideur.

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