jeudi 2 août 2012

Le ParK de Bruce Bégout

Le pitch :
“Peut-être est-il temps de dire, à ceux qui ne l'auraient pas déjà compris, en quoi consiste exactement Le ParK ? Le principe en est très simple. Son concepteur a voulu rassembler en un seul parc toutes ses formes possibles. Le ParK associe ainsi, en une totalité neuve, une réserve animale à un parc d'attraction, un camp de concentration à une technopole, une foire aux plaisirs à un cantonnement de réfugiés, un cimetière à un Kindergarten, un jardin zoologique à une maison de retraite, un arboretum à une prison. Mais il ne les associe pas de manière à ce que chacun de ces éléments maintienne son autonomie et continue de fonctionner à part. Il les combine entièrement, joint tel caractère à tel autre, jette des ponts, mélange les genres, confond les bâtiments, agrège les populations, intervertit les rôles.”

Mon avis :
C'est tout autant un parc d'attractions que de répulsions.

Le ParK de Bruce Bégout, aux Editions Allia, paru en 2010 est une fiction présentée sous forme de documentaire. Assez inclassable, je dirai que ce bouquin relève de la dystopie. Il est court, ses chapitres le sont aussi, et l'auteur nous offre une description sélective du ParK.

Créé par un riche homme d'affaires russe, et réalisé par un architecte misanthrope, le ParK se situe sur une grande île, et n'accueille que 100 visiteurs par jour. Ceux-ci déboursent 25 000 dollars pour la balade.

Le Park regroupe toutes les sortes de parcs que les hommes ont pu inventer. Et par parc, l'auteur entend surtout parcage. Car plus qu'une critique de notre société de consommation et des visiteurs de Disneyland, ou de la trash tv, c'est aussi une énumération de tout ce que l'humain a pu penser de pire pour parquer les animaux mais aussi ses semblables. En vrac : les camps de concentration, les zoos, les camps de réfugiés, les casinos, les ghettos, les usines... Il n'existe aucun plan pour se repérer.

Le besoin de délimitation configure notre être au mépris de notre désir d'infini.

Nous n'apprendrons pas grand chose sur les personnes prisonnières de ce ParK, ni d'où elles viennent, ni pourquoi elles sont là. Je trouve ça dommage, et en même temps, ce serait difficile à expliquer non ? Car le ParK est censé exister dans notre monde. On y rencontre même une espèce cannibale.

Ce petit livre révoltant, glauque, dénonce tellement de choses sur les travers humains qu'il serait impossible de tout citer : fantasmes secrets, consumérisme, besoin de contrôle, sadisme, masochisme, indifférence, voyeurisme... En tout cas, il pose question, sans aucun doute.

Bien sûr, après la parade, n'oubliez pas de passer dans la boutique de souvenir en partant, si vous repartez...

Viennent tout d'abord les enfants estropiés des guerres post-coloniales qui, engoncés dans leur smoking, agitent dans l'air encore suffocant du crépuscule leurs moignons mal cicatrisés d'un vert glaireux, puis des bagnards suant et claudiquant suivent des figurines animées de fées aux visages disproportionnés...


CITRIQ

4 commentaires:

  1. C'est bien possible, d'autant que tu auras certainement des références philosophiques qui m'ont manqué !

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  2. Ouh la la, il doit mettre mal à l'aise ce livre !!!

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  3. Ça m'a l'air bien tordu comme bouquin. En tout cas j'aime beaucoup la couverture.

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