samedi 29 octobre 2011

Julian de Robert Charles Wilson

Le pitch :
Apostat. Fugitif. Conquérant.
Il s'appelle Julian Comstock ; il est le neveu du président des États-Unis.
Son père, le général Bryce Comstock, a été pendu pour trahison (on murmure qu'il était innocent de ce crime).
Julian est né dans une Amérique à jamais privée de pétrole, une Amérique étendue à soixante états, tenue de main de maître par l'église du Dominion. Un pays en ruine, exsangue, en guerre au Labrador contre les forces mitteleuropéennes, pour les dernières ressources naturelles.
Ceci est l'histoire de ce qu'il a cru bon et juste, l'histoire de ses victoires et défaites, militaires et politiques.

Mon avis :

"Ne commets pas l'erreur de penser que parce que rien ne dure rien n'a d'importance."

J'aime beaucoup Robert Charles Wilson depuis la lecture de Spin, ou des Chronolithes. Il propose toujours une SF humaniste, mais aussi pessimiste. Le futur obscur de Julian m'a fait penser à celui qu'il avait brièvement évoqué dans A travers temps. Je me rends compte en y pensant que les futurs de l'auteur ne sont jamais radieux, loin de là.


Robert Charles Wilson nous parle ici d'un futur possible. En fait, il nous renvoie directement dans le passé, un genre de XIXème siècle très noir. Il nous raconte la vie et l’œuvre de Julian Comstock, un jeune aristocrate ("eupatridien") intelligent, curieux et philosophe. Il est le neveu d'un président des Etats-Unis qui veut sa mort, non content d'avoir déjà fait assassiner son père par jalousie et peur d'être renversé.

Après divers événements tels que la fin du pétrole, la pénurie d'eau, de terres arables, etc... le monde a basculé et les conséquences sont nombreuses. Le Dominion, une sorte d'inquisition qui censure et interdit, a mis sous clé les écrits et les savoirs de l'Ancien Temps et pris le pouvoir dans le pays. La disparition de la technologie, le retour des maladies, la famine ont amené certains hommes à accepter un contrat avec les grands propriétaires terriens : leur force de travail contre le gîte et le couvert. A vie. De père en fils. Autant dire que c'est le retour à l'esclavage. Vous l'aurez compris, ce n'est pas vraiment une démocratie que nous décrit Adam Hazzard, narrateur de cette histoire et meilleur ami de Julian.

"- Il a travaillé presque toute sa vie pour Wieland. [...]
Son père l'a vendu à l'usine de Wieland quand sa forge a fait faillite. 
- Wieland a donc le droit de le battre s'il le veut. Cet homme est un bien meuble."

Julian, malgré son rang, a des idées modernes (ou passéistes pour le coup). Il essaie de se cultiver par tous les moyens, souvent interdits. Il est obsédé par les Profanes de l'Ancien Temps (nous quoi !) et leur mode de vie, et surtout par Darwin et sa théorie de l'évolution totalement niée par le Dominion.

"- Les Profanes de l'Ancien Temps se souciaient vraiment de
choses aussi triviales que des cerfs-volants ?
- Si étonnant que cela puisse paraître, Adam, ils ne passaient pas tout leur temps à forniquer hors des liens du mariage, à tourmenter les croyants, à épouser des individus du même sexe qu'eux ou à épouvanter les écoliers avec la théorie de l'évolution"

J'ai d'abord eu du mal à rentrer dans ce récit pour deux raisons. D'une part, le côté post-apo ne m'a pas immédiatement sauté aux yeux. Au fur et à mesure heureusement, il s'étoffe un peu, mais finalement sans jamais prendre toute sa place à mon goût. A certains moments, j'aurais tout aussi bien pu être en train de lire une uchronie sur les États-Unis. Je regrette d'ailleurs d'en avoir su si peu sur les événements, mais c'est le cas du narrateur et donc aussi du lecteur. 

D'autre part, la naïveté de celui-ci commence par être énervante, même si on finit par s'y faire et accepter le personnage, comprenant que le monde dans lequel il a grandi l'a façonné ainsi. Adam (je me permets de penser que ce prénom a une signification !) est un garçon-bailleur, une classe sociale assez basse, et n'a reçu une éducation (qui lui est normalement interdite) que très tard, grâce à Julian. Toutefois cette naïveté excessive pourrait bien être surjouée afin d'éviter à Adam d'expliciter clairement certains aspects "gênants" de la vie de son ami, et permet même quelques traits d'humour qui m'ont fait sourire.
 
Malgré ces deux points, qui pourraient finalement être considérés comme positifs selon les avis, une fois la lecture lancée, difficile de s'arrêter. Robert Charles Wilson a toujours un style aussi efficace et fluide. Les scènes de guerre de tranchées, de batailles sont clairement un attrait du roman (sauf pour ceux qui n'aiment pas ça !), tout comme le côté politique et social de l'histoire. Calyxa, le personnage féminin et féministe, est une femme libre, grande défenseuse (tiens, Firefox me dit que ça ne se dit pas, et me propose "défectueuse". Tu dis n'importe quoi Firefox.) des droits humains. Un vrai plaisir de la rencontrer !

Voilà un roman qui ne manque pas de spectacle et de réflexion.


"Chacun de nos pas résonnait dans les crânes de nos ancêtres,
et j'ai eu l'impression de marcher non sur de la terre, mais sur des siècles."
CITRIQ

2 commentaires:

  1. bon, j'ai hâte de trouver le temps de m'y mettre^^

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  2. C'est bien, tant qu'on ne s'attend pas à un post-apo pur et dur et qu'on supporte le narrateur !

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