dimanche 1 septembre 2019

⭐ La Fille dans la tour de Katherine Arden

"Ainsi, Vassilissa Petrovna, meurtrière, salvatrice, enfant perdue, avait-elle quitté la maison du boqueteau de sapins. La première journée s'était déroulée comme dans une aventure, son passé derrière elle et le monde entier devant."

La Fille dans la tour de Katherine Arden est un roman de Fantasy inspiré de l'Histoire et du folklore russes. Second tome de la trilogie Une nuit d'hiver, il peut se lire indépendamment. Mais je vous conseille de ne pas vous priver du plaisir de lire le premier volume, L'Ours et le Rossignol 💓

Denoël publie ce conte aventureux, poétique et féministe, dans la collection Lunes d'encre.

La cour du grand-prince, à Moscou, est gangrenée par les luttes de pouvoir. Pendant ce temps, dans les campagnes, d’invisibles bandits incendient les villages, tuent les paysans et kidnappent les fillettes. Le prince Dimitri Ivanovitch n’a donc d’autre choix que de partir à leur recherche s’il ne veut pas que son peuple finisse par se rebeller. En chemin, sa troupe croise un mystérieux jeune homme chevauchant un cheval digne d’un noble seigneur. Le seul à reconnaître le garçon est un prêtre, Sacha. Et il ne peut révéler ce qu’il sait : le cavalier n’est autre que sa plus jeune sœur, qu’il a quittée il y a des années alors qu’elle n’était encore qu’une fillette, Vassia. 

Voici enfin la suite de L'Ours et le Rossignol ! J'ai été très contente de retrouver Vassia, dans un tome différent du précédent : plus mobile, plus aventureux, moins horrifique et plus social, avec une intrigue toujours aussi prenante. On est heureux de repartir dans cette ambiance froide et médiévale, à dos de cheval !

Si jamais vous avez envie de lire le premier volume, arrêtez-vous là, c'est plus sûr !

La Fille dans la tour met en scène les créatures fantastiques du folklore russe, tels que le Domovoï, le Bannik, ou Morozko, le démon du gel, avec qui Vassia va tisser une relation encore plus forte. C'est un plaisir de retrouver cet univers traditionnel très riche !

Ce conte initiatique va mener Vassia à travers la grande Rus', sur les traces de brigands sanguinaires, incendiaires et voleurs de petites filles. Toujours accompagnée de Soloveï, son cheval hors du commun, elle va traquer les bandits, mais va devoir se faire passer pour un homme : et oui, en Rus' à cette époque, les femmes sont cloîtrées, et cantonnées à leur fonction reproductrice (youpi.)

Autant vous dire que ça ne plait pas du tout à notre Vassilissa, qui se sent parfaitement l'égale de n'importe quel homme, même face à un prince. J'ai beaucoup apprécié de lire La Fille dans la tour après avoir lu l'édifiant essai féministe de Mona Chollet, Sorcières : la puissance invaincue des femmes. Cette lecture m'a permis de poser un regard différent et éclairé sur le roman, résumé dans cet extrait de La Fille dans la tour :

"Une sorcière. Le mot lui était apparu de lui-même à l'esprit.
C'est ainsi que nous appelons ce genre de femmes, parce que nous n'avons pas d'autre nom."

Sacha, à propos de Vassia, sa petite sœur.

Les carcans sociaux et le poids de la religion imposés aux femmes étaient insupportables dans la Rus' médiévale : elles étaient cloîtrées, couvertes de la tête aux pieds, ne pouvaient sortir sans homme... On comprend vite pourquoi Vassia doit se faire passer pour un garçon. Tant qu'elle agit en tant qu'homme, tout ce qu'elle fait est formidable, courageux, mais en tant que femme, ce n'est qu'une... sorcière dégénérée, pour exactement les mêmes actions. Vous sentez que j'ai envie de botter des culs là ? Au final, faut-il être un homme pour vivre comme on l'entend ? Ce que font les femmes sera-t-il toujours dévalorisé ?

"Seuls les garçons et les imbéciles pensent que le courage est l'apanage des hommes."

Vassia va aussi devoir faire face à son frère Sacha et sa sœur Olga, après la mort de leur père, qu'ils ignorent encore quand elle vient à eux. L'autrice nous donne à voir une famille aimante mais déchirée, mettant ainsi les enjeux familiaux au cœur de l'histoire. Il se pourrait d'ailleurs que quelques ancêtres s'en mêlent...

Avec La Fille dans la Tour, Katherine Arden a encore une fois su construire un roman passionnant, tant par ses idées que par sa plume poétique. L'histoire pleine de magie vous happe dès les premières pages. Un second tome à lire sans modération, indépendamment ou non du premier volume. Le dernier tome, The Winter of the witch (littéralement L'Hiver de la sorcière) est paru en janvier en VO. Vite Denoël Lunes d'encre, la suite !

La Fille dans la tour
de Katherine Arden
Denoël - Lunes d'encre - Août 2019
416 pages
Traduit de l'américain par Jacques Collin
Illustration de couverture d'Aurélien Police
Papier : 21,90€ / Numérique : 15,99€
Titre original : The Girl in the tower - 2017

13 commentaires:

  1. *s'arrête là*
    ...
    *attend*
    ...
    *attend*
    ...
    *se dit que ce n'est pas comme ça qu'il va enfin lire le tome 1*
    ...
    *attend*
    ...

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  2. « Vite Denoël Lunes d'encre, la suite ! »

    Ça vient, ça vient...

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  3. Ben voilà...comment susciter ma curiosité : en m'empéchant de lire ta chronique, puis lire celle du tome 1. Je crois que je vais plonger et me procurer cette trilogie dès la parution du tome 3.

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    1. A mon avis ça t'enchantera !

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    2. Je n'en doute pas, pour que de la Fantasy te plaise, c'est pour moi un signe qui ne trompe pas !

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  4. Je prends ton conseil au sérieux et attaquerai d'abord L'Ours et le Rossignol :) (et reviendrai donc pour lire ta chronique en temps et en heure, merci pour l'avertissement en milieu de billet)

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    1. De rien, je fais attention quand je chronique des suites ! Je préfère prévenir au début et pouvoir spoiler clairement après lool

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  5. Aaaaaah j'ai tellement envie de le lire! Mais je vais devoir m'armer un peu de patience (et d'économie surtout ^^). J'avais adoré le premier et j'ai aussi lu l'essai de Mona Chollet entre temps donc ça promet une belle expérience.

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    1. Ah je pense que tu apprécieras, surtout après la lecture de Sorcières !

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  6. Beaucoup aimé aussi. Ca fait plaisir de lire des romans qui nous emportent comme ça. Je sais pas s'il m'en restera grand chose d'ici quelques années mais rien que d'avoir l'envie le matin de lire le livre au lieu de sortir mon téléphone dans les transports, ça m'a fait plaisir ^^

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    1. Je te rejoins, gros plaisir de lecture avec Katherine Arden !

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