12 Échos est un recueil de 12 nouvelles de Neil Jomunsi, écrites dans le cadre de son projet Bradbury (sauf une). Pour rappel, le projet Bradbury consistait pour lui à écrire une nouvelle par semaine pendant un an (un sacré tour de force, je trouve !), et lui a été inspiré par Ray Bradbury, bien évidemment.
La particularité de 12 Echos est d'être auto-édité, ce qui d'habitude me fait fuir, je l'avoue. Mais ayant déjà goûté au boulot de l'auteur grâce à Jésus contre Hitler, je n'ai pas eu de mal à me décider ! J'ai donc commandé et reçu rapidement ce livre imprimé de façon tout à fait correcte par le méchant Amazon. (Cela fait juste bizarre de voir les pages blanches numérotées, et les marges des pages de gauche auraient mérité d'être un peu décalées, mais je chipote grave là, parce que je n'aime pas casser le dos de mon livre pour réussir à voir le texte. Passons.)
Une réalité virtuelle plus vraie que nature, un départ précipité vers un monde inconnu, une capsule spatiale transportant des passagers mystérieux, une plongée périlleuse dans le folklore japonais, un tatoueur dont l’encre possède des propriétés inattendues, une énigme supplémentaire pour le plus grand détective du monde, de la publicité qui ne manque pas de piquant, une arène secouée par le fracas du métal, une école d’un genre nouveau, et bien d’autres chemins encore. Douze histoires. Douze échos.
Je le dis très directement : ce recueil de Neil Jomunsi m'a convaincue. Malgré deux ou trois nouvelles qui m'ont moins parlé, 12 Échos est un ouvrage que j'ai particulièrement apprécié. L'auteur y fait la part belle au fantastique, sans toutefois oublier la SF, et parfois les deux s'entremêlent, comme dans Pour toujours, superbe nouvelle post-apocalyptique.
Les références de l'auteur sont assez claires dès le départ : dans Hacker, le premier texte, Jodie (merci d'ailleurs, à chaque fois que je lisais son prénom, ça faisait ça dans ma tête) une adolescente améliorée est hackée par un jeune garçon qui va la suivre partout, et pour cause : c'est en quelque sorte son cerveau qu'il a piraté. Or donc, dans un jeu qu'elle pratique, le super boss est un genre de poulpe géant, voyez. Un truc monstrueux avec des tentacules, tout ça.
L'esprit de Lovecraft est donc présent dans certains textes. Que ce soit sous forme de clins d’œil dans Hacker et dans Spot (Carcosa, ville imaginaire du Roi en jaune de Chambers, une source d'inspiration pour Lovecraft), ou encore de façon très claire dans l'excellente Rydstonberg.
Jomunsi nous offre des nouvelles oniriques, dans lesquelles la dimension psychologique du fantastique prend tout son sens. Je pense à Yokai, dans laquelle une psychologue entre littéralement dans l'esprit d'un patient, donnant lieu à une aventure mouvementée teintée de folklore japonais. Ou encore au Jour du grand orage, une nouvelle poético-morbide que je qualifierais de Tuttlesque tant elle m'a fait penser aux écrits et thématiques de l'auteure. Alexandria exploite l'imaginaire autour du tatouage, ce reflet de l'âme. Le dernier récit, Échos, nous permet de vivre un rêve inquiétant, inventé par un "onirauteur" !
L'auteur n'oublie pas de critiquer notre société, à travers Le meilleur pour le pire, une école d'une grande perversité, ou encore Spot, dans laquelle on peut entrer dans des publicités 3D. Un texte qui met en avant le côté chimérique de la pub, celle qui nous vend du rêve et nous donne une image faussée du bonheur.
Côté exercices de style, je retiens Alexandria, dont l'histoire fantastique autour du tatouage est écrite en alexandrins. L'un de mes textes préférés, Rydstonberg, prend la forme étonnante d'un guide touristique. Cette nouvelle permet au lecteur de découvrir les endroits clés de ce village mystérieux, et porte clairement l'empreinte de Lovecraft. Pour ma part, j'aimerais beaucoup visiter ce fameux temple de Klargh, et évidemment la bibliothèque communale qui semble renfermer de dangereux incunables. Et puis il y a l'exercice de steel (comme dans Real Steel, j'ai mangé un clown), avec Toreador, qui m'a peu accrochée (les combats de robots, ça m'éclate pas des masses). Et je suis totalement contre la tauromachie, même avec des robots.
Pour ce qui est des hommages, le titre Inside Sherlock me semble assez éloquent, quant à Là-bas, c'est le petit clin d’œil à Bradbury que j'attendais, avec cependant (heureusement !) une vision bien plus moderne de la femme et des choses qu'elle peut accomplir. L'auteur fait preuve d'une belle sensibilité dans ce texte qui m'a presque mis la larme à l’œil !
Pour résumer, 12 Échos de Neil Jomunsi est un recueil dont les nouvelles, fantastiques et SF, m'ont convaincue par leur qualité, leur sensibilité et leur créativité. Lovecraft plane sur cet ouvrage, et la dimension psychologique du fantastique est parfaitement rendue. La SF n'est pas en reste, entre inventions futuristes et voyages dans l'espace. Un coup de chapeau à l'auteur qui a réussi le tour de force d'écrire une nouvelle par semaine pendant un an. 12 Échos en est un échantillon éclectique qui m'a beaucoup plu !
12 Echos
de Neil Jomunsi
Auto-édition - Janvier 2015
280 pages
Papier : 15,83€ uniquement là
Ta chronique m'intrigue, mais j'hésite à me laisser tenter. À voir.
RépondreSupprimerC'est vraiment bon. Que dire de plus ! ftaghn !
SupprimerC'est vrai que je suis sceptique quant à l'auto édité... mais je surpasse ma petite peur quand il s'agit d'auteurs que j'ai déjà découverts à travers d'autres écrits :) Dis donc, il a l'air de s'être éclaté quant à la diversité des thèmes abordés.
RépondreSupprimeril s'est éclaté, faut dire que sur un an on doit avoir le temps de diversifier les inspirations !
SupprimerJésus contre Hitler devrait te convaincre non ?