mercredi 25 février 2015

Les Brillants (tome 1) de Marcus Sakey

Les Brillants est le premier tome de la trilogie Brilliance de Marcus Sakey. Il vient de paraître chez Gallimard dans la collection Série Noire, mais c'est également de la SF, car certains individus ont des capacités sur-développées.

Dans le Wyoming, une petite fille perçoit en un clin d’œil les secrets les plus sombres de tout un chacun. À New York, un homme décrypte les fluctuations des marchés financiers et engrange 300 milliards de profit en une semaine. À Chicago, une femme maîtrise le don d’invisibilité en sachant d’instinct se placer là où personne ne regarde. On les appelle les «Brillants», et depuis les années 1980 1 % de la population naît avec ces capacités aussi exceptionnelles qu’inexplicables.
Nick Cooper est l’un d’eux : agent fédéral, il a un don hors du commun pour traquer les terroristes. Sa nouvelle cible est l’homme le plus dangereux d’Amérique, un Brillant qui fait couler le sang et tente de provoquer une guerre civile entre surdoués et normaux. Mais pour l’arrêter, Cooper va devoir remettre en cause tout ce en quoi il croit, quitte à trahir les siens. 

Très classique mais divertissant. Voilà en substance ce qui ressort de ma lecture de ce premier tome. Les Brillants sont ce petit 1% de personnes qui naissent, depuis une trentaine d'années, avec des capacités sur-développées : pas de supers pouvoirs, mais c'est un peu comme si on considérait qu'une partie de leur cerveau fonctionne mieux et leur permet de percevoir ou schématiser certaines choses : une femme capable de se représenter les programmes informatiques en 3D et de tous les décrypter, donc une redoutable hackeuse, un homme qui est un lecteur (c'est le cas de Cooper, le personnage principal) et anticipe donc toutes les réactions des personnes à qui il fait face en décodant leurs gestes ou intentions de gestes... Autant dire qu'il est difficile à surprendre.

Pour le reste, on est dans une intrigue à la X-Men, ni plus ni moins. Alors certes, ces capacités hors du commun ne se voient pas sur eux, personne n'est bleu, ou n'a de squelette en adamantium, ni n'a de pouvoirs psychiques pour déplacer les objets. Cependant, l'auteur joue sur la peur de l'autre, cet être différent et qu'on pense incontrôlable, cette minorité redoutée qu'on retrouve dans X-Men. Les Brillants sont mis en marge de la société dès leur plus jeune âge (un test est obligatoire pour les détecter dès 8 ans, s'ils sont Brillants, ils intègrent des académies spécifiques et ne revoient plus leur famille, au point qu'on leur donne même un nouveau nom). Ils sont utilisés, et si besoin est, éliminés. Ils ne sont pas considérés comme humains et la guerre civile couve. Tout cela en totale opposition avec les choses qu'ils seraient capables d'accomplir pour l'humanité, comme guérir les maladies, etc...

C'est assez prenant, mais il n'y aucune idée neuve dans ce récit. Cooper est un Brillant qui traque des Brillants, et donc n'est apprécié ni des uns ni des autres. Il poursuit et tue les cibles Brillantes qu'on lui désigne, mais va commencer à se poser des questions quand il va découvrir que sa propre fille (oh surprise.) est Brillante comme lui, et qu'on risque de la lui retirer pour la mettre dans une académie pour le moins cauchemardesque. Élément d'intrigue classique, mais toutefois puissant pour tout parent qui lira ce thriller, évidemment.  

Car, malheureusement ce roman est prévisible. Chaque retournement de situation n'est pas vraiment une surprise. C'est rassurant de se dire qu'on connait ses classiques du thriller et de la SF, mais j'aime bien être un peu secouée par une lecture ou un événement du récit, ce n'est pas le cas ici. (C'est marrant parce que Lee Child disait justement que c'était le genre d'histoire que vous n'aviez jamais lu avant... L'a pas dû lire grand chose.) 

On a également un parallèle juifs/Brillants tout au long du roman, notamment avec la création d'une enclave Brillante par un riche Brillant juif, et la comparaison du service spécial de Cooper (qu'on pourrait rapprocher de la CIA ou de la NSA) à la Gestapo.

Les Brillants est clairement un ouvrage post 11 septembre. Il met en scène des attentats, montre l'enquête pour traquer les terroristes, dénonce les lois liberticides, et remet une couche de théorie du complot par là-dessus. Au-delà de l'existence des Brillants, c'est aussi en cela que l'ouvrage est uchronique, puisque son 11 septembre, qui a plutôt eu lieu en mars, implique évidemment un terroriste Brillant.

L'auteur a très certainement une culture SF (Orwell, Huxley...) Et puis quand je vois apparaître le chiffre 42 plus d'une fois dans le même livre, ça me titille toujours un peu.

Pour clore avec mon petit côté chieuse, malgré un personnage féminin fort (rien à redire), l'image de la femme en général souffre de belles petites réflexions insidieuses du genre : "sa mère étant décédée, Machinette était devenue la femme de la famille et s'occupait donc des repas". Pourtant elle a un père Machinette ?! C'est purement anecdotique, mais ça me fait toujours bondir, on ne se refait pas.

Pour résumer, Les Brillants de Marcus Sakey est un thriller SF uchronique, classique mais divertissant. Publié chez Gallimard dans la collection Série Noire, il ne propose pas d'idées neuves, mais reste prenant. C'est le genre de livre plutôt prévisible et facile à lire dont on attend la version poche pour en profiter à l'aise sur la plage. Il a une fin dont on peut difficilement se contenter, et invite à poursuivre avec les tomes 2 (pas encore traduit, se dirigeant certainement vers la guerre civile) et 3 (pas encore écrit). Je pense que je lirai la suite, parce que le roman, s'il n'est pas original, n'a rien de rebutant non plus, et prône la tolérance.

Les Brillants
de Marcus Sakey
Gallimard - Série Noire - Février 2015
512 pages
Traduit de l'américain par Sébastien Raizer
Papier : 19,90€ / Numérique : 13,99€
Titre original : Brilliance - 2013

4 commentaires:

  1. "sa mère étant décédée, Machinette était devenue la femme de la famille et s'occupait donc des repas" oh mais quelle horreur, on laisse encore passer ce genre de phrase !!

    Bon, ça aurait été un one shot pourquoi pas. Mais là au vu de ma pàl, je pense que pour moi cette lecture me parait très dispensable.

    Merci de ton avis.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Cela reste un détail, deux / trois phrases par ci par là, mais crotte quoi.

      ça reste une lecture agréable mais sans plus.

      Supprimer
  2. Ca peut être une lecture sympa en détente à lire, je note ça ^^

    RépondreSupprimer

Pages vues