jeudi 2 mars 2017

Les Filles déchues de Wakewater de V.H. Leslie

Les Filles déchues de Wakewater de V.H. Leslie est un court roman paru chez Denoël dans la collection Effroi. Entremêlant deux époques, cette novella parle des femmes, de la symbolique de l'eau... et fait froid dans le dos !

Londres, époque victorienne. Le sanatorium de Wakewater est une sinistre bâtisse située sur les bords de la Tamise qui accueille les jeunes femmes dépressives. On retrouve régulièrement des cadavres de noyées échoués à proximité… 
Londres, de nos jours. Délaissé pendant des années, Wakewater a été transformé en immeuble dernier cri. C’est ici que s’installe Kirsten, à la suite d’une rupture. Elle espère y trouver la paix, grâce au calme réparateur de la Tamise. Au fil des jours, la jeune femme devient de plus en plus obsédée par les secrets que recèle l’ancien sanatorium. Et si les noyées de Wakewater n’avaient pas dit leur dernier mot ? 

Les Filles déchues de Wakewater de V.H. Leslie est un texte court et pourtant j'ai beaucoup à en dire ! 

C'est une histoire effrayante : un immeuble victorien rénové se révèle avoir été un sanatorium où l'on "soignait" exclusivement des femmes par des hydrothérapies en tout genre, perdu au milieu de la campagne et tout au bord de la Tamise. Dans cet ensemble d'appartements, seuls deux sont occupés, par deux femmes. Kirsten, qui vient d'emménager, pense apercevoir une femme au bord du fleuve. Elle a aussi des fuites au niveau de sa chambre : de l'eau coule de son plafond... En parallèle, dans le passé, on suit une patiente du sanatorium qui découvre les méthodes des médecins (hommes évidemment) de Wakewater, et tente de se lier d'amitié avec les autres "malades".

L'atmosphère est vite oppressante dans cet espèce de huis-clos entre le bâtiment et les abords du fleuve. Un enfermement au grand air finalement, propice au mystère !

Le livre aborde des thèmes féministes : dans le sanatorium ne sont traitées que des femmes, certaines en dépression suite à la perte d'un bébé, une autre parce qu'elle ne trouve pas de mari (et pour cause, elle est n'est pas très intéressée par les hommes), bref de pauvres bonnes femmes hystériques comme on le pensait à l'époque... Le fleuve quant à lui charrie les cadavres des prostituées qui n'ont plus pu supporter leur vie. 

Il y a un petit côté fantastique traditionnel, épouvante classique. L'auteure manie la mythologie autour de la femme et de l'eau. On pense aux sirènes, on pense à l'eau comme miroir, comme frontière entre la vie et la mort, mais aussi comme un symbole de liberté. Du coup, il y a tellement de symbolique, que je me dis que le texte aurait pu être bien plus développé et l'intrigue plus fouillée. Cela reste un beau texte malgré tout, engagé, dont le titre original est parlant : Bodies of water.

"For me, the water represents female independence and autonomy, a safe harbour for women in a man-made world." V.H. Leslie sur son blog. (pas si safe que ça pour certaines, hum)

Pour résumer, Les Filles déchues de Wakewater de V.H. Leslie est un court roman paru chez Denoël dans la collection Effroi. Entremêlant deux époques, cette novella parle des femmes, de la symbolique de l'eau et fait froid dans le dos ! Le récit aurait pu être plus développé et l'intrigue plus fouillée mais cela reste un beau texte malgré tout, féministe, engagé, effrayant.
Les Filles déchues de Wakewater
de V.H. Leslie
Denoël - Collection Effroi - Février 2017
160 pages (aérées)
Traduit de l'anglais par Mélanie Trapateau
Papier : 18,50€ / Numérique : 12,99€
Titre original : Bodies of water - 2016

3 commentaires:

  1. J'ai déjà les foins rien qu'en lisant ta chronique. Je note le titre pour mon prochain bain.

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  2. Il a l'air franchement cool ce recueil, je le note !

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  3. Intriguant, faudra que je vois s'il croise ma route en bibliothèque.

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