mercredi 30 janvier 2013

La Porte de Karim Berrouka

Le pitch :
Un nain tout de métal bardé errant dans le désert, deux Loups-Garous philosophes – et une légère crise de foi –, trois femmes belles et mystérieuses, une horde de barbares à l’humour barbare et aux manières barbares, vingt-quatre cadavres presque morts et une pénurie d’allumettes...
Et bien sûr, une porte.
Ouverte ou fermée, grattée, toquée ou explosée, de chêne (massif, renforcé de fer forgé) ou de frêle bouleau, elle est le pivot grinçant de ce petit conte férocement dégondé.

Mon avis :
La Porte est un conte de Karim Berrouka publié dans la collection Novella de Griffe d'Encre.

"La gueule barbouillée de sang, Premier Loup-Garou rugit en se frictionnant le museau.
Deuxième Loup-Garou, affalé sur la table, ventre ballonné et tête renversée, le regardait,
une lueur glauque illuminant d'un éclat sirupeux ses yeux mi-clos.
- J'ai les dents du fond qui baignent."

Absurde et drôle, Berrouka nous raconte l'histoire de deux loups-garous vivant dans une maison au milieu du désert. Ils se nourrissent exclusivement d'hommes d'église. Ils aiment les discussions philosophiques, argumentées et légèrement sans queue ni tête. La bienséance leur tient particulièrement à cœur.

Un soir, on frappe à la porte. C'est le début des ennuis.

Ce texte est étonnant. J'ai d'abord été presque rebutée par le style grandiloquent des dialogues entre les deux loups-garous, tranchant nettement avec leur nature de créatures assoiffées de sang. Mais en persévérant, j'ai fini par les trouver attachants et comiques, voire délicieux.

"Ils hésitèrent un moment entre un débat contradictoire sur la versatilité de l'empan mnémonique chez les dindons [...] et une approche philologique de la dialectologie chez les carpes."

Tous les personnages sont savoureux, des loups-garous à l'inquisiteur, en passant par le nain tout de métal bardé et les BARBARES. Leurs péripéties et les dialogues sont absurdes et surprenants, et on se demande vraiment ce qui attend nos amis derrière la porte à chaque fois que quelqu'un y toque.

La couverture d'Alain Valet est originale dans son interprétation du loup-garou et de l'inquisiteur. On devine d'ailleurs une porte en arrière-plan.

Pour résumer, La Porte est un conte, qui une fois qu'on a réussi à y entrer (!), se révèle drôle, absurde, délicieux. J'ai d'abord cru que le style ampoulé allait me gâcher le plaisir, il n'en fut rien, au contraire, il participe au bonheur de cette lecture. Et je m'y connais en porte d'entrée, puisque je n'en ai pas. C'est peut-être ça le secret ?

Lecture n°11 dans le cadre
du challenge Je lis des nouvelles et des novellas

CITRIQ

5 commentaires:

  1. Je l'ai lu il y a quelques années et je me rappelle l'avoir beaucoup aimé aussi :D

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  2. J'avais aussi beaucoup aimé ces loups-garous. Parfois je pense encore à eux et me demande s'ils persistent à s'entraîner à la projection astrale... Oui, j'ai des préoccupations bizarres.

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  3. Ce qui serait vraiment bizarre, c'est que tu essaies de te projeter astralement :p

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  4. ...et que je réussisse, pour me trouver derechef devant une porte en plein désert.

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