Les gens ont parfois des idées bizarres. J'en veux pour preuve Fabien Clavel, qui a décidé, suite à une discussion qu'on soupçonne alcoolisée avec Johan Héliot, d'écrire un roman dans lequel des vieux lutteraient contre les zombies. Cela donne L’Évangile cannibale, publié en janvier chez ActuSF, en papier et numérique.
Mat Cirois est un vieux parano quasi grabataire. Dans sa maison de retraite, le Mouroir comme il l'appelle, toute une galerie de vieilles personnes sont mal traitées, sauf par Chris, un soignant handicapé mental. Mat lui, crache sur tout le monde (au sens propre si je puis dire), et décide de réaliser un journal de bord de ses derniers jours. C'est à ce moment que Maglia, la seule femme de la bande, se transforme en prophète. Elle leur demande de se préparer à vivre retranchés dans le Mouroir pendant 40 jours...
Que de choses à dire sur ce court roman. Tout d'abord, excellente lecture : prenante, qui fait réfléchir, pleine d'humour noir. Un petit récit qui se lit vite et bien avec ses chapitres courts et son style parlé, même s'il m'a fait mal à mon Humanité.
Mat Cirois est un vieux parano quasi grabataire. Dans sa maison de retraite, le Mouroir comme il l'appelle, toute une galerie de vieilles personnes sont mal traitées, sauf par Chris, un soignant handicapé mental. Mat lui, crache sur tout le monde (au sens propre si je puis dire), et décide de réaliser un journal de bord de ses derniers jours. C'est à ce moment que Maglia, la seule femme de la bande, se transforme en prophète. Elle leur demande de se préparer à vivre retranchés dans le Mouroir pendant 40 jours...
Que de choses à dire sur ce court roman. Tout d'abord, excellente lecture : prenante, qui fait réfléchir, pleine d'humour noir. Un petit récit qui se lit vite et bien avec ses chapitres courts et son style parlé, même s'il m'a fait mal à mon Humanité.
Le point de départ "vieux contre zombies" avait de quoi effrayer. Pourquoi confronter des personnes âgées à ces créatures cauchemardesques ? On n'en parle jamais finalement : et les vieux dans tout ça ? Je me rappelle un épisode de Walking Dead dans lequel un gang protégeait les résidents d'une maison de retraite. C'est le seul exemple qui me vienne, et les vieux n'étaient pas acteurs de leur défense. Bref, partant d'une idée improbable, Fabien Clavel a transformé l'essai sans problème, estimant que le zombie est par bien des aspects proche du vieux sénile incontinent.
Le narrateur nous raconte leur voyage au jour le jour, à travers son journal de bord. Vieux parano misogyne, il offre au lecteur un point de vue ultra subjectif, des suppositions quant à l'origine de la contamination, et des réflexions pas piquées des vers. La galerie de personnages séniles qui l'accompagne est savoureuse également, avec entre autres le nazi, l'arabe, le baveux, la folle, l'handicapé mental, celui qui ne s'exprime qu'en citant des chansons françaises, ou encore "Anus artificiel" dont vous devinez ce à quoi il doit son surnom.
On imagine ces vieux en vadrouille dans les rues désertées de Paris, sur leurs fauteuils roulants. Vision étrange, je me suis dit qu'on pourrait en faire une bonne BD.
"Une course poursuite inédite s'est mise en place... Devant : Simon, soixante-cinq kilos tout mouillé, le foie qui lâche, sur son hémiplagia 3000 à propulsion podale de secours... Derrière lui : zombie n°2, carcinome spinocellulaire en ulcération croûteuse, la cheville gauche en vrac..."
On sent bien à la lecture que le texte est construit. On en a la confirmation dans l'interview de l'auteur en fin de livre. Il a choisi de structurer son roman de manière spéciale, je vous laisse découvrir tout cela vous-même ! On retrouve de nombreuses références littéraires, pour celles que j'ai pu repérer, Zola et Hugo par exemple. Clavel en cite pas mal d'autres, distillées dans l’œuvre.
Au fil de l'histoire, j'en suis venue à plaindre les zombies et non plus les vieux, et j'ai fini, à partir de l'épisode du jardin du Luxembourg, par me sentir mal à l'aise, un peu dans une ambiance à la Gueule de Truie de Justine Niogret ou Plop de Rafael Pinedo. Sensation à la fois désagréable et intéressante de se trouver remuée par des scènes si révoltantes.
Pour résumer, L’Évangile cannibale de Fabien Clavel chez ActuSF est un roman post-apocalyptique étonnant : partant d'une idée improbable, il est bien construit, prenant, parfois drôle, souvent noir et pessimiste. Son narrateur particulièrement détestable et son point de vue biaisé donnent tout son sel à cette histoire rapide à lire, moins à digérer. Tout à fait recommandable.
L'avis de My zombie culture, et un concours pour gagner le livre.
Un article de l'auteur au sujet du roman sur son blog.
Les premiers chapitres en ligne.
Un article de l'auteur au sujet du roman sur son blog.
Les premiers chapitres en ligne.
Lecture n°12 dans le cadre du challenge Francofou |
Il est sur ma liste celui-là, vais essayer de le récupérer au travail pour y jeter un oeil !
RépondreSupprimerC’est génial de réussir à innover sur un sujet aussi connu que les zombies ! Il faudra que je le lise...
RépondreSupprimerQuatre ans après tout le monde, je découvre enfin L'évangile cannibale. La sensation de répulsion due à la scène se déroulant aux jardins du Luxembourg m'a fait décrocher du récit. Mais je reconnais objectivement la réussite de l'exercice auquel s'est prêté l'auteur.
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