mardi 17 avril 2018

Ça de Stephen King

Quel enfant des années 80 n'a pas tremblé devant l'adaptation en téléfilm de Ça de Stephen King ? A l'occasion de la sortie du nouveau film (cinéma cette fois), j'ai décidé de me plonger dans ce roman culte du King publié en 1986. En version audio ! C'est donc parti pour 46h d'écoute (même pas peur).

Enfants, dans leur petite ville de Derry, Ben, Eddie, Richie et la petite bande du "Club des ratés", comme ils se désignaient, ont été confrontés à l'horreur absolue : ça, cette chose épouvantable, tapie dans les égouts et capable de déchiqueter vif un garçonnet de six ans...

Vingt-sept ans plus tard, l'appel de l'un d'entre eux les réunit sur les lieux de leur enfance. Car l'horreur, de nouveau, se déchaîne, comme si elle devait de façon cyclique et régulière frapper la petite cité. 

Le livre

Pour rappel, l'intrigue se déroule en 1957-1958 pour les enfants, puis 27 ans plus tard, soit en 1985 pour les adultes. C'est dans ce roman qu'apparait pour la première fois la ville fictive de Derry, qui reviendra plusieurs fois dans les intrigues du King. Elle est dernièrement apparue dans 22/11/63, le personnage principal y passe pendant son périple dans le temps, en 1958, juste après les événements de Ça.
première couv' française du roman 1988
Toute l'enfance et le passage à l'âge adulte sont condensés dans ce livre "d'horreur mais pas que". Évidemment connaissant Stephen King, il y a toujours beaucoup plus derrière cet effrayant récit !

La nostalgie de l'enfance et d'une Amérique disparue transpirent de ces pages, mais le King, comme à son habitude, garde un œil critique sur ce passé, à travers les personnages de Mike (racisme) ou de Beverly (patriarcat), mais aussi par l'attitude des adultes face aux enfants. Il a également un regard critique sur les années 80, contemporaine de son écriture, puisqu'il commence son roman en dénonçant un crime homophobe à Derry. On le reconnait bien là !

J'ai particulièrement apprécié les intermèdes de Mike, racontant les événements étranges survenus à Derry au fil des décennies, grâce à des témoignages qu'il a patiemment recueillis. J'ai aussi aimé en apprendre beaucoup plus sur les personnages et leur psychologie que dans les adaptations ciné.
Derry, Maine (cliquez pour agrandir)
Les adaptations cinéma

Il y a du fidèle mais aussi de l'arrangé dans les deux versions filmées. La toute première, celle des années 90 "Il" est revenu de Tommy Lee Wallace, n'est pas si éloignée que ça de la vérité au final, mais limitée par les moyens de l'époque (tant techniques que financiers probablement). Cela dit elle propose de belles scènes adaptées pas à pas, comme Beverly qui retourne dans la maison de son enfance et boit un thé avec une personne qu'elle pense être une vieille femme. Pour l'anecdote, dans l'adaptation de 90, son thé se révèle être du sang, mais dans le livre c'est bel et bien de la merde !
version 90's
Dans la version la plus récente, celle d'Andres Muschietti, l'intrigue est transposée dans les années 80. Du coup les adultes évolueront à notre époque. Auront-ils des téléphones portables ? Chercheront-ils des infos sur internet ? J'avoue que je suis curieuse de le découvrir ! En tous les cas, cela donne lieu à l'impressionnante scène des diapos, bien bien flippante (heureusement que je ne l'ai pas vu au cinéma ni en 3D !!)

Dans les deux versions, pour le moment, on a un peu mis de côté la dimension mystique (voire cosmique, c'est très Lovecraftien en fait) de l'histoire pour garder l'horreur. Mais Ça ne vient pas de nulle part, il représente le Mal dans une lutte éternelle entre le Bien et le Mal que met en scène Stephen King dans nombre de ses romans. Un pouvoir étrange aide les enfants, contrebalançant la puissance maléfique de Ça dans le livre... Ils sont guidés par la Tortue, dont on parle pas mal dans la seconde adaptation, donc j'ai bon espoir pour le prochain film. (La Tortue étant la gardienne d'un Rayon dans La Tour Sombre, pour ceux qui suivent !)

version 2.0 (ce qui me stresse le plus : ses yeux qui partent en cacahuète !)
Il y a des choses quasi-impossibles à mettre à l'écran dans ce roman. Comme toujours l'univers de King est si riche que tout ne peut y être et puis certains points sensibles (notamment sexuels même si l'on comprend bien qu'ils sont plus là pour la métaphore) ne peuvent pas vraiment être abordés de front si on veut toucher un large public (oui les gens sont plus préparés à voir des démembrements - Bonjour Georgie ! - que la chose à laquelle je pense, ceux qui ont lu sauront). Je suis cependant curieuse de voir la suite de la nouvelle version, avec les adultes (James McAvoy jouera Bill et Jessica Chastain Beverly à ce qu'on annonce) et les flashbacks.

Pour moi pour l'instant, la seconde version est certainement la plus jolie mais pas la plus fidèle à l'instant T (attendons le second volume pour juger) même si King semble beaucoup l'aimer, ce que je peux comprendre tout de même car d'autres passages-clés du roman ont été gardés ! 

A vrai dire, je déplore essentiellement le rôle de Mike :
  • Orphelin dans le film alors qu'il a les parents les plus sympas et de loin dans le roman (certes cela permet de mettre en scène un incendie qui existe dans le roman, mais arrive dans la jeunesse de son père, qui s'en sort)
  • Déscolarisé dans le film alors qu'il va à l'école Baptiste, une école certes différente des autres membres du club mais il y va tout de même. Normalement il devient bibliothécaire et mémoire de tout le groupe je le rappelle. C'est aussi le seul à rester à Derry.
Je suppose que ça permet de faire passer le volet racisme du roman d'une autre façon mais c'est dommage de mon point de vue, c'est un peu réduire le personnage à un cliché... raciste. J'espère qu'il va devenir bibliothécaire tout de même, car pour l'instant c'est Ben qui a fait tout le boulot de recherche sur le passé de Derry. 

Enfin bon, tout ça pour dire que j'ai pris beaucoup de plaisir à découvrir enfin cette œuvre culte de King autrement que par le biais d'un écran ! Ça est bien un roman clé du King, qui va bien plus loin que le simple roman d'horreur. Encore une fois, l'auteur décortique et critique la société américaine passée et contemporaine avec son talent habituel. Que du bonheur !

Ça
de Stephen King
Albin Michel - 1988 (première édition)
Le livre de poche - 2017 (dernière édition)
628 + 506 pages
Traduit de l'américain par William Olivier Desmond
Intégrale poche : 17,50€ / Numérique : 9,99€ par tome (deux)
Titre original : It - 1986

4 commentaires:

  1. Je me rappelle encore quand je l'avais lu, je devais avoir 16 ans, et j'en avais tremblé sous ma couette ^^
    Je n'ai pas encore vu la nouvelle adaptation, mais j'ai toujours beaucoup aimé la 1ère.

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    1. Par une erreur de ma grand-mère (vive les années 80) je l'ai vu à 12 ans. Et mon frère à 9 le pauvre lool il déteste les clowns

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  2. Je n'ai pas vu (Et je ne verrai pas) ce film : je suis bien trop trouillarde ! (Mes commentaires sont-ils répétitifs ? Oui.)
    Et pour le livre, je suis serrure je passe à côté d'un truc, alors je trouverai peut-être le courage un jour. Mais j'ai beaucoup trop peur d'avoir peur pour le moment, ahah.

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